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mercredi 22 avril 2020

Le phare





















A défaut d’apesanteur, le ciel aspirait toute entière une mer orageuse, ne déversant point les traînées de gouttelettes, pourtant soumises habituellement à l’essorage d’averses salines. 
Étrangement limpide, incliné vers le bas pour mieux submerger l’horizon, le plancher dévale jusque sur les versants engloutis de la Cité du Ponant et, n’est certainement pas dispendieux pour avaler ses faubourgs agglutinés alentour, à voir le précipice gris qu’il soumet au vide. Juste, légèrement, de peur peut-être d’embraser une orgie d’embruns, une lamelle durcie par le brasier lumineux.
Ce phénomène de marée céleste, occasionne un stress parmi les algues terrestres, au premier rang desquels les trentepohlia dont les filaments roux grillagent précautionneusement, la plaine adipeuse à son tour bien en peine. Un réflexe de survie non succinct pour ces trebouxia dont le liseré vert lézarde presque le muret gorgé d’algues rouges.
Et puis, surement pour se soulager du souffle d'une nage aérienne, des soucis par centaines, venus mettre un globe scintillant sur cet autel défloré, dont leur seule manigance est de s’accoupler pour enluminer un phare, fort à propos d’ailleurs. Car, il lui en faudra de la vigueur pour que sa lampe larvaire transperce le déluge des ombres des « Hautes Eaux ».
Photo : A. Derrien

lundi 20 avril 2020

Mikaël


A l’orée d’un rassemblement de noctambules ébouriffés, ces aubades forestières se sont boursouflées de patience, dans une horde holistique, surplombée d’un brouillard dense empreint d’une frange de roc. 
Le vent veineux, qui lancine sur l’échine flanquée d’écorces des farfadets de l’Arrée, laisse passer un peigne filandreux à peine perceptible dans l’entrelacs persifleurs, habituels d’une pluie à peine dissipée. C’est plus que cela d’ailleurs. La friche du ciel s’est éventrée grâce aux forceps d’une glissière lumineuse. On le devine bien. La bataille est épineuse avec la carrière d’ardoises décrochée de ses épis tuméfiés.
Mais l’interstice présage d’une apparition éphémère, tant colportée par le commérage antédiluvien des échancrures chevelues, celle du Mont qui a été mille fois outragée par des claques océaniques, soulevant obstinément un œdème tourbeux, craquelé in fine pour les bonnes grâces d’une chapelle.
Et pendant que les derniers espiègles gloussent encore, car récemment gonflés d’une chlorophylle pubère, tout d’un coup, dépossédant les arbres de leur facétie tumultueuse, apparaît subrepticement le faciès de Mikaël. Son sourire en dit long sur sa satisfaction de sanctifier sa demeure, au sein des pierres pieuses, que seul le gris a griffées de gangrènes.

Photo : Alain Derrien



L’image contient peut-être : nuage, ciel, montagne, plein air et nature

La chaise longue

A travers les premières lueurs, éclatées tels des éventails de fraîcheur, la nuit s'agrippe encore à l'embouchure des branches et dans les derniers bas fonds d'hier. elle tente en vain, car périlleuse, d'enclaver de sombre les contours de la chaise longue où une femme s'est posée. 
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, la femme ne s'est pas éloignée. Elle a juste jeté sur la chaise longue son manteau de lumière, ou peut-être sa serviette de bain, qu'elle a déshabillée des reflets de mer; si le décor sature de vert, le bleu n'est pas étranger à cette femme. Il dégouline même de la chaise, préférant certainement rester discret, habité par elle. On devine bien d'ailleurs que son corps l'a récemment emprisonnée de toute sa plénitude, dans un nu intégral et une contenance simulée close. 
Pendant qu'une jambe se raidit l'autre forme une échancrure vertigineuse, piégeant dans la brèche la brise qu'elle léchouille par vagues langoureuses. Audacieuse, elle s'effiloche le long du ventre perlé par la chaleur et vient se réfugier sous les seins en forme de ballons jurassiens. Par cet assaut, la poitrine enfle de ressacs étouffés, à tel point qu'elle fissure les premiers lueurs du jour. La bouche n'en peut plus et doit expulser des mots qui l'appelle. Puis, soudain, la rétine se fige, s'illumine, tangue enfin, avant d'exploser les heures qui viennent comme tant de bourgeons mitonnés pour les prochaines lueurs qui éclabousseront à nouveau la chaise longue.
L’image contient peut-être : arbre, plante, ciel, plein air et nature

dimanche 12 avril 2020

Le royaume des choucas

Quel rapport y-a-il entre le week-end de Pâques et le choucas des tours ? Aucun assurément, à part peut-être que "choucas" rime avec "chocolat", ce qui serait,  assurément aussi, tiré un peu par les cheveux. Dans ma recherche d'informations concernant ce corvidé, non concerné par le Covid-19, j'ai trouvé un article grossièrement tiré par les cheveux, intitulé : "les choucas, une espèce protégée qui fait des ravages en Bretagne" https://www.breizh-info.com/2017/08/25/76269/choucas-espece-protegee-ravages-bretagne/

On apprend à la lecture attentive de cet article que, du fait de son statut d'espèce protégée, l'animal deviendrait, réuni en colonie, nuisible dans les bourgs (salissures, nids dans les cheminées, sonorité) et provoquerait des ravages dans les campagnes (monoculture saccagée). On apprend toujours que selon un comptage (réalisé par qui, l'auteur de l'article ne le précise pas), ils seraient 600 000 individus, rien que dans le Finistère (Bretagne Vivante dénombrait 15 000 couples en 2017 sur le département). En essayant d'ignorer l'écart exubérant entre ces chiffres, l'attention doit davantage se porter sur ce qui est de l'ordre de la nuisance, même chez les espèces protégées, comme l'escargot de quimper si contesté à Plougastel-Daoulas.
Profitant de mon heure d'autorisation de sortie, durant cette période de confinement, j'ai constaté que dans le bourg de la commune, en l'absence d'une activité continue, bruyante et polluante des humains (et puisque c'est une activité humaine, elle n'est évidemment pas nuisible), les choucas prennent possession de plus en plus des lieux laissés vacants par les passages (piétons, véhicules,...). Ils se baladent allègrement et à l'air libre, généralement en couple (selon les éthologistes, les choucas ne connaissent pas les divorces). Bien qu'ils suffisent à ma distraction fugace, je les trouve bien narquois tout de même avec ce regard vif et pénétrant, un regard, lancé de travers en ma direction, qui me fait rappeler que le choucas, lui peut se mouvoir selon sa bonne volonté et même vivre plus dangereusement en s'éternisant dans l'espace public, devenu étrangement silencieux. Conquérant, il descend des toits, afin d'explorer des espaces laissés vierges par les passants, étalant son royaume de volatile qui déambule maintenant à sa guise sur notre propre territoire terrestre.
Cette situation nouvelle de cloisonnement me fait rappeler à quel point la liste est longue, illégitimement longue, d'espèces qui, hors la législation ou pas, sont classées comme nuisibles*, par ceux-là mêmes qui créent de fortes nuisances sur l'environnement, notamment les adeptes d'une agriculture intensive, plein champs ou hors-sol, qui sont le plus souvent affiliés à une société de chasse, et soutenus par des politiques partisanes. D'ailleurs, rien qu'évoquer le sujet d'une agriculture pourvoyeuse en produits phytosanitaires, nous ramènerait à la crise sanitaire actuelle qui pourrait s'apparenter comme un facteur aggravant dans la propagation du virus Covid-19 et donc s'orientait vers une première crise écologique majeure. https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/03/30/coronavirus-la-pollution-de-l-air-est-un-facteur-aggravant-alertent-medecins-et-chercheurs_6034879_3244.html?fbclid=IwAR2qU7abjO_bX23jKfgy6VFQvSxuaOhnKTlMwwfkwDa5wnT7uW5G1prKEZo
Accuser le choucas d'être un élément de saccage et de nuisance pour certaines activités, qualifiées elles-mêmes de dangereuses pour la nature et les populations, démontre bien que, dans une configuration inédite de dépréciation de l'économie libérale dont fait partie intégrante l'agriculture intensive, du fait d'un tassement des écoulements de ses productions lié à la pandémie, le premier péril pour l'humain est l'humain lui-même, à force de ne plus avoir de visions communes.

* Tous les insectes directement visés par des insecticides ou indirectement victimes de leurs usages, étourneau (et autres passereaux empoisonnés par des appâts), renard, escargot de Quimper, sanglier (en dehors d'une prolifération naturelle acceptable, il reste à dénoncer l'introduction de cet animal sur les parcelles privées, pris comme une proie pour le bon plaisir de chasse de certains braconniers. Non maîtrisée, la population qui croît provoque des dommages importants, et peut même s'avérer facteur de désagréments corporels), otarie (Océanopolis les relâche dans la rade de Brest, occasionnant une rivalité avec les pêcheurs notamment sur la ressource en maquereau),...