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mercredi 30 décembre 2020

A Larmor, la mer ronge !

(Plougastel-Daoulas, décembre 2020). Le sentier côtier de Larmor est très fréquenté


la haie de petites arbustes commence à céder face à l'assaut des vagues

En plein coeur de la rade de Brest, orientée plein Ouest, la grève de Larmor à Plougastel accuse le coup de la montée des eaux. Victime de la première tempête hivernale, le flanc végétal a cédé tout au long du sentier côtier. Sur sa partie la plus élevée, la courbure du chemin frôle même dangereusement avec le précipice, creusé par la succession du martèlement des vagues. Durant ces 48h un pan entier de terre a cédé, entrainant avec lui la chute de bloc de pierres. 
En l'absence cette dernière huitaine de jours d'un gros coefficient de marées, la situation devient potentiellement dangereuse pour les promeneurs, inconscients de la proximité du gouffre et de la fragilité de la falaise, si de surcroît, la combinaison d'une forte marée avec la tempête suivante était coordonnée. 
La mairie serait bien avisée de prendre un arrêté municipal afin de condamner dans l'immédiat l'accès au sentier, une mesure fortement recommandée par l'association "A quoi ça serre".  

La grève de Larmor à Plougastel



Le sentier qui surplombe la grève





 

samedi 12 décembre 2020

E. Coli. Quand une crise sanitaire masque un risque sanitaire

Pors guen, un havre de pets

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Après avoir saisi la Cada (commission d'accès aux documents administratifs) l'association de protection de l'environnement "A quoi ça serre" a fini par avoir légitimement gain de cause. Qu'exigeait l'association auprès de cette commission ? Que l'ARS Bretagne lui remette une copie des résultats des prélèvements d'eau réalisés dans le périmètre de la plage de pors guen à Plougastel-Daoulas, effectués le 23 juillet 2019. Cette demande faisait suite à deux choses : 

- la première était liée aux mauvais résultats bactériologiques d'un échantillon d'eau prélevé le 15 juillet 2019 par un adhérent, en sortie de l'exutoire, qui avait suspecté une eau trouble stagnante, qualifiée par la suite, et selon la mairie de Plougastel de "résidus de crème solaire", car détentrice tout comme BMO, des résultats du laboratoire,

- la seconde sur le fait que l'ARS ait refusé de transmettre à l'association les résultats du 23 juillet 2019 comme elle s'était engagée à le faire auparavant.

Dans un courrier en date du 04 août 2020, adressé à l'association, l'ARS se targue "d'être très vigilante sur les résultats obtenus dans le cadre du contrôle sanitaire des prélèvements réalisés au niveau du site de baignade (...). La plage est aujourd'hui d'excellente qualité." 

Pors guen. 3 barrières ceinturent la sortie de l'exutoire en réponse à la contamination de la plage. Est-ce suffisant ? En tout cas aucune information indique pourquoi elles ont été placées à cet endroit 

Comme toute administration publique pourvue de compétences propres, voire de pouvoirs disproportionnés, l'ARS dispose d'une doctrine exclusive à ses missions dont une consiste à vérifier la bonne qualité des eaux de baignade. Cette doctrine repose sur des normes qu'elle qualifie elle-même "de valeurs impératives" concernant les seuils de contamination bactériologique à ne pas franchir. A la lecture du tableau ci-dessus, il est compréhensible que l'ARS ait estimé ne pas vouloir communiquer publiquement sur l'état de salubrité de la plage de pors guen, à voir un seuil dont les valeurs ont explosé, par rapport à leur norme du premier tableau (depuis d'autres prélèvements ont été effectués, confirmant la pollution à haute dose des eaux d'écoulement). 

Mais peu importe après tout que ce soit l'ARS qui se fourvoie, car l'Agence n'est pas la seule dépositaire de ces résultats désastreux; la mairie de Plougastel et BMO étaient eux aussi informés de l'état d'insalubrité des lieux, et avaient pris connaissance des taux élevés d'E. Coli, concentrés à forte dose dans le sable d'une plage fréquentée fortement en cette période estivale. Si ces administrations savent que l'origine de cette pollution est due à un système d'assainissement défectueux, rien n'a été fait pour éviter une exposition potentiellement toxique auprès des usagers de la plage et notamment des enfants. A la minute où la mairie a pris connaissance des résultats du 23 juillet 2019, elle devait déclencher dans l'urgence une procédure communément admise autour du totem du principe de précautions. Un arrêté municipal s'imposait comme le recommande l'ARS. Mais ce n'est pas la seule baignade qui devait être interdite, c'est une fermeture complète de la plage qui aurait du être exécutée car non seulement les eaux de baignade peuvent être contaminées mais bien plus probablement le sable grossier qui tapit la crique. A l'inverse, en 2020, le maire de Plougastel a milité pour une ouverture immédiate des plages suite à la fin du premier confinement, exposant derechef ses administrés et les touristes à un potentiel autre risque sanitaire. 

D'ailleurs, les panneaux de signalement de la qualité des eaux de baignade installés à l'entrée du site n'ont jamais mentionné auprès du public les informations relatives à ces prélèvements; sous couvert d'une transparence affichée à grands coups de tableaux et de commentaires techniquement rassurants, les autorités locales camouflent une bien autre réalité peu reluisante, qui viendrait entacher la réputation d'une commune qui ambitionne d'être une étape touristique. 

Un exutoire potentiellement polluant sur une autre grève de Plougastel ? 

L'association "A quoi ça serre" quant à elle, ne compte pas en rester là. Dans un article du Ouest-France du 27 juillet 2020, l'adjoint aux travaux de Plougastel-Daoulas déclarait, à propos de cette affaire, que l'association maniait le mensonge. En tant que porte-parole de l'association, je vais régler cela comme il se doit.





 

vendredi 11 décembre 2020

Bretagne, terre de révolution agricole

Douar ha Frankiz

Communiqué de la commission écologique

Partie 1

Alors que les breton·ne·s prennent de plus en plus conscience du désastre écologique en cours depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale et le remembrement, le Conseil Régional et son président Loig Chesnais-Girard s'entêtent à maintenir le système agricole intensif.

Petit rappel des faits : au début du XXe siècle, le bocage constitue la majeure partie des terres agricoles de Bretagne. L'espace est morcelé en petits terrains, délimités par les fameux talus ou haies (plus présentes dans le pays Gallo). Ce maillage paysager a des vertus écologiques majeures. Il limite l'érosion et contribue à la rétention des éléments nutritifs du sol, limite le ruissellement de l'eau non retenue par les plantes, permet de réguler le débit des rivières et limite les crues. Il participe aussi à l'absorpsion des nitrates par les végétaux et à l'épuration de l'eau. Ces talus et haies participent au maintien de la biodiversité, à la lutte contre le réchauffemement climatique... Ce maillage paysager est également un atout agronomique car il constitue un réservoir d'espèces auxiliaires, une protection des cultures et du bétail contre les intempéries, une ressource économique supplémentaire via l'exploitation du bois énergie.

















À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, sous pouvoir gaulliste et avec la contribution bretonne du CELIB, il a été décidé que la Bretagne deviendrait la terre d'élevage de l’état français. Les talus et haies, malgré tous leurs avantages, devenaient un obstacle à la production intensive. Ils ont été détruits pour permettre la constitution de grandes parcelles et faciliter l’utilisation de tracteurs, de moissonneuses-batteuses, d'outillages de plus en plus grands et de plus en plus volumineux. Il s'agissait, à l'époque, de s'engager dans la modernisation, à la condition d'endettements pour financer l'achat d'équipements permettant d'augmenter la productivité.

Dans un premier temps, l’économie bretonne connu une forte croissance et ce nouveau modèle agricole était largement concensuel. Actuellement la production a atteint un tel niveau que la Bretagne est la première région agroalimentaire d'Europe (élevage pour la viande, abattage, production d'aliments, production légumière). Si on considère les secteurs du lait, du porc, de la volaille et du bovin, la région Bretagne ne consomme que 6% de ce qu’elle produit ! Le reste, soit 94 % de sa production, elle l’exporte en France et dans le reste du monde. Et en définitive, c’est en Bretagne que le sol est détruit, c’est en Bretagne que les ruisseaux, rivières et mers sont pollués, et c’est bien la Bretagne qui se retrouve dépendante d’une industrie agro-alimentaire lourde en conséquences sociales.

Le remembrement, la monoculture et l'élevage intensif à outrance ont eu des conséquences frappantes comme le détricotage du tissu socio-économique breton. Les petits producteurs ont mis la clé sous la porte pour se tourner vers d’autres métiers, une aubaine pour l’agroalimentaire qui avait besoin de main d’oeuvre.

Le modèle économique de l’agriculture intensive amène une dépendance aux grandes coopératives pour vendre la production, un endettement pour acheter du matériel ce qui entraine un grand mal-être chez les agriculteur·ice·s dont témoigne le taux de suicide le plus élevé de toutes les professions. Du côté de l’environnement, les nitrates, déchets de l’industrie de l’élevage, se déversent dans les rivières et dans la mer, avec pour conséquences une destruction de la biodiversité ainsi que la mort de personnes et d’animaux à la suite d’intoxications aux émanations d’algues vertes (cf baie de Saint Brieuc).

Partie 2

Face à ce désastre social et écologique, l’exécutif régional, mené par Loig Chesnais-Girard, (malgré son affichage "écologique") continue de financer l’élevage intensif, via son Plan Volaille par exemple. La Région Bretagne prévoit ainsi de financer 100 fermes usines où seront parqués 30 poulets/m². Pire, à Langoëlan (Bro Gwened), l’exécutif a décidé de financer un poulailler de 120 000 poulets alors que l'étang du Dourdu, source du Scorff site Natura 2000, se situe en contre bas. À travers son projet collaboratif SMILE, le conseil régional promeut une solution bien particulière : le capitalisme vert. En effet, un des projets (Green Pig) veut rendre « vert » et « animal-friendly » (c’est-à-dire "ami des animaux") la production intensive de porc. Le côté vert est obtenu via la production d’hydrogène à partir de l’urine de porc et la production d’électricité via des panneaux photovoltaïques. Il est inutile de pointer dans le détail le non-sens de ce genre de projet.

Douar ha Frankiz souhaite la prise en compte des enjeux sociaux, économiques et écologiques via le soutien d’une agriculture paysanne et agroécologique.

La rentabilité, l'import-export à tout prix, la spéculation et la finance sont à bannir pour un objectif de production de nourriture saine, des aliments riches en vitamines et oligoéléments pour nourrir les humains. La Bretagne se doit d’impulser une nouvelle dynamique attendue par tous. À l'heure de la nouvelle PAC (dont les versements dépendent du nombre d’hectares), il faut en finir avec le maïs et le soja OGM d'Amérique du Sud. Nos sols peuvent produire légumes, fruits, oléagineuses, légumineuses, céréales et herbe pour une agriculture équilibré et novatrice permettant à tous de se nourrir avec des produits sains.

La Bretagne est à saturation avec 3 fois plus de cochon que de Breton·ne·s. Depuis les sources du centre Bretagne jusqu'à la mer, notre terre a été rincée de lisier et de pesticides, nous en avons pour des décennies de pollutions. Alors STOP !

Les éleveur·se·s sont mal traité·e·s, soumis aux banques et aux «coopératives». Les animaux sont sensibles et méritent de bonnes conditions de vie. Nous souhaitons la mise en place de régies publiques agricoles et de SCOP avec une réelle prise en compte, lorsque la question se pose, de la sensibilité des animaux. Durant la période de transition, les produits chimiques utilisés (pesticides, antibiotiques) devront figurer sur l'étiquetage des produits. Nous proposons une transition d'ici 10 ans de l'ensemble de la production agricole chimique vers une agriculture écologique qui vise la conservation des sols vivants, la qualité de l'eau et de l'air. Les paysan·ne·s engagé·e·s par des emprunts longue durée devront être accompagné·e·s et s'engager dans la production d'aliments sains. Un écosystème de structure de transformation des produits agricoles sera favorisé sur l'ensemble du territoire afin de se défaire des lois des grandes coopératives et tendre vers moins de quantité et plus de qualité. Une réforme foncière devra également être mise en place afin de véritablement favoriser l'accès à la terre pour l'installation de nombreux·ses paysan·ne·s. L'économie agricole se doit d’être basée sur une production et une distribution en autonomie locale redynamisant tout le territoire et faire revivre les campagnes.

Nous sommes pour la création d'un statut agricole nouveau avec un revenu mensuel assuré en cas d'engagement en système agroécologique.

Didier Lucas, vice -président de la chambre d’agriculture des Côtes-d’Armor, a déclaré : « Le vrai sujet, c’est qu’on ne peut plus continuer à produire de gros volumes non payés. Nous ne voulons plus ça : ce qui veut dire une baisse de l’élevage, davantage de prairies, la baisse des phytos, etc.» et « Je préfère aider des jeunes à s’installer, en associés, dans une agriculture qui produira moins, mieux, mais leur assurera plus de revenus et de sécurité…»

Ouest France, 1er décembre 2020 : https://www.ouest-france.fr/economie/agriculture/virage-a-180-degres-pour-l-agriculture-bretonne-7068444

Partout, les mêmes constatations. Il ne manque maintenant qu’une véritable volonté politique pour y parvenir. Il faut se donner les moyens de les mettre en place, avec plus de pouvoirs en Bretagne par l’autonomie et l’indépendance !