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vendredi 27 mars 2020

Entre la faux et l'enclume

Printemps 2000. Je suis convoqué, en tant que correspondant de presse du Poher Hebdo (journal local carhaisien), à couvrir la visite en Bretagne de Christian Blanc*, à l'invitation de l'Institut de Locarn. En parallèle d'une rencontre entre chefs d'entreprises bretonnes (Glon, Henaff,...) et celui qui, arrivé dans un certain cérémonial fastueux, vient courtiser d'éventuels soutiens pour sa candidature aux élections présidentielles, sa présence cristallise néanmoins une certaine opposition. Cette opposition figure au premier plan de la photo, soit une poignée de militants, pour un certain nombre provenant de la LCR (Ligue Communiste Révolutionnaire, autrement appelée le NPA aujourd'hui). Plus que l'étalage outrancier que suscite le faste de ces hommes qui se congratulent à l'annonce de leurs chiffres d'affaires, je suis toujours resté interpellé par le contraste de cette photo. Mais peut-être plus qu'un contraste, n'avons-nous pas affaire à une vision de deux mondes séparés par un profond fossé sociologique ?
Que nous dit cette photo ? D'abord au premier plan, deux jeunes femmes militantes, anticapitalistes (voir l'autocollant apposé sur leurs blousons), peut-être même des féministes. En arrière de ce plan, un vieux couple d'agriculteurs encore en activité. Les premières manifestent bruyamment (doigts portés à la bouche pour émettre un son) leur mécontentement et leur désaccord à la présence de cet homme politique, tout comme pour éventuellement contester les agissements de l'Institut, décriés dans ses véritables objectifs affichés. Le couple d'agriculteurs, tout confiné à leur tâche, ne semble pas concerné, se contentant de jeter un regard vers la route.
D'un côté, il y a donc une volonté sociale, et même révolutionnaire, d'en découdre avec des représentants du patronat et vouloir bouleverser l'ordre établi. De l'autre une attitude, si elle n'est pas passive, figée dans l'acceptation de sa condition traditionnelle d'une agriculture de labeur, qui ne signifie pas non plus qu'elle est non partisane; les unes se fatiguent à se mobiliser contre un système afin de modifier les caractéristiques oppressives du capitalisme sur le travailleur, les autres à se confondre aux règles dictées par ce même système et qui implique la nécessité de l'alimenter par une dévotion au travail, qui frôle avec l'exploitation sociale que rejette les deux militantes.
Au-delà de jugements de valeurs que je pourrais émettre 20 ans plus tard, et qui est loin d'être mon intention, je soumets tout de même à ma certitude le fait que l'homme du jour, fumeur de gros cigares, a surement eu une forme de dédain pour ces quatre personnes, en quittant le fief des patrons bretons.

*(source wikipédia) Christian Blanc, né le  à Talence (Gironde), est un haut fonctionnaire, chef d'entreprise et homme politique français.
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Il est préfet des Hautes-Pyrénées en 1983 et préfet de Seine-et-Marne en 1985 puis il dirige en 1988 la mission du dialogue en Nouvelle-Calédonie qui se conclut par les accords de Matignon.
Il travaille dans le monde de l'entreprise, dirigeant la RATP de 1989 à 1992Air France de 1993 à 1997 et la banque Merrill Lynch France de 2000 à 2002. Il est également administrateur de Middle East Airlines (1998-1999), de Carrefour, de Capgemini (2004), de la Chancellerie des Universités de Paris (1998-2001), d'Action contre la faim (ACF) et président du Comité de sélection pour le recrutement d'inspecteurs des finances au tour d'extérieur (2000).
Proche de Michel Rocard, et d'Edgard Pisani, il fonde en 2001 le think tank « l’Ami public » et en 2002, le mouvement politique Énergies démocrates (2002-2007). Il est élu député apparenté UDF dans la 3e circonscription des Yvelines à partir de 2002. Il rejoint le groupe parlementaire Nouveau Centre de 2002 à 2008.
Il entre au gouvernement le  comme secrétaire d'État chargé du Développement de la région capitale et travaille sur le Grand Paris. En juin 2010, il est au centre d'une polémique sur des achats de cigares sur des fonds du ministère. Il démissionne du gouvernement le 4 juillet 2010. Il reprend ensuite son siège de député. Après deux mandats de députés, il ne se représente pas une troisième fois.

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