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lundi 20 avril 2020

La chaise longue

A travers les premières lueurs, éclatées tels des éventails de fraîcheur, la nuit s'agrippe encore à l'embouchure des branches et dans les derniers bas fonds d'hier. elle tente en vain, car périlleuse, d'enclaver de sombre les contours de la chaise longue où une femme s'est posée. 
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, la femme ne s'est pas éloignée. Elle a juste jeté sur la chaise longue son manteau de lumière, ou peut-être sa serviette de bain, qu'elle a déshabillée des reflets de mer; si le décor sature de vert, le bleu n'est pas étranger à cette femme. Il dégouline même de la chaise, préférant certainement rester discret, habité par elle. On devine bien d'ailleurs que son corps l'a récemment emprisonnée de toute sa plénitude, dans un nu intégral et une contenance simulée close. 
Pendant qu'une jambe se raidit l'autre forme une échancrure vertigineuse, piégeant dans la brèche la brise qu'elle léchouille par vagues langoureuses. Audacieuse, elle s'effiloche le long du ventre perlé par la chaleur et vient se réfugier sous les seins en forme de ballons jurassiens. Par cet assaut, la poitrine enfle de ressacs étouffés, à tel point qu'elle fissure les premiers lueurs du jour. La bouche n'en peut plus et doit expulser des mots qui l'appelle. Puis, soudain, la rétine se fige, s'illumine, tangue enfin, avant d'exploser les heures qui viennent comme tant de bourgeons mitonnés pour les prochaines lueurs qui éclabousseront à nouveau la chaise longue.
L’image contient peut-être : arbre, plante, ciel, plein air et nature

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