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mardi 11 février 2014

Le transport Mod-all

Dans le cadre de la campagne des beaux nez rouges : "pas de CO2, pas de taxes"


Exemple d'une initiative bretonne du secteur de l’Economie sociale et solidaire
Le transport mod-all  
D’après de récentes données, le trafic automobile est responsable de 94 % des émissions de CO2 en France, dont 27 % affectées aux poids lourds. Les répercussions de ces gaz toxiques commencent à être révélées notamment par des études sur la santé ou en lien avec les réchauffements climatiques.
L'Ile de Sein et la montée des eaux
Par ailleurs, de nombreux scientifiques font observer que les réserves naturelles exploitées pour les énergies fossiles ont atteint leurs sommets (pic du pétrole) et commenceraient à décliner.
Devant ces constats, de nombreuses initiatives sont entreprises pour favoriser d’autres alternatives au tout pétrole, et notamment dans le secteur du transport. Certes, ces initiatives s’apparentent à de l’expérimentation ou font appel à des modes de transport aujourd’hui désuet (cabotage avec de vieux gréements). Ce serait sans compter sur l’engagement des porteurs de ces projets d’aller au-delà de ces apparences.
Le biche, opération de transport à la voile , nov 2013
D’une part, La Bretagne présente la particularité géographique d’être baignée par la mer sur 3 côtés, avec à sa disposition de nombreux petits ports encore en état. La Bretagne dispose également d’un vivier de performance dans bien des domaines liés à la mer (recherche, technologie, formation,…). Pour autant la filière pour accéder aux devoirs de vigilance environnementale reste à monter. Les investissements sont fléchés par l’Ademe (voir son plan à manifestation d’intérêt – Navires du futur) ou par l’Europe via des fonds européens (Fonds européen de développement régional, Feder) qui restent à préciser dans la mise en application en Bretagne autour des projets de transition écologique. De même que pour le Pôle de compétitivité « Pôle Mer Bretagne » les enjeux, en termes de « navires du futur », sont ciblés mais semblent être voués à un développement lié à la plaisance, la pêche,… à défaut d’avoir des projets d’envergure autour du fret local de marchandises. 

Ces dispositifs souffrent malgré tout d’un handicap majeur qui est de s’adresser à la macro-économie rendant complexe l’accès à ces financements à des porteurs de projet en cours de montage de filière.
Le territoire breton comporte d’autre part, un maillage exceptionnel de plus de 1000 km de voies vertes. Le canal de Nantes à Brest est une voie d’acheminement et de halage opérationnelle et entretenue. Relier l’ensemble de ces voies de dessertes favorise la création et le développement du transport que l’on appelle multimodal.
Qu’est ce que le « transport multimodal » ?
Il s’agit de l’acheminement de marchandises par au moins deux modes de transport successifs. Une partie du trajet peut ainsi être réalisée par la route, l’autre par voir maritime, fluviale ou par le rail. (D’après la définition du Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie, mise à jour en Mars 2011). Cette définition peut être élargie.
Qu’est ce que le « transport Mod-all » ?
Livraison de la Biocoop de Plougastel, nov 2013
Il s’agit de mettre en application les principes de transition par l'adoption de méthodes de transports doux, mais aussi de s'engager vers la généralisation de mouvements vertueux à partir d'axes de dessertes différents de la route (maritime, voie verte, rail, fluviale) en s'appuyant sur l'innovation technologique qui permet de se détourner des énergies grises (vélique, électrique, solaire, traction animale,…). Les modes de transport doux sont légions et complémentaires. Complémentaires car l’acheminement d’une marchandise (ou d’une personne, ou d’un service ou de la culture et de l’art,…) ne se limite pas à un mode transport vertueux puis utiliser un autre moyen qui le serait moins. L’ensemble des déplacements repose sur un seul objectif de cohérence. L’expérience passée par l’organisation de transport à la voile limitait le trafic à une bande côtière ; livrer de la marchandise en Bretagne intérieure obligeait à louer les services d’un transporteur routier avec en corollaire une incidence sur l’objectif de réduction des émissions de CO2. Grâce à cette complémentarité les principes de cohérences défendus par transport mod-all  permettront de ne pas s’éloigner de cet objectif.
Pour prouver que des acteurs bretons sont déjà attentifs à ces dispositifs, un projet de transport multimodal, à l’initiative, une nouvelle fois, d’Ingalañ Bro Brest,  et de transport Mod-all de David Derrien (dit dédé l’Abeillaud), est en cours pour Mai 2014.
Les Bretons qui voient loin dans la voie verte, savent que la région Bretagne est l’échelon pertinent pour porter les principes de transition. Elle doit comme nous tous prendre ses responsabilités et intervenir pour s’assurer de la pérennité de ces engagements qui ont du sens.  Pour autant c’est l’ensemble des économies vertueuses qui doit se mobiliser pour assurer la rentabilité de ces orientations, afin de garantir des emplois « verts » et un juste partage des richesses dans un dispositif égalitaire (1 homme = 1 voix). C’est cela l’Économie sociale, solidaire et écologique. C’est cela la voie de l’avenir.
La transition est en marche vers un changement de paradigme. Elle est un bien nécessaire. Elle ne se fera pas dans le chaos, ni dans l’illusion, mais dans la régularité, à la seule condition de l’accompagner efficacement et durablement.


lundi 10 février 2014

Un bobo nez rouge



Suite à la publication sur les réseaux sociaux et sur des sites d’informations de la création du bocal des « beaux nez rouges », initiative citoyenne de contre-récolte au pseudo soulèvement des Bonnets rouges, des représentants de ce mouvement sur Brest ont trouvé amusant d’appeler aux représailles sur la personne d’un de ses fondateurs, David Derrien dit dédé l’Abeillaud. « J’ai déposé une information judiciaire en gendarmerie contre un représentant des bonnets rouges de Brest, afin de protéger nos personnes et contrôler les débordements ».

La contre-récolte des Beaux nez rouges, regroupant déjà plus de 30 personnes dont le clown activiste Jean Kergrist, c’est promouvoir l'agriculture paysanne, une politique de l'eau, garantir un maintien de la biodiversité, le développement d'un transport différent, de parler de santé et de botanique, de veiller à la libre circulation des semences, aux ressources maritimes, de dénoncer l'accaparement des terres,...).

Les « beaux nez rouges » ont pour principe d’être un antidote burlesque pour démonter la supercherie historique du mouvement des bonnets rouges, menée par l’intérêt partisan et l’absence de prérogatives environnementales au service d’une agro-industrie polluante, en déclin sur le plan social.

De ce fait, Dédé l’Abeillaud s’interroge sur le caractère de respect d’autrui et d’ouverture à la critique de ce mouvement « j’ai demandé aux administrateurs du groupe sur les réseaux sociaux de publier des précisions sur des propos diffamants. J’ai proposé à la personne incriminée d’appeler au calme. Ces demandes sont restées sans réponses». Le rejet  de se voir caricaturer pacifiquement par l’exposition de personnes avec un nez rouge témoigne d’un état d’esprit réactionnaire et belliqueux.

jeudi 6 février 2014

Une Voie verte voit loin



Opération de transport à la voile – Bretagne – Novembre 2013
Rédaction : Stéphane Guichen (entrepreneur breton)

   Un an après la première tournée sud-armoricaine du Leenan Head (opération de transport à la voile à l’initiative de David Derrien, d’Ingalañ Bro Brest), nous remettions le couvert pour un Nantes-Roscoff, toujours mené par Ingalañ Bro Brest et orchestré par Towt,  mais cette fois-ci à bord d'une des légendes des côtes bretonnes, le Biche. Cet ancien dundee thonier de Groix abandonné à son triste sort pendant des décennies a été remis à l'eau en 2010 par les chantiers du Guip de Brest, grâce à l'acharnement d'une association de passionnés et au soutien de toute une région.  L'objectif était toujours le même : pérenniser la ligne sud-nord Bretagne à la voile et l'inscrire dans la régularité.

   Le « climat psychologique » de l'opération était un peu différent de l'an passé cependant car nous étions en pleine ébullition « Bonnet Rouge ». Or dans cette affaire-là les questions de transport ont été centrales et les camionneurs au cœur de l'agitation. Il est clair que le « modèle agro-industriel » breton, devenu aujourd'hui un contre-modèle criant, repose sur trois piliers : la concentration des investissements au mépris des normes environnementales, l'absorption massive de subventions françaises et européennes, enfin une offre de transport, la meilleure marché possible. Faute de quoi le bassin de production breton se retrouverait pénalisé face à d'autres régions moins éloignées de Rungis et des grands centres de consommation. Le barrage serré opéré par ces trois secteurs puissants leur a permis de bloquer le mouvement politique et législatif en essayant de reprendre la main (pacte d'avenir régional signé par Ayrault en décembre, loi d'avenir pour l'agriculture en cours d'examen et, bien sûr, suspension temporaire de l'éco-taxe). Le voyage à bord du Biche semblait donc une modeste goutte d'eau dans un océan de gazoil.

   Il semble néanmoins que nous allons assister au renversement de la tendance dans les mois qui viennent et ce pour au moins trois raisons. Tout d'abord parce que les consommateurs et même la population dans son ensemble se sentent de plus en plus concernés par un tout autre discours : celui de la relocalisation des productions, et donc des emplois, de leur qualité environnementale, de leur lien à la terre et au climat. En un mot de leur(s) « sens ». Nous sommes de plus en plus nombreux à ressentir cette attente, à la voir se structurer et à essayer d'y répondre.  Or ce marché local, conscient et exigeant, non négligeable en termes économiques, finira nécessairement par peser sur le « modèle » dominant et à en faire chuter des pans entiers.

Assemblée à l'Institut de Locarn
   Deuxième raison d'espérer, le fait que les lobbies patronaux ont dû tomber le masque de manière brutale pour faire pression sur l'Etat. Derrière tous les slogans cherchant à faire vibrer les cordes bretonnes sensibles (« Vivre et travailler au pays », du gwenn-ha-du en veux-tu en voilà, kartelloù e brezhoneg et, bien sûr, LE bonnet) nous avons bien fini par entendre, de manière tout à fait claire : « Continuer à faire des profits sur le dos du pays » et surtout ne pas toucher à la bonne vieille machine à sous. Le classique chantage à l'emploi relayé à pleines pages par les médias régionaux et nationaux et la grande gueule de Troadec n'ont pas suffi à brouiller la piste du pognon. Les membres de l'Institut de Locarn ou de Produit en Bretagne, présidé pendant des années par le transporteur Jean-Jacques Le Calvez, ont mis leurs ouvriers précarisés dans la rue en les menaçant autrement de les mettre à la rue. La manipulation était patente et pathétique. Elle visait à rejeter la faillite du système sur l'Autre, les technocrates parisiens ou bruxellois, l'égorgeur de cochons polonais ou roumain peu importe. A ceci près que les scandales Doux, Tilly, Gad, Marine Harvest n'ont rien à voir avec l'écotaxe. C'est bien de mauvaise gestion dont il s'agit, de gabegie, c'est-à-dire de« gestion financière défectueuse ou malhonnête, de gaspillage » (Larousse).

   Malgré les contre-feux, les hérauts de la défense de l'emploi en Bretagne sont apparus sous leur vrai jour : des gens appartenant à une époque dépassée, décrédibilisés, proposant du neuf avec du vieux. De mauvais managers manquant de vision, des fossoyeurs. Et par dessus le marché des gens qui se sont gavés pendant des années et qui hurlent comme des  gorets parce que ça semble vouloir s'arrêter. Le tout alors qu'une part de plus en plus grande de la population rame pour boucler ses fins de mois. Et qu'une autre part, encore à l'aise, se demande à quelle sauce elle sera mangée demain et qui réfléchit sérieusement, tant qu'elle n'est pas encore dans l'urgence et la précarité.

   Ce qui nous amène à notre troisième point de rupture, à savoir la traduction politique de tout cela. En dehors des Verts les propositions de changement sur le fond ne sont pas légion, le vote et les commentaires sans illusion sur le « plan d'avenir » de Région en est une bien triste illustration. Une chose est sûre en revanche, c'est que les hommes et les femmes politiques bretons, à commencer par le PS ultra-dominant, ne sont plus aux ordres exclusifs de la Fnsea et des syndicats patronaux. Entre la prise de conscience des électeurs informés par un réseau serré d'associations citoyennes et la « décrédibilisation » d'une partie des « barons », le tout sur fond de crise sévère, la Sainte Alliance est en train de craquer. Pas de manière frontale ni spectaculaire, non (il suffit de regarder la photo de famille lors de l'inauguration de la place Alexis Gourvennec à Henvic dans le Finistère il y a quelques semaines...). Mais à la marge. On parle de plus en plus d'économie sociale et solidaire et quelques bons projets ont pu trouver des appuis. Les politiques publiques régionales et locales autour de l'eau, de l'énergie, de l'urbanisme, de la santé,… sont âprement débattues.

   Une nouvelle vision à moyen-long terme de la société et de la région est en train d'émerger, lentement mais sûrement, et l'épisode des « beaux nez rouges » en marque selon moi le « coming out ». Ce que j'aurais aimé voir jaillir en 2012 avec la mobilisation contre l'aéroport de ND des Landes (encore et toujours les questions de transport et de terres !) s'est finalement produit dans d'autres campagnes, plus à l'ouest. La ligne de fracture est ouverte et le discours dominant, désormais sur le déclin, apparaît pour ce qu'il est en substance c'est-à-dire réactionnaire. Il n'incarne plus la modernité, l'efficacité, ni la sécurité dont les sociétés pensent avoir besoin. 

   Les langues se sont déliées, le débat à armes égales vient de commencer qui verra émerger une nouvelle logique dictée par la raison et la nécessité. Avec deux mots d'ordre capables de rassembler les femmes et les hommes d'horizons très divers désireux de sortir de l'ornière:une Bretagne solidaire et durable.