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vendredi 17 septembre 2021

Le vélo électrique n'est pas écologique

Le vélo électrique n'est pas écologique et ne peut même pas se revendiquer d'une solution de l'écologie sociale dans ce qu'elle a de révolutionnaire. A grands renforts de promotion publique, Le VAE (vélo à assistance électrique) est même présenté, et de façon hypocrite, comme une alternative douce pour des déplacements urbains ou péri-urbains. 

Le Vae ne peut pas être écologique, d'abord pour des raisons évidentes d'exploitation de ressources minières riches en Lithium. Ce minerai doit être rangé dans la même catégorie que le pétrole ou le charbon, aux retombées toxiques, tout aussi nocives localement pour l'humain et l'environnement, que l'extraction des ressources fossilisées. Les usagers en ont certainement conscience mais ils ne se formalisent pas. Les conséquences néfastes de son extraction sont lointaines et puis après tout, le commerce mondialisé du lithium permet à des pays comme le Chili de renforcer leur PIB.

Ensuite, le Vae doit être équipé d'une batterie (au lithium) qu'il faut parvenir à recycler. Par sa faible capacité en autonomie elle doit être rechargée régulièrement à partir de la seule énergie électrique disponible, le nucléaire. Tout l'enjeu de la généralisation des véhicules propulsés par une batterie électrique repose sur ce quasi-monopole en production énergétique, le nucléaire. Le Vae n'est ni plus ni moins qu'un moyen pour maintenir la production nucléaire en agissant comme un appel d'air pour les autres moyens de transports comme l'automobile ou le poids lourd. Le bus ou le car mis à part devraient être la règle pour tous afin d'élargir l'offre des transports en commun. Mais même avec ce type de transport on ne pourrait pas parler d'impact neutre sur l'environnement et sur l'humain. 

Si la France veut garantir un avenir électrique à ses constructeurs automobiles, elle doit fournir aux futurs acquéreurs, qui seront les mêmes que pour les vélos c'est à dire : avec un profil de CSP+ ou ++, des retraités aisés, des "néo-écologistes" sortis des rangs de la droite ou des socialistes et qui n'ont jamais été les premiers opposants au nucléaire (civil ou militaire), des véhicules électriques basés sur une ressource constante, domestique, fiable et qu'ils pensent décarboné. Ce qui sur ce dernier point s'apparente aussi à une grande fumisterie. La France, à travers ses représentants politiques, ne fait pas et ne fera jamais le choix d'un "bouquet énergétique complet" en se basant sur les énergies renouvelables, sachant qu'EDF ne sollicite pas la totalité de son réseau d'"énergie verte", mais qu'elle exploite à bon escient pour exhiber sa vertu virtuelle. Le nucléaire sera encore en position de quasi monopole pour de nombreuses décennies. 

Y. Lachuer, délégué à la transition écologique à Plougastel, veut faire de la commune la première commune écologique de BMO... en attendant qu'il abandonne son SUV personnel.

Au niveau local, sur la commune de Plougastel-Daoulas, la politique de la transition écologique est menée par des incapables et des opportunistes peu scrupuleux et particulièrement gonflés ! Portés par la vague pour le Vae, les élus de la majorité de droite, s'engouffrent dans ce domaine pour se définir comme "écologistes", ils y trouvent même un prétexte, en manquant sérieusement d'anticipations et de vision globale. Ils veulent soutenir la mobilité par le Vae tout en mettant la charrue avant les bœufs : beaucoup de tronçons de rues manquent cruellement de pistes cyclables, ce qui occasionne des ralentissements quand des voitures se retrouvent derrière les vélos. Des études prouvent que c'est dans le cas de petites vitesses que les voitures et les camions polluent le plus.... Et puis il faut voir les élus quand ils enfourchent leur Vae flambant neuf. A l'exemple de l'élu en charge de la question sur la transition écologique, Yvan Lachuer, qui parcourt le centre ville sans son casque; une occasion pitoyable pour lui de laisser son SUV au garage ! On verra d'ailleurs s'ils sont plus héroïques à partir de l'automne prochain pour sortir leur Vae sous la pluie ou contre le vent. 

Enfin, le Vae ne peut pas être vecteur d'adhésions par les populations les plus précaires et les plus laborieuses. Il n'est pas une solution adaptée à ces populations d'ouvriers ou d'employés quand il s'agit de se rendre sur un lieu de travail, des déplacements très souvent accompagnés d'une météo exécrable et parfois réalisés de nuit. Il créera un autre phénomène délétère qui est de creuser davantage le fossé social entre ceux qui peuvent faire l'acquisition d'un Vae et la grande majorité de ceux dont le pouvoir d'achat est limité. Le Vae reste, avant tout, un gadget de "néo-écologistes" pragmatiques, une raison de se donner inutilement bonne conscience grâce à leur capacité financière. Au fond ils ne peuvent pas être écologistes car indécrottablement pro-nucléaires.

jeudi 16 septembre 2021

La commission, le parlement et dédé l'abeillaud


  Bruxelles, mardi 27 septembre 2011. 10h30 rue de la loi
Je suis serein. J'enfile le déguisement de dédé l'abeillaud dans une rue étonnamment calme, adjacente au bâtiment de la commission européenne. Vanessa, ma logeuse bruxelloise, m'a fait savoir que ce mardi était pour les francophones une journée chômée. La ville elle aussi est au repos. Quelques passants, incrédules du spectacle qu'offre ma transformation au cul de la voiture, une autre logeuse improvisée, viennent interrompre l’immobilisme des lieux.
Je suis à Bruxelles depuis la veille. Après avoir quitté la Bretagne en début de matinée, je traverse la France durant la journée. Grâce au soutien financier d'associations, et parce que je suis seul dans la voiture, laquelle a déjà montré quelques signes de déliquescences, de fuites et de blocages je décide d'emprunter l’autoroute pour  gagner 2 heures de conduite. Qui plus est une douleur me tiraille le bas du dos depuis quelques semaines quand je roule plus d'une heure. J'ai fini par voir mon toubib mais le traitement anti-inflammatoire qu'il m’a prescrit me donne des maux d'estomac. Donc pas de médocs. Tant pis. Je supporterai les lancements de ce nerf vicieux. Il faut d’ailleurs que je n’y pense plus quand j’arrive en Belgique, car la quatre voies manque sérieusement de confort. Le macadam est jonché d’ornières plus ou moins entretenues. Les panneaux « ornières fréquentes » m’amusent follement car installer des indicateurs pour des trous me fait penser qu’ils seront là encore pour un bout de temps ! De chaque côté de cette route rectiligne, une rangée d’arbres ininterrompue, m’emmènera jusqu’à Bruxelles. J’arrive au bon moment. Il est 18 h. La circulation est à son summum et je n’ai pas réussi à joindre Vanessa car je ne m’en sors pas avec les indicateurs téléphoniques « bip bip bip bip… » « Allo Vanessa ? Ah non ce n’est pas Vanessa », me répond la voix d’un homme. La nuit s’installe et les clignotants de la voiture ont décidé à ce moment là de faire le service minimum. Pas de panique j’ai le GPS. Je finis par me prendre au jeu en me comportant comme un bruxellois (enfin j’essaye), une queue de poisson, parfois deux. Ah merde ! Le feu est rouge… Et je suis passé, je me faufile et me défile. Le tram lui traîne en longueur. Il dandine, à gauche puis à droite. Il s’arrête au feu rouge. Il prend son temps pendant que l’obscurité s’agglutine inéluctablement. Pas de panique, j’ai le GPS. 19 h. Je parviens enfin à ma destination, rue … chez Vanessa Crasset.
Vanessa est une jeune bruxelloise que j’ai croisée quelques semaines auparavant dans les Hautes-Alpes. Nous avons échangé quelque peu. Nous évoquons la Bretagne, et ses séjours chez un cousin des Côtes d’Armor. Je lui suggère de noter mon adresse au cas où son périple à pied l’emmènerait au pays. Elle promet de m’adresser une carte postale dès qu’elle arrive à Nice. Ce qu’elle fait. Sans la connaître j’ai alors senti que je pourrais compter sur elle lorsque j’organiserai mon voyage. Après lui avoir expliqué mes intentions par internet elle accepte de me recevoir chez elle. De visu, je m’aperçois en fait que nous partageons un certain nombre de valeurs et d’engagements. Ces 2 jours sur Bruxelles ont été denses grâce à sa disponible.
Mais en fait, pourquoi dédé l'Abeillaud est-il à Bruxelles en ce début d'automne ? Replay if you want.
Je ne m’attarderai pas sur le passage de dédé l’Abeillaud, fin avril à la Cecab de St Alouestre (voir actualité sur le site du CBSFVO). Mais je découvre que mon intervention improvisée a marqué les esprits, notamment le mien et celui de Dominique. Avec sa complicité heureuse, nous animons dédé l’Abeillaud. Dessins, discours pour les élections pesticilentielles de 2012, accessoires en tout genre (collant pas très opaque, kazoo, …) viennent donner à ce personnage une dimension populaire que j’expérimente debout sur ma ruche, dans les fêtes bretonnes ou rassemblements militants, dans la rue à voltiger de personne à personne. Mais je ne veux pas me contenter d’apparitions publiques et festives. Je pressens que je ne me sens pas complètement armé pour soutenir l’abeille car c’est de cela dont il s’agit. On me pose souvent maintenant la question : « Tu es apiculteur ? », je réponds, « entre apiculteur et abeille j’ai choisi abeille », ainsi je garde mon libre arbitre et je peux plus aisément me présenter comme individu de la société civile, sans partie prix, en tout cas visible, pour interpeller sur le sort de l’abeille. Sur une initiative personnelle, profitant de la présence de dédé l’Abeillaud fin septembre à Colmar pour le procès des faucheurs volontaires, je décide de l’inviter à la Commission européenne à Bruxelles, et au Parlement européen à Strasbourg. Je convaincs la Ffap (Fédération française des apiculteurs professionnels) représentée par son co-président Alain David de m’apporter un appui technique (argumentaires sur les pesticides…). Je sollicite un soutien politique d’élu(e)s de la région Bretagne que j’obtiens. L’adhésion militante est quasi immédiate. Plus inattendu (et inespéré, je l’avoue !) est le soutien financier que m’apportent l’association des dessin’acteurs et le Comité breton de soutien aux faucheurs volontaires. Dédé l’Abeillaud a maintenant une espèce de légitimité et je me sens pousser des ailes !
Alors que l’entretien que je sollicite auprès d’un membre du cabinet de John DALLI, en charge des questions de santé au sein de la Commission européenne, est assez rapidement acté, j’ai plus de difficultés à rencontrer des députés européens du groupe « les verts/ALE » au Parlement. J’y reviendrai plus loin. J’ai donc rendez-vous, enfin, je devrais plutôt préciser, dédé l’Abeillaud a rendez-vous avec Mr VASSALLO, collaborateur du commissaire. J’ai à peine quitté la rue où stationne le véhicule que des gens fumant la clope sur le trottoir, m’apostrophent et me soutiennent dans ma démarche. Je prends. Je prends leurs sourires et la sympathie qui se dégagent de ce bref échange. Je prends car je dois lever la tête pour apercevoir le sommet du bâtiment. Je n’ai pas ma ruche aujourd’hui. Elle m’aurait été bien utile pour me sentir à la hauteur ! Dès l’entrée des regards amusés, indifférents, interloqués se posent sur moi. J’essaye de les oublier pour me fixer sur mon seul objectif : l’accueil ! « Dédé l’abeillaud ? Oui vous êtes attendu. Je vous prépare votre accréditation ». Le type à l’accueil engage la conversation. « Vous savez mon frère est apiculteur et il a énormément de perte d’abeilles. Ca devient vraiment problématique ! » souligne-t-il. « Je vous souhaite bon courage ». Je suis ravi de ce premier contact. Je dois patienter. Toujours les mêmes regards. Je fixe mon attention sur un écran géant qui diffuse les débats de députés au Parlement européen. Je n’ai pas vraiment regardé car j’essaye de me concentrer. C’est Catherine SAEREMANS-GALERNE, secrétaire de Mr VASSALLO, qui vient me chercher. Son empathie m’est agréable et c’est en plaisantant que nous déambulons dans un dédale de couloirs jusqu’à la salle où m’attend l’eurocrate. Je ne suis pas venu les mains vides et lui remet une bouteille de vin bio transporté par bateau à voile, et un bel ouvrage sur l’art en Bretagne. Après ces premiers instants déconcertants pour nous trois, la conversation s’engage. A leur demande je ne filmerai que la première partie des échanges. Quel contenu pour quel objectif ? L’entretien dure ½ heures. Les sourires sont de circonstance quand David fait dédé, toutefois les positions sont clairement définies. Ca ne fait rien, j’ai obtenu ce premier rendez-vous. Catherine me raccompagne jusqu’à la sortie et me confie : « C’est bien ce que vous faites. C’est une jolie cause que vous défendez là ». Je suppose qu’elle sait ce que nous savons. Arrivé dans la rue je me sens bien. Vivant. Souriant. Détendu. Je n’ai plus qu’à redevenir David pour m’embarquer jusqu’à la prochaine étape, Colmar, mais avant j’ai un crochet à faire à Strasbourg au Parlement européen, pour présenter dédé l’Abeillaud. Cette fois-ci je ne devrais pas être seul car Mélisandre, zabeille en costume, arrivée sur Colmar pour le procès de faucheurs volontaires, me confirmera sa présence. J’attends avec impatience son appel.

Mercredi
Je quitte Bruxelles au petit matin. Je viens à peine de traverser le Luxembourg que je reçois un appel de Mélisandre pour m’indiquer qu’elle prend le train pour rejoindre Strasbourg. Je sens que ça va être phénoménal même si je ne sais pas ce qui nous attend là-bas. Il y a des émotions euphorisantes à vouloir se confronter à l’inconnu, surtout quand il s’agit de se présenter dans un autre espace pour une cause qui apparaît juste. Et je ne le fais pas seul cette fois-ci. Arrivé à Strasbourg j’embarque Mélisandre qui attend à la gare. Nous élaborons très vite l’intervention de chacun, toi sur ton entretien de Bruxelles et les pesticides, toi sur la question des OGM. Il est déjà 11h00 et il faut faire vite car « on » a fixé un rendez-vous à 11h30, sans avoir de rendez-vous… Le « on » en l’occurrence c’est Michel DUPONT, attaché parlementaire de José BOVE. Courant septembre nous échangeons par téléphone et, me semble-t-il, nous arrivons à nous mettre d’accord pour un entretien le mercredi 28 septembre à 11h30. Il s’agit de choper les parlementaires en séance à Strasbourg. L’actualité est, qui plus est, brûlante autour de la question de la trace de pollen OGM retrouvé dans du miel en Allemagne et la décision de la Cour de justice européenne d’émettre un avis défavorable à la commercialisation de produits contaminés.
Nous arrivons à destination. Cette fois-ci je sors la ruche et mon chariot. Je nous sens animé d’une volonté ardente. A l’entrée la sécurité nous voit arriver. Il faut improviser quelque chose. Tant pis je bluffe. « Bonjour. Nous avons rendez-vous à 11h30 avec Michel DUPONT, attaché parlementaire de Mr J BOVE.
-    Attendez ici un instant. Allo ? J’ai des abeilles qui ont rendez-vous, je les laisse passer ? … ok. C’est bon vous pouvez y aller !
-    Ah ! Vous avez quoi dans votre ruche ?
-    Oh quelques accessoires, des autocollants…, Vous voulez que je l’ouvre ?
-    Non, non, ce n’est pas nécessaire ». J’aurais pu très bien dissimuler une bombe…
Nous passons sans encombres le premier niveau de sécurité. Pendant ce temps Zabeille, à son habitude, a déjà sympathisé avec un gars de la guérite. Première observation : les berlines sont légions et mieux traitées que les vélos que l’on a entassés en vrac à l’entrée. Nous pénétrons dans l’enceinte du Parlement. C’est un bâtiment cylindrique avec une énorme cour intérieure. Il doit s’élever sur bien 10 étages. Il faut maintenant trouver l’accueil, pendant que le kazoo fait des siennes et que nous virevoltons. Porte C nous annonce t’on finalement. Nous attendent 4 à 5 vigiles dans leurs vestons identifiables. Même topo qu’à l’entrée. Cette fois-ci je ne peux pas me soustraire aux obligations d’usage et passe la ruche sur le tapis de détection. Je dois rapidement repérer l’accueil pour gagner du temps. C’est fait.
« Bonjour. Nous avons rendez-vous à 11h30 avec Mr Michel DUPONT ». Un homme consulte une liste. « Quel nom vous m’avez dit ? David DERRIEN pour dédé l’Abeillaud ? Je ne vois nulle part votre nom… attendez je vais appeler ». Il décroche le téléphone et attend. « Ça ne répond pas » me prévient-il, « oui ça c’est normal », pensais-je. « On va patienter un peu ? », lui dis-je. Nous profitons d’être là pour faire le show. Pendant ce temps ça tergiverse à la sécurité : oui puis « Non vous ne pouvez pas passer ». Et puis, « C’est bon à la condition que vous enleviez les déguisements ». Je ne sais pas ce qui est convenu mais je suis obligé de ressortir et laisser Mélisandre qui a gardé ses vêtements sous son costume. Je ne suis pas découragé car de toute façon nous n‘avions pas de rendez-vous. Je reviens dans la cour pour m’amuser en attendant ma comparse. Sourires. Poses pour les photos. Bourdonnement au kazoo dès que je croise un groupe, jusqu’au moment où je suis interpellé par un certain ROUCOU, attaché parlementaire du député ALFONSI pour le groupe « les verts/ALE ». Tiens ! Ca commence à bouger. J’explique ma présence quand arrive Michel DUPONT, suivi de près par un autre attaché parlementaire Bruno LE CLAINCHE : 3 POUR LE PRIX D’UN ! Je pense à Mélisandre qui cherche en vain un contact. S’en suit une conversation avec ces messieurs. La séance est quelque peu chahutée « Ca se prépare une intervention comme la tienne ! Et puis il ne faut pas oublier les médias ! Et puis on a des tas de dossier à gérer ! » Et puis et puis… « Je ne comprends pas qu’un citoyen ne puisse pas obtenir un entretien avec un député. On est ici au cœur de la démocratie européenne avec des représentants élus par les peuples… je voulais te parler de mon passage à  Bruxelles et Mélisandre des OGM… et puis tu es en train de me donner des informations importantes que je ne suis pas en état d’entendre… Tu te rends compte que la ½ heures que je demandais tu l’a passes ici dans la cour avec moi… je n’ai pas besoin te faire rappeler qui est ton patron ?... Tu as des tas de dossiers à traiter ? Tu veux que je te parle de ma vie ? Je suis au RSA. La voiture que j’utilise est celle de mon père décédé il y a quelques mois ! Elle n’est pas en bon état ! Tu veux que je continue ? ». Je suis obligé d’en arriver là pour que l’atmosphère tombe d’un cran. C’est incroyable… Mélisandre est revenue et improvise un débat avec nous. Elle s’adresse à Michel « Le procès a commencé à Colmar ? Tu nous rejoins demain ?
-… J’ai des dossiers en cours… mais je tâcherais de venir. ». Il est venu. C’est bien.
Tout s’enchaîne très vite à Strasbourg. Zabeille essaye l’acoustique du lieu et son chant fait résonance. Une dame d’une soixantaine d’années avec un fort accent anglais me demande si elle peut me prendre en photo. J’accepte volontiers, quand nous sommes apostrophés par 1 femme et 3 hommes, dont le responsable de la sécurité, le grand chef quoi ! C’est sérieux pour le coup.
« Je vais vous demander de quitter les lieux. Les gens se plaignent car vous faites du bruit … Non, non ! Ne discutez pas ! Veuillez nous suivre s’il vous plait !
- Attendez s’il vous plait ! Intervient la dame à l’accent, ces personnes sont avec moi maintenant, ils vont sortir, je les accompagne ».
Lui baisse d’un ton et change d’attitude. Il sait à qui il a affaire. Pas nous. Nous sommes ravis Mélisandre et moi et nous apprenons à l’extérieur que notre protectrice est une députée du nord-est de Grande Bretagne, Fiona HALL, , en charge des questions… sur les abeilles. Le sort nous est extrêmement favorable. Les coordonnées sont échangées. Mélisandre obtient une signature pour les élections pesticilentielles d’un des gardiens avec qui elle avait échangé quelques mots. De retour à la voiture nous nous promettons de revenir et peut-être encore plus nombreux !
Direction maintenant Colmar où se déroule depuis ce mercredi matin le procès d’une soixantaine de faucheurs volontaires. C’est Mélisandre qui conduit car j’ai gardé mon déguisement de faux bourdon. Après un passage au Tribunal d’assises, où se sont retrouvés plus de 300 personnes en soutien aux prévenu(e)s, j’enquille pour 3 journées de représentation de dédé l’Abeillaud. Aux quatre coins de la ville j’installe la ruche pour le discours aux élections pesticilentielles, je distribue des tracts, récolte des signatures pour parrainer ma candidature et « kazouille » de jeunes filles en jolies fleurs. Je m’invite même dans un lycée privé où, malgré l’accueil exalté d’adolescentes me mitraillant avec leur portable, je me fais virer par un professeur parce que « Monsieur, vous n’avez rien à faire ici, c’est illégal ! ». Tant mieux si c’est illégal Madame, je voulais seulement prendre quelques minutes pour expliquer ce qui se passait au tribunal.
L’expédition de dédé l’Abeillaud s’arrête là. David lui a continué son chemin vers la Franche-Comté puis Genève pour la vigie devant l’OMS. Au retour j’ai rendu visite aux occupants du site de ND des Landes pour leur remettre un chèque, recette généreusement redistribuée par Gilles (crêpier à la crêpe agile) suite à une prestation au port de Brest.
Remerciements infinis à Celia et James, Cathy et Guy, Mélissa et mon ami Nicolas (et ses parents) ainsi qu’Odile puis Serjio, enfin Hervé et Cath’ woman qui m’ont accueilli.
A bientôt… pour de nouveaux essaimages !

Colmar, procès des Faucheurs volontaires (1)

Colmar, procès des Faucheurs volontaires, discours pour les élections pesticilentielles (2)

Genève, OMS, accident de Tchernobyl
https://www.youtube.com/watch?v=YpZADx4V3Sk

Dessins : Marcel de la Gare
Vidéos : Mélisandre

jeudi 9 septembre 2021

L'enfant des marées

Tout comme il existe les enfants des bois, je fus un enfant des marées. L'été, les vacances étaient rythmées par le va-et-vient d'une mer brimbalante sur une plage adossée à la terre léonarde. Nous étions happés tout à la fois par les délices de baignades interminables, ou du moins qui nous semblaient telles, et par la frange chevelue qui peignait le sable de sa fraicheur. Si parfois elle paraissait effrayante à nos yeux, cette étendue brunâtre, délaissée par la mer, ancrée dans l'entrelacs visqueux, excitait tout de même notre curiosité de vouloir en découdre avec son obscurité saline. Le moment venu, à l’heure où la lune dessinait un croissant invisible, la mer s’écartait, presque à lécher Roc-Santec, pour notre plus grande joie. C’était un banquet qui s’offrait à nos petites papilles, voraces de coquillages en tout genre et de crevettes grises, enfouis dans une mare grouillante de cailloux bigarrés.

Très souvent, à défaut d’épuisettes et surement d’impatience, nous nous accroupissions entre les rochers. Le dos exhumé au soleil, nous tapions fort sur leurs carcasses pour en décoller les coquillages, les plus exubérants par leur forme : la bernique ou le brinnig. Les grands-parents nous avaient appris à retirer la chair noire pour des raisons certainement qui nous échappaient, mais, en tout cas, leurs paroles de sagesse ne s'abimaient pas dans notre imprudence. A grands coups de choc, le « chapeau chinois » finissait par divulguer sa ventouse, notre graal pour le goûter. Nos gestes frénétiques même pouvaient rivaliser avec l'ardeur famélique des goélands qui n’osaient toutefois pas s’approcher de nos petits attroupements. La partie noire enfin enlevée, parfois de façon sommaire, nous pouvions faire craquer sous les dents cette semelle dont les deux petites cornes pointées vers l’avant me font penser aujourd’hui aux doigts des groupies du Hellfest.

Peut-être était-ce un signe de mise en garde, en tout cas je fus malade à une ou deux reprises après avoir ingurgité les fameux brinnig. Nos proches, sans inquiétude délirante, accompagnaient ma fièvre, qui pouvait durer quelques jours, par des visites régulières. Elle n’a jamais gâché mon séjour entre les rochers ni interrompu de nouveaux assauts infantiles.  A part la fois, et à cause de la même gourmandise, où à l’âge de 16 ans, parti en troupe au camping sauvage de l’Ile de Batz, je dus me précipiter à maintes reprises vers le bloc de WC, afin d’évacuer des diarrhées encombrantes; l’adolescence tolère moins l’innocence.

C’est incommodant, certes. C’est douloureux, parfois. Mais tout comme les enfants des bois, je crois que, en tant qu’enfant des marées, la Nature nous a partiellement immunisés contre la peur.

mercredi 8 septembre 2021

Vallée du restic. Une piqûre de rappel par l'Abeillaud

Fin de campagne des élections présidentielles de 2012 avec dédé l'Abeillaud. 
Je suis invité, par mon comparse de la première heure Alain David, ex-apiculteur AB d'Argol, à visiter le rucher qu'il a installé dans la vallée du restic, en soutien aux opposants à l'aménagement routier qui viendrait détruire cette zone naturelle.  
Je rencontre à cette occasion le porte-parole du collectif Jacques Pérennes. L'entretien filmé en 2012 est (heureusement ?) toujours d'actualité.