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mercredi 31 août 2022

La difficulté de l'émancipation - acte II

Après l'émancipation liée aux personnes (lire "La difficulté de l'émancipation": https://ddlabeillaud.blogspot.com/2022/08/la-difficulte-de-lemancipation.html), d'autres phénomènes revêtent un caractère similaire, d'ordres social, sociétal ou politique.

Sans surprise la première étape de l'émancipation sociale réside dans la didactique et la somme des connaissances dans leur diversité la plus éclectique dont l'enfant devrait bénéficier. A un stade précoce, cet apprentissage des savoirs technique, artistique, domestique, sportif... n'a rien à définir pour la suite mais bien plus à éveiller le sens critique, à offrir à l'enfant une âme qui s'épanouira dans l'affinité à se porter vers tel ou tel domaine puis à explorer encore davantage sa propre fascination de l'existence. L'émancipation se réalise également par rapport à autrui. Il faut accepter d'effacer les signes avant-coureurs de la désignation, de l'enfermement catégoriel; au lieu de favoriser la concurrence et la hiérarchisation, lancer déjà les bases de la coopération et de la mutualisation. A défaut, l'émancipation prend des formes de luttes sociales, involontairement supportées par les catégories les plus laborieuses, que Boaventura de Sousa Santos présente ainsi : "l'émancipation est un ensemble de luttes procédurières sans but défini." A part sûrement d'exploiter le plus grand nombre pour la richesse de quelques-uns.  Quand le nouveau ministre de l'éducation Pap Ndiaye annonce que "L'école est injuste avec les pauvres" on voit que le chemin de l'émancipation reste comparable à un parcours de combattant pour nombre d'enfants.

Dans d'autres circonstances, très souvent liées à des situations conflictuelles, l'émancipation, ou autrement nommée la Liberté par des Français dévoués à leur sacerdoce républicain, à l'Autorité gouvernementale prend des allures de contestations asymétriques tant l'objet de la rupture semble confus à trop vouloir assembler ce qui ne peut l'être. La pandémie de la Covid-19 est très révélatrice de l'insupportable sentiment de confiscation de liberté ressenti par une part dispersée de personnes allant de l'extrême-gauche à l'extrême-droite et regroupant des complotistes de toute nature. Plus qu'une vaccination indésirable, c'est l'instauration du "Pass sanitaire" qui a agité les foules bigarrées. Et à bien observer les évènements, il est rare que des manifestations, dans leur cortège même, aient rassemblé des personnes politiquement opposées, pour ne pas dire antagonistes, au point de rendre contagieuse la haine ressentie des uns contre les autres. Certes, on doit refuser que l'espace public ou les lieux de convivialité deviennent des points de contrôles en obligeant des acteurs économiques à se substituer au représentant des forces de l'ordre. Néanmoins la liberté si chèrement choyée des "anti-vax" ne peut pas supplantée l'inaliénable contrainte à préserver la santé d'autrui et même de l'inconnu (dénoncer l'accumulation des profits par les laboratoires est un autre débat). Ce cri de liberté individuelle peut devenir une menace mortelle pour des personnes fragilisées par la vie, à trop vouloir s'éloigner de l'objet de la rupture. Autrement, ne devient-on pas un ennemi de la liberté en voulant imposer la sienne ? C'est de notre responsabilité collective de protéger les plus exposés.

Il y a pourtant dans l'idée d'émancipation des orientations plus nobles et plus existentialistes comme celle dédiée à l'émancipation des peuples, à commencer par celle du Peuple breton. Sans s'égarer dans une analyse historique, l'Emsav (Mouvement breton) démarre bon en mal an dans son aspect politique vers 1910.  L'idée d'émancipation taraude déjà l'ensemble des courants existants qu'ils soient Fédéraliste ou Nationaliste, sans que cela émeuve davantage les Bretons, ignorants surement l'agitation intellectuelle qui gagne quelques jeunes bourgeois instruits, pourtant libertaires (Camille Le Mercier d'Erm, en autre) ou celle des notables plus enclin à maintenir des privilèges de classe que soutient de surcroît le clergé. Bien après la seconde guerre mondiale, les revendications des militants politiques s'orientent plus vers "un entre deux", en s'accaparant le principe d'autodétermination pour les mouvements de gauche, certes louable mais laissant le champ libre à l'extrême-droite qui si elle s'empare sans retenus du discours émancipateur c'est pour mieux justifier sa position intenable contre l'immigration dont elle rend responsable la France. Passer de l'autodétermination à l'autonomie chez des militants politiques dans les 50 années clôturant le 20ème siècle est un signe de féodalité qui les jettent dans les bras de la République française. Pire en ce qui concerne l'Emsav qui comme le relève très justement Yann Ollivier (juriste) "S'est laissé récupérer par le Parti Socialiste". Pour lui, la principale victime de ce clientélisme est l'émancipation. Rien que ça. Malgré tout, l'émancipation reste un sujet d'actualité qui traverse l'échiquier politique breton. Quant à l'autodétermination, elle s'exprime toujours dans les mouvements indépendantistes d'extrême-gauche qui ne se sont jamais séparés de cet objectif. Elle se manifeste notamment dans l'organisation d'un référendum pour consulter les Bretons et leur demander si l'indépendance est une option d'avenir pour la Bretagne, dont la première étape passe par la Réunification. 

La conclusion revient au philosophe Jacques Rancière qui définit la politique comme une "Organisation et exercice du Pouvoir qui prend le pas sur son autre versant, c'est-à-dire le principe d'émancipation pour parvenir à l'égalité", que Yann Ollivier reprend en expliquant simplement que "La politique française nous prive (nous, Bretons) de la politique entendue comme la capacité d'affronter les véritables problèmes qui se posent à la société."


vendredi 26 août 2022

"A quoi ça serre" 10 ans d'une lutte esseulée avec des résultats

📅D'abord constituée en collectif fin 2012, la poignée des premiers volontaires s'est orientée en 2 ans vers un statut associatif en ciblant ses missions sur la protection de l'environnement. Avec une omniprésence des serres de production hors-sol à Plougastel-Daoulas, le nom de l'association "A quoi ça serre" s'est naturellement imposé. Le constat de départ étant suffisamment alarmant, les premiers adhérents se focalisent sur les dérives environnementales liées à des comportements délictueux des serristes, prenant différentes formes visibles ou pas, facilités en cela par l'indifférence totale et coupable des élu.es dans leur expression la plus représentative, y compris chez les Verts locaux 💩.

📣L'objet de l'association permettait dans un premier temps de localiser les situations les plus vulnérables, de faire un état des lieux, de commencer à identifier et répertorier les différents types d'infractions. Sans faire un inventaire complet, les phénomènes les plus visibles se matérialisaient par la combustion massive de déchets plastiques en plein air et de bois traités pour les chaudières, de dépôts de déchets verts industriels en tout genre, allant jusqu'à l'entrepôt de mâchefers. Concrètement et se limitant aux interventions en lien avec les serres, A quoi ça serre  c'est :

👉 une quinzaine de plaintes contre des serristes avec une condamnation et plusieurs mises en demeure 👍👋,

👉👉 plusieurs menaces physiques, des propos calomnieux et insultants (y compris d'habitants insignifiants) 💥,

👉👉👉 une absence de soutien des élus quel que soit l'échelon, d'implication d'associations environnementales ou même d'acteurs de la filière biologique souvent complaisants avec les pollueurs, de militants préférant préserver les zones humides de Notre-Dame et sécher celles de Plougastel, une indifférence des habitants dans leur très grande majorité qui ont parfois même manifesté leur hostilité. Seul le soutien d'une quinzaine d'adhérents a permis à quelques membres actifs de continuer avec détermination leur mission dans une abnégation désintéressée 👭👬 👋. A souligner tout de même une écoute constructive de la part de la DDTM 29 depuis 5 ans,

👉👉👉👉 un relai médiatique local inexistant à la TV, à la radio 📺📻 et peu d'empressements des rédactions de la PQR (Presse quotidienne régionale) à relayer les constatations d'"A quoi ça serre" concernant les adhérents de la coopérative Saveol 😠.

💪Après 10 ans d'une lutte acharnée, méthodique et esseulée, plus que des résultats qui se concrétisent, et même si l'association n'a pas pu intervenir dans certaine situation lamentable comme le remblaiement du bocage, c'est un changement d'attitude des acteurs de la filière et de comportements de certains serristes que nous sentons évoluer dans le bon sens grâce à notre engagement. Les derniers "Arrêtés départementaux de mise en demeure" confirment cette tendance à mieux contrôler les serristes dans leurs insupportables atteintes à l'environnement et de briser leur sentiment d'impunités. 

Toutefois, des plaintes sont encore instruites et l'implantation de plus de 200 ha de serres et de tunnels peut sans cesse occasionner des désagréments. La vigilance reste donc de mise surtout que de nouveaux phénomènes apparaissent comme la surpopulation du bourdon terrestre🐝.

Les premiers engagements du collectif en 2013


jeudi 25 août 2022

La difficulté de l'émancipation - acte I

Le recueil* du colloque consacré au socialiste-libertaire Emile Masson en 2003 se termine par l'intervention de Daniel Colson et Ronald Creach (la solitude du rebelle) et dit ceci : "La révolution c'est toi" disait Emile Masson. En s'intéressant à lui, en découvrant la violence et l'intensité d'une vie (...) c'est à toutes ces expérimentations que nous nous intéressons (...) à ce dont nous sommes nous-mêmes porteurs comme source de révolte et d'émancipation." Emile Masson, comme loyal anarchiste, a intimement lié sa vie à la recherche de l'émancipation, pas seulement pour un idéal socialiste, ni pour lui-même, mais pour tout un peuple paysan, une civilisation bretonne qui éclatera dans la 1ere guerre mondiale, et même au-delà.  Plus généralement, quel que ce soit le domaine, l'émancipation n'a pas meilleur ambassadeur que l'anarchiste. Peut-être même qu'elle diffère, et par conséquent qu'elle s'éloigne, de l'idée que l'on se fait de la liberté.

Dans un premier temps l'émancipation fait référence à un acte de droit civil par lequel l'autorité parentale (de plus en plus monoparentale) ne s'exerce plus sur un adolescent toujours mineur. Pour autant, bénéficie-t-il alors d'une liberté de manœuvre, de va-et-vient selon ses propres convenances ?  Certainement que les droits nouvellement acquis se heurteront aux règles de vie commune déjà connues, vécues et instaurées par les parents qui doivent être vus également comme des référents tout en soumettant leurs prérogatives à un devoir d'aimants. La collaboration parent/adolescent peut alors se briser dans un rapport de force, voire de violences, dès lors que l'enfant se croit autorisé à considérer les rues d'une ville ou les chemins de la campagne comme un espace d'émancipation parce qu'il aurait bravé la règle convenue et concertée de rejoindre la cellule sociale à une heure acceptée ensemble. Quand la règle est expliquée en ayant obtenu l'accord de l'enfant, elle ne devrait plus être vécue comme une injonction. En possession d'un droit juvénile, l'adolescent ignore que sa liberté se confond avec celle des autres même si elle n'est pas à l'identique. Son émancipation ne lui donne pas que des droits, elle l'oblige à des devoirs à se construire individuellement. Elle devient factice si l'ordre commun est constamment remis en cause. Elle fragilise la paix sociale intrinsèque aux choix  considérés comme bienveillants des parents. Ces choix n'expriment rien d'autres que des souhaits et une expérience transmise par les générations antérieures qui ne demande qu'à progresser dans le bon sens. Ils ne doivent pas être aliénants mais écoutés et entendus sinon, et à défaut, d'autres dispositifs plus contraignants surgiront et l'autorité parentale prendra le relai aux désordres occasionnés. Comment ne pas mieux dire la parentalité quand le référent s'est déjà libéré d'un certain vocabulaire tel que "obéir", "chef" ou "commander" ? Mais l'exemplarité n'est toujours pas saisi dès lors que le fantasme de liberté s'écrit ailleurs et se colporte inaudible dans d'autres bouches et dans d'autres réseaux.

Ensuite, toujours dans une période contemporaine, l'émancipation est associée à la place et aux rôles des femmes. Tout au long du 20ème siècle, les femmes occidentales, pour les plus engagées, ont tenté de s'éloigner de la tutelle écrasante des institutions et du conservatisme que leur imposait une domination autocratique masculine. Les exemples d'émancipation, parfois héroïques souvent justifiés, ne manquent pas sur le droit de vote, sur le droit de disposer de leurs corps comme elles l'entendent, sur l'accès au travail,.... Dans une société devenue complètement capitaliste, le féminisme a osé défier ce que les hommes d'âge mûr avait construit pour eux, et dans bien des domaines, et même si les inégalités persistent les militantes obtiennent gain de cause. Il faut toutefois qu'elles se souviennent, toutes ces féministes, que leur combat, avant toute chose, est d'inspiration anarchiste. Pour autant, leur supposée liberté retrouvée dans le travail, au sein du ménage, dans la société civile leur garantit-elle une émancipation vécue face au capitalisme ? Est-ce que l'Etat prévoit aux épouses un accompagnement total face à la violence de leurs conjoints ? Très souvent séparées, parviennent-elles à assurer sereinement une protection sociale quand il s'agit d'élever seules les enfants quand les ex se défilent ? Confrontées aux remous professionnels, les femmes ne sont pas plus à l'abri que les hommes quand elles doivent rendre des comptes sur les cadences, sur le rythme de productivité, sur le chiffre à atteindre. Pour celles qui ont privilégié leurs plans de carrière, on pourrait croire qu'elles finissent par se confondre avec l'homme de crainte que l'on puisse remettre encore en cause leurs compétences au sein de l'entreprise. En admettant même l'indépendance liée au travail, les aléas climatique, économique, conjoncturel, feront rappeler que récolter des légumes dans de bonnes conditions pour une maraichère devient aléatoire quand elle subit les événements extrinsèques et n'est donc plus en capacité de vivre en toute liberté ses choix. Toujours est-il que, et contrairement à ce que l'élite voudrait faire croire, le travail n'est pas un facteur d'émancipation ni pour l'un ni pour l'une, surtout s'il est subi et oppressant voire esclavagisant (quand on pense surtout que le progrès social des femmes se serait développé lors de la guerre 14-18 au nom de l'Union sacrée, il y a de quoi être interloqué).  

De la même manière on peut s'interroger sur leur accessibilité au droit de vote que l'homme politique a fini par octroyer aux femmes, au nom de la démocratie sensée égalitaire. Non pas qu'il faille remettre en cause la légitimité à leur accès au droit civique mais bien plus de constater le peu d'éthique insufflée dans l'acte politique lui-même. Tout de même et si ce n'est pas forcément le meilleur cas de figure, il aura presque fallu 1/2 siècle pour voir la parité à l'assemblée nationale. Mais peut-être qu'à vouloir trop chérir la liberté, les femmes se sont piégées elles-mêmes dans leur contradiction féministe; au lieu de réclamer une contraception pour elles, mieux aurait-il fallu suggérer également la vasectomie chez l'homme puisque les progrès de la médecine le permettaient déjà dans les années 70. Là où on peut tout de même se réjouir c'est de voir l'évolution de la femme dans la culture et le sport, si toutefois ces deux univers ne deviennent pas des alibis pour prétendre que tout se règle.

Beaucoup ont écrit sur la liberté comme Paul Eluard, on façonne même des femmes pour la représenter. Mais peu ont compris la difficulté de l'émancipation comme les anarchistes. L'émancipation est certes une rupture, mais une rupture sans concessions aux pouvoirs et n'est pas faite pour quelques arrangements avec les institutions dominantes. L'émancipation devrait presque être confiée à la naissance, une sorte d'assurance vie. Au nom de la Liberté, des mouvements contestataires se sont perdus dans des illusions complotistes. Ne souhaitons pas le même destin au souhait d'émancipation et surtout pas pour la Bretagne dans le cadre d'un confédéralisme libertaire.

 * "Emile Masson, prophète et rebelle", J. Didier et Marie Giraud, aux éditions PUR, 2003

dimanche 21 août 2022

Les pommiers et les autres

Il y a des Temps Modernes où tout est avalé, confus et recraché. Il y a des Temps Modernes où le verbe choir se conjugue bien avec les chairs tombées et désossées sans aucune autre alliance que l'inexistence. Au milieu de tout ce fatras bruyant il devient riche de trouver une escapade en urgence, un ilot plutôt terrestre. Car à force de désillusion de désenchantement d'écœurement de désaveu de dégoût, il convient de se reposer sur ce qu'il reste à supposer avoir du sens. Et puis, étonnement on découvre qu'il existe, étouffant sous des pensées toujours plus lourdes. 

Le combat est rude avec soi-même, toujours, dans la solitude d'un arbre, avec les autres, souvent en meute, à maintenir un semblant de nature sauvage (même si elle ne l'a pas toujours été) sur un park enclavé par le désordre des destructeurs. Car oui, ils ont voulu faire tomber les arbres à lindouar, déraciner l'œuvre de la nature et l'ouvrage de l'homme, mêlés dans les souches plus vieilles que les saisons. Malgré tout, in extremis, ils ont failli à leur propre calamité et ont retiré les tractopelles face à la serpe et la houe. 

En 7 ans de biodiversité, le champ de bataille s'est transformé en refuge pour vieux pommiers, en jeune sureau curieux de sève. Le poirier sauvage fricote comme jamais avec un frêne voisin de longue haleine. S'en suit une série de chênes résistants en avant de frêles noisetiers coincés sous l'ombre d'un hêtre robuste. Et puis encore un frêne solidement ancré dans la bienveillance des fougères. Que dire de l'Erable dont les teintes estivales donnent des envies d'automne ? Ne rien dire justement, contempler la vigueur des feuilles, en attendant que le soulagement vienne. Ne pas oublier le temps d'un printemps, le temps d'un instant, l'odeur suave des arbustes mal taillés que sont devenus, et mal venus peut-être, les lauriers-palme.

Il y a les Temps Modernes et ce que l'on laisse à la vie, le temps de la notre, un automne un pommier, en passant. 

Jeune sureau qui croît en lui sous l'égide d'un vieux pommier 


Ar Wezenn Awalou

Kanomp peb ur ganaouenn broman war un ton trist
Koue'et eo ar we'enn awaloù er bla-man n'o ket jistr
Un noswezh glaw hag awel e-kreis mis Gwengolo
Eo digouezhet ur gwalleur war ar we'enn awaloù
Ur gwalleur'so digouezhet, o ya, war mamm ar jistr
Gou't a rit 'ta roulerien an dra-se a so trist
Kris ha kaled eo klewoud kontañ deus ar gwalleur
So digouhezhet an deiz all en tu da draoù al leur
Houmañ oa ar c'haerrañ gwe'enn e oa bet'barzh ar vro
En doa laket alies kals a dud da gano
Da gano ha da zansal peb hini gis e vro
Me eo paotr Yann ar soner en eus bet graet va lod
Bet on bet pell diouzh ar gêr, bale dre ar vroioù
Netra m'eus kawet gwelloc'h 'wid an dour awaloù

vendredi 12 août 2022

Plus d'eau pour les Bretons et moins de touristes à Crozon

La Bretagne dans presque sa totalité géographique n'échappe pas aux impacts multiples du dérèglement climatique au cours de cette période estivale caniculaire. Couplée à une hausse de la fréquentation des touristes dans le pays, la pression sur l'accessibilité à l'eau s'en est retrouvée renforcée. Mais face à cette évolution néfaste du climat, annoncée par les écologistes depuis fort longtemps, les collectivités bretonnes tentent dans l'urgence et dans une impréparation insensée de répondre à la pénurie de l'approvisionnement en eau domestique par des restrictions que l'on impose dès lors aux Bretons. Sur les secteurs les plus concernés comme la Presqu'île de Crozon, la solution ne réside pas dans ces mesures restrictives puisque les périodes de sécheresses se répéteront irrémédiablement dans les années à venir. Dès à présent il faudrait agir autrement et instaurer des quotas de séjours en Bretagne afin de préserver ce qui peut l'être pour que l'eau soit disponible avant tout aux Bretons, tout au long de l'année.

On devrait voir plus souvent cette signalétique en période de crise majeure


que celle-ci un tantinet contraignante.
A quand un compteur intelligent pour contrôler et limiter notre consommation d'eau ?


Dans un communiqué du 12 juillet dernier, la Communauté de communes de la Presqu'île de Crozon - Aulne Maritime (soit 10 communes totalisant 22 400 habitants permanents en 2019) appelait à la vigilance pour la consommation en eau. Le communiqué expliquait que les premiers seuils d'alerte étaient atteints le 11 juillet du fait "des fortes chaleurs et l'augmentation de la population sur le territoire". Avec 6 millions de visiteurs par an dans la presqu'île (chiffre du journal "Le Parisien" de juillet 2020 à réactualiser à la hausse en 2022) il y a effectivement de quoi suffoquer. Face à ce péril écologique, les élus de la Communauté ainsi que les maires se mobilisent pour appeler à la responsabilité de chacun dans un sursaut de civisme en modérant l'usage de l'eau. La surconsommation démesurée et effrénée du paysage crozonnais et son impact sur l'environnement, avec ces nombreuses nuisances et interdictions, devrait les ramener à la raison.

Déjà faudrait-il, pour satisfaire pleinement leurs souhaits, interroger les touristes (et les Bretons eux-mêmes d'ailleurs) pour savoir s'ils savent que le Finistère a été placé au niveau le plus haut de la situation de crise pour la sécheresse et quelles sont les mesures contraignantes qui l'accompagne; on a certainement pensé à installer des panneaux à l'entrée des plages et des parkings pour le signaler. A n'en pas douter des haut-parleurs ont été fixés sur les mairies pour haranguer la foule lors des marchés hebdomadaires en s'appuyant sur le trilinguisme de l'Office du tourisme. Ou peut-être encore à s'équiper en véhicules électriques ambulants pour traquer le récalcitrant. Sûrement. C'est tellement tendance.

Ensuite, il faudrait contrôler le comportement de chaque usager lors des ouvertures du robinet. En cas de fortes chaleurs, 1 degré d'augmentation c'est presque 1000 m3 d'eau supplémentaire consommée à partir des réserves de l'Aulne d'après le vice-président du département et président du syndicat mixte de l'Aulne, Jacques Gouerou. On le voit bien, et surtout si le mercure s'affole avec plus de 35 c° de température, il est inconcevable d'imaginer un vacancier qui limiterait ses douches, un camping-cariste à renoncer à son réservoir ou à un occupant d'une maison secondaire à faire une croix sur un séjour à Crozon pendant l'été. Le geste de tirer la chasse d'eau se démultiplie et devient nécessaire, pour des questions d'hygiène et de salubrité publique, dans le cas d'hébergement collectif.  Avec 19 campings et 4 centres d'accueil c'est autant d'actes de consommation d'eau qui augmentent, à rajouter au "Festival du Bout du Monde" et ses 60000 spectateurs. A l'évidence les seuils de déficits en eau ont été dépassés dans la presqu'île, à lire le flash info du 09 août de l'Epaga (Etablissement Public d'Aménagement de Gestion du Bassin Versant de l'Aulne) qui confirme que les ressources en eau de l'Aulne et du lac du Mont St Michel alimentent actuellement la presqu'île de Crozon. 

En période d'étiage des rivières, la sécheresse accentue la baisse de la ressource en eau disponible, à répartir entre l'agriculture, l'industrie, les touristes, les ménages et les milieux aquatiques. On connaît les solutions pour ralentir le pompage et l'irrigation de l'eau dans l'agriculture intensive. On se doute que les ménages finiront par être pénalisés et que l'industrie devra être exemplaire en améliorant la gestion circulaire de l'eau. Mais sans vouloir stigmatiser le tourisme puisqu'il ne serait pas question de l'interdire, à choisir entre une activité secondaire et une activité vivrière, le choix de modéliser des quotas de visiteurs en Bretagne apparaît comme un enjeu de préservation des ressources en eau pour la Bretagne, ses acteurs économiques dans son ensemble et surtout pour son environnement parce c'est encore lui qui va trinquer en premier.

Autre lieu, autre cas de figure mais la réflexion est la même sur la régulation des touristes

https://france3-regions.francetvinfo.fr/corse/on-pourrait-aller-vers-d-avantage-de-regulation-face-a-la-hausse-de-la-frequentation-du-gr20-des-quotas-pourraient-etre-instaures-2596676.html?utm_medium=Social&utm_source=Facebook&fbclid=IwAR0Ql42ezxCCO5k07xoyMC_B9sWn_RFJwHnZdAbGlGdgbWqjH0fd8F1-Q0w#Echobox=1660580256-4


Ce n'est pas verbaliser qu'il faut faire mais réguler


mardi 9 août 2022

L'appât du gain facilite l'artificialisation des sols

A rebours de l'objectif du Plan Biodiversité "zéro artificialisation nette", la commune de Plougastel-Daoulas continue le rachat de parcelles naturelle et agricole dans le but de créer une nouvelle zone d'activité appelée ZAC Ty ar menez III. L'emprise au sol de cette ZAC couvrirait presque 14 ha de terres, dont la mairie en a fait l'acquisition dans sa presque totalité, pour un montant estimé à 645000 euro. 

Presque dans sa totalité, car d'après les informations administratives à la disposition d"A Quoi ça serre", seule une parcelle boisée de 1 ha située au centre du projet n'aurait pas été encore vendue à la commune (informations juillet 2022). D'après toujours ces informations, plusieurs propriétaires se partageraient en indivision ce carré boisé dorénavant menacé de destruction. 

Lisière du bois au Fresk

Pour approcher les propriétaires, l'association leur a adressés un courrier en date du 25 juillet dernier dont voici le contenu :

"Je suis le représentant d’une association de protection de l’environnement à Plougastel-Daoulas qui se nomme « A quoi ça serre ». Nous avons été saisis par le projet communal de rachat de fonciers pour la future ZAC Ty ar menez III implantée sur le secteur du fresk. A la lecture des documents administratifs à ma disposition, vous êtes propriétaires en indivision pour la parcelle « section CK n° 41 » d’une surface totale de 10075 m2, aujourd’hui boisée sur sa globalité.

Ce courrier a pour unique objet de vous sensibiliser à la nécessité de conserver en l’état votre espace naturel comprenant un certain intérêt écologique en terme d’essence d’arbres et d’une faune et flore restant encore à découvrir.

Vous êtes détenteur/détentrices d’un sous bois d’une valeur inestimable, en comparaison à l’ensemble des dégradations écologiques qui nous enserrent de plus en plus, et de plus en plus fréquentes. Le gain dégagé par la vente de cette parcelle en vaut-il vraiment la chandelle au regard des enjeux de préservation d’espaces naturels soumis pourtant à la tentation de l’artificialisation définitive des sols ?

Que ce soit clair, en tant que sentinelle de l’environnement, je ne compte pas vous convaincre du bien fondé de ma démarche, mais si un/une seul.e d’entre-vous acceptait de refuser de se soumettre à la loi destructrice de l’extension, en rejetant l’offre de rachat par la commune de Plougastel-Daoulas, alors vous seriez de ceux et celles qui empêcheraient que la maison brûle un peu moins vite.

Bien à vous. David Derrien"

15 jours plus tard et sans grande surprise, ce courrier est resté sans réponses des propriétaires. Ce silence méprisable prouve une fois de plus que la préservation d'espaces naturels et de terrains destinés à l'activité agricole n'est pas la priorité de propriétaires de terrains. Sans doute héritiers de fonciers à leurs yeux sans grand intérêt, leur vente sera une aubaine inespérée pour des personnes plus appâtées par un gain facilement obtenu, fortement aidé en cela par les incessantes modifications du PLUi de Brest Métropole. 

Alors devant le peu de considération de ces personnes à la préservation d'un espace boisé, préférant laisser à d'autres générations la gestion du désastre, il est de bonne guerre de leur donner un nom pour qu'ils sortent de l'anonymat :

A.M. Tanguy, M. Bathany, M. Belegaud, J. Breysse, M.T. Cariou, B. Vincent, sans oublier tous ceux et celles qui ont déjà cédé à la cupidité sans scrupules.

La parcelle boisée de 10000 m2 vouée à la destruction