Abeilles et bourdons : les insecticides tueraient à faibles doses
Par Sciences et Avenir
Des insecticides comme le Gaucho et le Cruiser ont des effets délétères à faibles doses sur les abeilles domestiques et les bourdons sauvages, selon deux études. L’utilisation de ces produits, les plus employés au monde sur les cultures, doit être revue d’urgence, selon les auteurs.
C’est
une bombe à fragmentation qu’ont lâchée hier des chercheurs français et
britanniques. Selon leurs études, publiées aujourd’hui par la revue
américaine Science, les néonicotinoïdes, ces
insecticides systémiques introduits dans les années 90,
devenus les plus courants pour les cultures du monde entier, ont à faibles
doses des effets puissamment délétères sur les abeilles domestiques et les
bourdons sauvages.
Elles éclairent d’un jour cruel la disparition des pollinisateurs et le syndrome d’effondrement des colonies qui menacent à terme de nombreuses cultures, sans parler de la production de miel. Tout d’abord, les résultats montrent indiscutablement –c’est une première- les effets sévères de faibles doses de néonicotinoïdes sur le nourrissage, la croissance, la reproduction et l’orientation des insectes.
Moins de reines chez les bourdons
Peneloppe Whitehorn, de l’Université de Stirling
(Royaume Uni) et ses collègues ont ainsi exposé des colonies
de bourdons (Bombus terrestris) en développement
à des faibles niveaux d’un néonicotinoïde appelé
imidaclopride et commercialisé sous le nom de
Gaucho.
Les doses utilisées étaient comparables à celles auxquelles les insectes sont exposés dans la nature. Les chercheurs ont placé les colonies dans un terrain clos où les bourdons ont pu s’alimenter- dans des conditions naturelles - c’est le point fort de l’étude. Les chercheurs ont pesé les nids (comprenant les animaux, la cire, le miel, les larves, le pollen) au début et à la fin de l’expérience.
Les doses utilisées étaient comparables à celles auxquelles les insectes sont exposés dans la nature. Les chercheurs ont placé les colonies dans un terrain clos où les bourdons ont pu s’alimenter- dans des conditions naturelles - c’est le point fort de l’étude. Les chercheurs ont pesé les nids (comprenant les animaux, la cire, le miel, les larves, le pollen) au début et à la fin de l’expérience.
Premier
constat : les colonies exposées à l’imidaclopride avaient pris 8 à 12% de
poids en moins que les autres colonies, suggérant qu’elles s’étaient moins
nourries. Plus terrible et surprenant : elles avaient produit 85% de
reines en moins ! Or, la production de reines est en lien direct avec
l’établissement de nouveaux nids après le dépérissement hivernal…S’il y a
85% de reines en moins, cela peut signifier 85% de nids en moins l’année
suivante. De quoi expliquer, peut-être, le déclin de ces animaux qui
disparaissent en Amérique du Nord et dont trois espèces sont éteintes
désormais en Grande Bretagne.
«Les
bourdons pollinisent de nombreuses cultures : fraises , framboises,
myrtilles etc.. ainsi que des fleurs sauvages, explique Dave
Goulson, l’un des co-auteurs. L’utilisation des
néonicotinoïdes dans les cultures est clairement une menace pour leur
santé et doit être revue de toute urgence ».
Les abeilles se perdent
De
leur côté, Mickaël Henry et Axel Decourtye, de l’Inra
d’Avignon, ont fait plus fort encore: ils ont équipé individuellement plus
de 600 abeilles domestiques de
puces RFID ultra-légères, collées avec un ciment dentaire
sur leur abdomen. De quoi suivre les allées et venues des butineuses entre la
ruche et l’environnement. Après leur capture, certains insectes ont été
invités à siroter de faibles doses d’un néonicotinoïde appelé
thiamétoxam(commercialisé sous le nom de
Cruiser). Cinq fois moins que la dose autorisée dans la
mise d’autorisation sur le marché.
Résultat
? Les abeilles «traitées» avaient deux à trois fois plus de
risques que les autres de mourir, perdues, à l’extérieur de la
ruche. Probablement parce que le pesticide interférait avec leur système
de localisation de la ruche, avancent les chercheurs.
Ces
derniers ont ensuite développé un modèle mathématique simulant la
dynamique de population des abeilles. Lorsqu’ils ont incorporé la
mortalité due à un manque de localisation dans la simulation, le modèle a
prédit que les populations d’abeilles exposées au pesticide devaient
«chuter à un niveau tel qu’il ne permettrait plus leur
rétablissement». Il y a donc de quoi expliquer là pourquoi
certaines colonies se vident et s’effondrent. Sans recourir à des
causes multifactorielles (monocultures, parasitage etc), ni même invoquer
les effets néfastes de possibles cocktails de pesticides, voire même de
pesticides et fongicides dans la nature.
Les procédures d'autorisation en question
Des
soupçons pesaient déjà sur ces pesticides innovants, dits systémiques,
parce qu’ils enrobent directement les semences. Mais les
industriels se sont toujours vigoureusement défendus en arguant que leurs
produits étaient bien loin de contenir des doses létales -testées en
laboratoire- pour les pollinisateurs.
Il
semble aujourd’hui qu’il faille totalement revoir les procédures
d’évaluation et d’autorisation de mise sur le marché de ces pesticides,
dont les composés agissent sur le système nerveux central des insectes et
se disséminent via le nectar et le pollen des fleurs cultivées. Un
argument dont les apiculteurs, déjà en guerre contre le Gaucho et le
Cruiser, ne manqueront pas s’emparer.
Les
autorités de régulation du monde entier ont désormais de quoi réexaminer
les conditions d’autorisation de ces pesticides. Il ne fait pas de doute
que l’industrie des produits phytosanitaires contestera ces études ou
tentera d’obtenir des délais pour leur remplacement. La bataille engageant
la survie des pollinisateurs -et de nombreuses cultures- est sans doute
loin d’être terminée.
Bonjour Monsieur,
RépondreSupprimerNous sommes des étudiants du Pôle ESG, une école de commerce à Paris. Nous avons récemment travailler sur un projet pour une marque vestimentaire bio qui s'appelle Hoody-B (www.hoodyb.com). C'est une marque qui défend les produits bio. Nous avons fait pour sa promotion une court métrage muet qui reprend le concept du film The Artist. Voici le lien : http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=6WhNoMYsd_k
Si cela vous paraît intéressant (ou si ça vous donne bonne humeur), est-ce que vous pouvez y aller regarder et éventuellement la partager ?
Je vous remercie d'avance.
Bien cordialement,
Ying Liu
Etudiante du Pôle ESG