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dimanche 23 août 2015

Phyto épuration : focus sur le fécal

C'est à travers l'exemple qui va suivre que le constat apparaît encore plus accablant : l'immobilisme politique en matière d'environnement est un indicateur flagrant de l'absence de volonté locale d'emprunter les chemins vertueux de la transition écologique pourtant plus que jamais nécessaire. C'est aussi parce que l'association "A quoi ça serre" s'est saisie du projet de restructuration de la station d'épuration de Plougastel-Daoulas (29) que ces évidences sembleraient devoir se matérialiser en faveur de changement profond et passif à l'instar de décisions coûteuses, polluantes et inefficaces. Mais le cas de la commune est bien plus symptomatique d'une gestion générale des deniers publics inappropriés quand il s'agit de rompre avec des habitudes d'attribution des marchés publics à ceux-là mêmes qui font la pluie et le beau temps comme la compagnie des Eaux du Ponant, fervent partisan du bétonnage et du tuyautage pour justifier son statut faussement appelé "Société publique locale" et conserver une exclusivité autour du profit de l'eau, la rendant incontournable techniquement. La duplicité entre la capitalisation de l'argent public et le politiquement complaisant ne fait pas de doute. La recherche d'une économie des moyens n'est pas à l'ordre du jour, il faut avant tout rentabiliser l'activité du maître d'ouvrage unique afin de garantir un système orienté, engagé dans un tourbillon de dépenses non maîtrisées puisque de plus en plus gigantesques, avec en sus la fâcheuse propension à dévorer de l'espace (Quand on pense aux ressources mises en oeuvre au départ pour expliquer ensuite que les coûts prévisionnels ne seront pas ceux initialement prévus, il y a de quoi effectivement avoir le vertige).
Installation qui a obligé à l'abattement d'une ligne d'arbres anciens. Utilité écologique ?



















Le cas de figure de la station d'épuration de la commune n'échappe pas à la règle. Des millions d'euros des contribuables seront déversés dans l'anse de la rivière du Caro, à travers la construction d'un émissaire (tuyau), au demeurant loin de régler les problèmes des restachoù fécaux selon un agent assermenté de la police de l'eau (Onema) qui avoue dixit : "Le caro est de toute façon foutue". Si le dicton dit que l'argent n'a pas d'odeur il ne s'applique pas à Plougastel où il sent la flatulence.
Pourtant, des élus locaux, trop rares et certainement moins dispendieux que le maire de Plougastel, ont fait le choix de la "maîtrise des dépenses" dans la durée. Confrontés au scepticisme, à la mauvaise foi, à la passivité ou au laisser faire, les adhérents de l'association n'ont d'autres choix que d'exposer des cas de figure de gestion communale réfléchie qui fonctionnent. Suite à l'initiative de Béatrice BREDEL, adhérente d"AQCS" qui a rencontré Jean-François BOISARD, maire d'une commune de l'Yonne, Saint Privé (89), l'association entend démontrer que le passage à des actes vertueux n'a rien de démesuré, certainement pas issus de pensées oniriques.
Station d'épuration de St Privé, visite guidée par une adhérente d'A quoi ça serre
De même que St Privé, chaque commune dépend d’une agence de l’eau spécifique en fonction du bassin versant, c'est-à-dire le fleuve ou la rivière... dans lequel va être rejetée l’eau pure issue de la STation d'EPuration (STEP). Celle de St Privé, qui a 12 ans d’ancienneté (dimension 300 m2), a été mise en oeuvre par l’agence de l’Eau de Seine-Normandie. Auparavant la commune disposait d’une STEP classique qui assainissait les eaux usées de 150 foyers. Dans l’hypothèse d’une augmentation du nombre d’habitants la STEP a été dimensionnée afin de pouvoir subvenir à l’assainissement des eaux usées de 300 foyers.
Le site de phyto-épuration se situe à 500 mà vol d’oiseau du village. Il est composé de 2 bassins principaux et d’un dernier bassin excentré où pousse des roseaux.Toute la station fonctionne de façon autonome mais nécessite un suivi régulier. Tous les deux/trois jours un basculement des valves est programmé. Il s’agit d’orienter les eaux usées vers des répartiteurs (tuyaux inox). Cette opération s’effectue en quelques minutes, mais permet surtout à l’employé municipal de vérifier le bon fonctionnement de la station.
Il passe à peine 1/2 d'heure sur le site. Une fois par an, à l’automne, la coupe des roseaux se fait de façon manuelle, et non pas mécanique, afin d'éviter d’abîmer le réseau de tuyaux inox qui, eux, répartissent les eaux usées sous les végétaux.
Le fonctionnement se résume à amener les eaux usées dans le premier bassin. L’eau épurée une première fois se déverse dans le second bassin, où elle finit d'être assainie. Un troisième bassin retient l’eau qui est rendue pure au fossé.
En raison de la position géographique du village qui se situe en bordure du Loing, c’est à dire en aval, il a fallu investir dans des pompes de relevage.Tous les réseaux ultérieurs ont pu être conservés. L’eau provenant des habitations est stockée en utilisant les infrastructures existantes (bassins) de l’ancienne stationLe contrôle de l’eau rejetée est effectué tous les 3 mois par l’Agence Régionale de la Santé, et en fonction de l’équilibre biologique une prime symbolique au résultat est attribuée (1000 euros/an).

Les coûts engendrés à la mise en œuvre ainsi qu’à l’entretien et l’usage
Une grande partie de la mise en œuvre a été subventionnée par L’agence de l’eau permettant :
- de procéder à l’achat d’un terrain (un terrain en dénivelé a permis d’économiser sur le terrassement), 
- de creuser des bassins, 
- de mettre en place des tuyauteries,
- d'acheter des roseaux.
La municipalité a dû toutefois investir dans 2 pompes de relevage de 6000 euros chacune (investissement indispensable en raison de la position géographique du village) dont une pompe installée pour la configuration maximale à 300 foyers. En 12 ans la municipalité a seulement racheté une centaine de roseaux de remplacement. Les coûts liés à l’entretien sont donc pratiquement inexistants.
La question de la phyto-épuration s’est posée dans la commune lorsque la station classique avait besoin d’être redimensionnée (agrandie). Selon le maire de St Privé : "Toutes les communes alentour ayant opté pour un agrandissement classique sont en déficit sur les questions d’épuration, tandis que St Privé ne l’est pas". 
Sa conclusion ne souffre pas d’ambiguïtés. « Il s’avère en dernier ressort que le choix d’une méthode d'assainissement n'est pas un choix économique pour tel ou tel système, car les coûts sont sensiblement les mêmes, mais relève avant tout d’une politique environnementale volontariste».



mercredi 5 août 2015

Le film plastique fait son show

Berge de l'Elorn - Plougastel-Daoulas


// Prod est une association qui entend sortir des sentiers battus pour mettre la création militante au service de la nature. Il s'agit de faire autrement, en décalé, pour accoucher de démonstrations éphémères afin d’alerter sur les risques encourus par des pollutions et de sensibiliser au maintien de la richesse de la biodiversité qui est menacée.
// Prod a investi le champ laissé sale par la prolifération de fragments de film plastique agricole, utilisé pour les cultures en pleine terre, puis, au mieux, rejeté et abandonné dans les talus de Plougastel-Daoulas, au pire brûlé en fin de cycle d’usage. Le principe est de sortir de la banalisation d’une pollution qui se généralise par délitement et devient calamiteuse faute de réponses adaptées des institutions pour gérer le passé et dégager des fonds publics pour financer des chantiers de collecte.
Chemin pédestre - Plougastel


L’idée de // Prod est donc de ramasser les morceaux de plastique noir, à nettoyer et dépourvus de salissure, puis de créer des atmosphères perturbantes. Ca peut être aussi bien :

+ utiliser la végétation morte, momifier les arbres déracinés ou des branches de gros calibres. Le concept est de reconstruire un paysage dénaturé en replantant ces arbres au cœur de l'écosystème intact et créer un contraste entre une nature verdoyante et la souillure laissée sur place,
+ monter des mannequins à l’aide de grillage (forme humaine ou animale) et les enrubanner de la bâche agricole. Produire des mises en scène directement sur site avec un objectif narratif autour des menaces écologiques,
+ fabriquer des cercueils avec du carton eux aussi recouverts de film plastique. Les suspendre aux arbres qui voûtent les chemins pédestres, devenant le symbole d’un cimetière végétal.
L’ensemble de ces réalisations est fixé par une colle naturelle(à base d'eau, farine et de sucre).

Ci-dessous différentes réalisations

Où se glisse le danger ?


Au-delà de la recherche d’une plastique artistique, que nous dévoile cette mise en scène perturbée car dénaturée ?
Au début il y a l’arbre, symbole de la puissance de l’élévation et du cycle de la vie. Mais affaissé sur le flanc, il personnifie la fragilité de la nature, contrariée par l’emprise d’une calamité écologique, aliénée par une pollution, celle du film plastique agricole. Son déracinement renvoie à la condition humaine qui se fige de façon compulsive dans une organisation urbaine, venant rompre la symbiose de l’homme à son environnement. Perturbé par sa propre futilité, il ne saisit plus l’essentiel et s’éloigne des vraies attitudes à adopter, comme le suggère l’introduction des deux personnages dans ce paysage. On y voit un référent adulte, tout aussi bien un père, un animateur socioculturel ou bien encore un éducateur spécialisé.
Il est accompagné d’un enfant qu’il surveille. Cet enfant, qui dévale sur un toboggan, peut à chaque instant chuter et se faire mal. Au demeurant, la vigilance du référent est légitime. Mais son attention n’est-elle pas détournée  du véritable danger que représente le plastique qui l’entoure et dont il a banalisé la nocivité ? Car en effet que devient ce plastique quand il se désagrège ? Transformé en fragment, ce plastique, avec la complicité des éléments (ruisseau, vent, …) rejoint les estuaires, file dans la rade de Brest, s’incruste en micro résidus et contribue à l’intoxication de la chaîne alimentaire. Certainement que le référent et l’enfant consomment régulièrement du poisson. Ils viennent, à leur tour, sans le suspecter, d’être contaminés par l’ingestion de plastique. A-t’on alors bien évalué le sens des responsabilités ?

Cimetière végétal
Bois classé. Bordure du domaine maritime. Loperhet (29). Le propriétaire du bois autorise un serriste de Plougastel à faire brouter son bétail dans la parcelle. Conséquences, les animaux arrachent les écorces des arbres, mettent à nu la chair. La sur population du troupeau entraîne un pâturage excessif ce qui conjugué à de fortes intempéries de l'hiver 2013 provoqua à la fois la chute des arbres malades sur un terrain situé en pente mais également d'arbres sains en bordure de l'Elorn. Le signalement par l'assocation "A quoi ça serre" des dégâts occasionnés dans ce bois, aurpès du propriétaire, a semble t'il été efficace car depuis aucune présence de bêtes n'a été relevée.




Lieux au culte

Sanctuariser un lieu de culte ne sauvera pas le sacré de la nature.

Chapelle St Jean - Plougastel


Chapelle St Claude - Plougastel

Chapelle St Tremeur - Plougastel


Poème

Foutu film

Foutu film ! Il se faufile fossoyeur
Se défile habiller le lit des estuaires
Se prélasse sous une plastique noirceur
Tel un brai résidu délavé au polymère

Squatteur, il scarifie les murets à mûrier
Se plait en plaie, une pléiade de rats du sol
Immondice famélique de peu de fraisiers
Dès lors dévore les environs de Kergolle

Opportuniste, il se tapit végétal
Rivalise et s’enracine à se fossiliser
Dans le charnier d’une chimie létale
Dans la chimère boisée des prieurés 

Outrancier, il outrepasse son sort
S’éternise dans la friche défraîchie
S’abandonne atone dans le décor
Pour un temps décuplant sa gabegie

Kergolle - Plougastel

Certains textes et certaines photos font l'objet d'un supplément à la revue brestoise, Kraspeck. Publication d'août 2015.