de g. à d. : B. MAHEO, D. DERRIEN, A. LE CAM, trois défenseurs de l'éthique dans le droit |
David DERRIEN
Ecologiste - Ecrivain libertaire - Léonais génétiquement modifié
Qui êtes-vous ?
mercredi 4 décembre 2024
Rencontre avec des citoyens garants du droit à Plougastel
mercredi 27 novembre 2024
Qui est David Derrien ? Piv out ?
Il vit à Plougastel-Daoulas. Engagé dans l'agro-écologie et le jardin collectivisé de "Il fait toujours beau à Plougastel".
Parcours politique
Faits marquants
√ Quatre élections locales (trois cantonales et une régionale)
Pour l’écologie sociale/radicale et
Pour le municipalisme libertaire
Pour une indépendance à l’Etat-Nation
Pour un confédéralisme démocratique
Douar ha Frankiz |
Parcours écologique
≥ Création du personnage de dédé l’Abeillaud en 2011
dédé l'Abeillaud |
Faits marquants
√ Actions communes avec les apiculteurs pro (FFAP)
en présence d'Alain David, ancien président-fondateur de la Ffap (vallée du restic, Brest, 2014) |
√ Candidature supposée à l’élection présidentielle de 2012 (voir les faits et l’effet sur le net)
√ Intrusions citoyennes pour dénoncer la vente de Round up dans des grandes surfaces de bricolage
√ Co-organisateur de la marche c/ Monsanto à Brest en 2013 puis organisateur des Marches suivantes à Guingamp (2014) et Carhaix (2015)
Marche contre Monsanto (Brest, mai 2013) |
Marche contre Monsanto (Guingamp, juin 2014) |
Marche contre Monsanto (Carhaix, mai 2015) |
Faits marquants
√ Condamnation de serristes pollueurs
√ Réunions publiques : gestion de l’eau et assainissement écologique, loi littoral, frelon asiatique
√ Rencontres publiques avec André Bouny (documentaire « Agent orange, une bombe à retardement), To Nga Tran (livre « Ma terre empoisonnée »), Isabelle Attard (livre « Comment je suis devenu anarchiste »)
En compagnie de To Nga Tran (Plougastel-Daoulas, 2017) |
Avec Isabelle Attard (Plougastel-Daoulas, 2020) |
√ Sentinelle de l’environnement et alerte sur les dégâts liés aux serristes, sur l’abandon de plastique agricole, sur l’assainissement non collectif défectueux et les dépôts sauvages
Et en vrac
≥ Militant anti-nucléaire, quelques actions avec Aïta, faucheur volontaire (occupation de
Une action avec Aïta à Sarzeau (2013) |
Parcours culture bretonne
≥ Permanent kendalc’h Penn ar bed (cercles celtiques) – Carhaix (fin des années 90)
≥ A participé aux prémices de la fondation du SLB à Carhaix (autour de 2000)
≥ Adhérent-fondateur « Mignoned Kreiz Breizh » à Carhaix (vers 2000)
Fait marquant
√ A l’initiative de la coordination de soutien aux prisonniers politiques, suite à l’attentat de Quevert (réunion publique avec les épouses des prisonniers en 2000, Egin-Carhaix)
≥ Adhérent de Sud santé puis de Sud asso et adhérent d’Ingalañ (commerce équitable) 2013-2016
≥ Adhérent-fondateur de « Il fait toujours beau à Plougastel » association agro-écologique (2020→ )
Parcours commerce équitable / Economie sociale et solidaire
√ Scolarisation en filière agricole au Legta de Suscinio, Morlaix-Ploujean (1986-1992)
√ Formation longue dans l’élevage ovin (1996-1998)→ projet installation élevage bio en Bretagne
√ Gérant d’une entreprise d’éditions (Edica Breizh 2005-2010) dont des livres : « ar boled mean » de Reun L’Hostis, « Diwan, hiziv » Edipaj, « Ar peñse e Bro Leon » Mikael Madeg + ouvrages sur la peinture en Bretagne (Fañch Michelet-Nicolas "l'art celtique contemporain")
√ Statut d’agriculteur : permaculture avec Nature et Progrès (2016-2018) puis maraîcher AB dans l’Yonne (2019)
√ Etudiant 1ère année LLCER-parcours breton à l’UBO de Brest (2020-2021)
mardi 26 novembre 2024
"La bête au coin du cimetière", un récit contre les oppressions
Grâce aux "éditions des montagnes noires", éditeur basé à Gourin, le livre "La bête au coin du cimetière", dont je suis l'auteur, sera édité courant mars 2025. En attendant sa publication, je dois fournir aux prochains lecteurs une explication de fond, sans rien omettre, en commençant par la genèse du récit.
Parce que c'est bien de cela dont il s'agit, d'un acte de création, surgi à partir d'un fait réel, sournois et inhumain. Immédiatement, j'ai fait le lien avec les différentes formes d'oppression exercées sur nos existences et plus particulièrement celles traumatisant les femmes. A ce niveau d'inhumanité, il est inutile d'évoquer ici la condition de la femme. C'est justement ce que l'on a blâmé à Euphrasine, la condition même de son existence, celle qui régit nos consciences à nous extirper, à nous exprimer, à nous bonifier.
Dans un premier temps, pour approcher ce que vécut Euphrasine, j'ai dû tenter, en tant qu'homme, d'enrôler son fardeau, celui d'une femme martyrisée, qui plus est enceinte de son amant. Cette recherche de similitude semble avoir bien ensemencée puisque parmi les personnes qui ont accepté de corriger l'écriture, beaucoup étaient des mères, aucune n'a émis un aveu douteux sur la façon dont j'incarnais l'une d'entre elles. C'était déjà un bon présage pour la suite.
Puis, il a fallu décrire les raisons pour lesquelles Euphrasine fut séquestrée dans une soue. A partir de ce drame, j'ai trouvé un prétexte pour dégueuler mon dégoût des dogmes en tout genre et en premier lieu celui de la religion car, en effet, le propos verse dans une opposition aux croyances nettement soutenue par une vision anticléricale. A ce stade, une précision s'impose, il ne s'agit pas d'une posture agressive contre les chrétiens, après tout, ils s'occupent comme ils veulent, mais bien d'une réaction contre l'oppression (la guerre est souvent une comparse de la religion, je ne l'ai pas oublié, ni la domination de l'homme sur l'homme). Au fait, tous ces sujets, un siècle plus tard, ne sont-ils toujours pas d'actualité ?
De quel type d'oppression s'agit-il dans ce livre ? Celle qui annihile la Connaissance. "Donnez des livres à un enfant et vous en ferez une menace. Donnez une croix à un ou une incrédule et vous en ferez une brebis." Euphrasine voulait fuir les carcans dont elle saisissait le dessein, faire d'elle une ignare et lui confisquer son ignorance car c'est elle qui vous grandit. On lui a fait comprendre par le pire que c'était inadmissible, à chacun sa condition, à chacun sa croix.
A votre avis, combien d'hommes et de femmes ont subi le joug des oppressions parce qu'ils revendiquaient une capacité à sonder le monde ? Vous ne savez pas ? Moi non plus. Puisque contraints au silence, ce sont toutes et tous des opprimé.es. Et que mieux qu'un Anarchiste pour leur réattribuer la parole.
D. Derrien
Vous pouvez dès à présent réserver un exemplaire en m'adressant un courriel à disentus@gmail.com. Précisez s'il faut prévoir un envoi postal en m'indiquant une adresse. Premier tirage limité. Format 14 x 21 cm.
"Avec ce livre, David Derrien rentre dans l’histoire de la littérature bretonne avec honneur. Belle narration biographique." Fatia Folgalvez, militante bretonne avec une carrière de professeure au lycée Diwan à Carhaix
" Terrifiant et beau." Michel, correcteur et professeur à la retraite
"Je suis sûre que vous trouverez l'éditeur qu'il vous faut. Votre manuscrit le mérite." Editions Lunatique
"Texte très intéressant." Editions Goater
vendredi 8 novembre 2024
"La petite algérienne" et le résumé du manuscrit
LA PETITE ALGERIENNE
Sources
Archives familiales d’A.M. Gourvès, née le 21 janvier 1935 à
Bône (Algérie)
N.B. de l’auteur : Je tiens d’A.M. Gourvès l’information comme quoi son grand-père, colon français, aurait participé activement au pogrom de Constantine le 05 août 1934. Pourtant, aucune source disponible ne mentionne la présence de colons français.
Archives du département de Vendée, « La Voix de la
Vendée », « La Croix de Vendée »
Bnf Gallica, numéros du journal « L’Avenir de
Tebessa », gallica.bnf.fr/BnF
Ouest-France «L’épiscopat contesté de Mgr Cazaux »,
article du 27 mai 2014, intervenant : Michel Gautier (historien)
Site Internet : Mémorial de la résistance et de la
déportation en Vendée
Persée, Le développement géographique de la colonisation
agricole en Algérie, Henri Busson, annales de géographie, année 1898, pp
34-54 (46)
Partir « coloniser » l’Algérie dans les années
1890 : Respect des règles, initiatives, affranchissement, Christine
Mussard
Académie des Sciences et des Lettres de Montpellier. Séance
du 14 février 2011. « Colons en Algérie, histoire d’une famille
ordinaire ». Claude Lamboley
Presse Universitaire de Provence, « Antijudaïsme et
antisémitisme en Algérie coloniale, 1830-1964. Chapitre « Un moment
d’extrême tension entre populations » Constantine août 1934. Pp 181-202.
Geneviève Demerjian
Site Internet de La Ligue de défense juive, article du 05
août 2016, « Ni pardon, ni oubli : 5 août 1934 le pogrom de
Constantine en Algérie : 24 juifs tués »
Persée, Une émeute antijuive à Constantine – Charles-Robert
Ageron, Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, année 1973, pp 23-40
Documentaire écrit
Récit inspiré de faits réels (Les noms et prénoms de
certaines personnes ont été volontairement modifiés)
Reconstitution historique
Extraits des courriers authentiques
A.L. Pignol à droite sur la photo. 1910 |
Résumé
A.L. Pignol fut un odieux personnage. Colon algérien. Il profita de son statut de notable pour exécuter avec ferveur sa monomanie viscérale : ratonner du Juif. A.L. Pignol se sentait à l’aise dans son époque, dans laquelle l’antisémitisme agissait comme un catalyseur pour toutes les aversions et les persécutions envers une communauté toute entière.
Il rencontra puis épousera Marie-Jeanne Gilbert en 1905. Marie-Jeanne Gilbert fut elle-même la fille de migrants cultivateurs partis du Tarn-et-Garonne pour échapper à la misère et qui voulaient profiter d’une concession agricole d’Ain-Charchar.
Parents de deux filles, Henriette et Laurette, le couple fit l’acquisition d’un hôtel à Tébessa en 1910 permettant à A.L. Pignol d’accéder au rang d’élu de la République, à la fois à Tébessa mais également dans la commune mixte de Morsott. L’arrivée des Nazis au pouvoir en Allemagne et l’instauration de la collaboration en France ne feront que légitimer l’adhésion d’A.L. Pignol à un nationalisme d’extrême droite en Algérie.
Sa fille aînée, Henriette Pignol se mariera, contrainte, avec Charles Mingam, Breton de Daoulas, capitaine dans l’Infanterie française. Charles Mingam étant mobilisé en 1940, ils devront quitter l’Algérie pour déménager vers La Roche-sur-Yon. Très vite, dans le conflit, l’officier sera fait prisonnier. Son épouse devra seule, pendant plus de cinq ans, avec leurs deux jeunes enfants, éprouver les affres de l’occupation allemande en Vendée, se réfugiant dans la religion catholique pour y trouver un semblant de béatitude. Seule la correspondance qu’elle entretiendra avec son mari, emprisonné dans un Oflag, maintiendra l’espoir d’un retour.
Tout comme en Algérie, l’antisémitisme métropolitain, s’il ne fut pas encouragé par une majorité de vendéens, pourtant effacée et silencieuse, ne fut pas moins une discrimination extrême, à laquelle de nombreux Français, parmi lesquelles des notables religieux et des réactionnaires de droite, s’affilièrent soit avec frénésie et virulence, soit par allégeance au gouvernement de Vichy.
Ce récit d’une saga familiale, inspiré de faits réels, prend sa source à la fin du 19ème siècle lorsque des migrants français s’accaparèrent le territoire algérien. Il y est question d’implantation des populations, de l'antisémitisme ordinaire des Français, de conflits et de répits, de haine et d’amour, de vie et de mort.
L'exception culturelle française réside dans le fait qu'elle peut encore célébrer un antisémite comme Céline sans être jugée par la condamnation
samedi 19 octobre 2024
Extrait du manuscrit "La petite algérienne"
Documentaire écrit
Récit inspiré de faits réels
Reconstitution historique
Leur décision de migrer vers l'Algérie, cette inconnue lointaine que les rumeurs ajoutaient à l’envoûtement, avait été emprunte d’interrogations. Toutefois et peut-être sur injonction pressente de Michel Gary, les ultimes réticences s’effacèrent devant l'ombre de la misère qui s’abattait sur leur village, les mauvaises récoltes successives, et l’absence de perspectives pour leurs enfants. Tout s’enchaîna ensuite selon les prévisions de Michel Gary. Trois mois avaient suffit à l’exécution des différentes obligations administratives. Une certaine somme d’argent avait été versée à Michel Gary en prévision des dépenses liées au transport et aux premières nécessités dès la traversée de la Méditerranée achevée. Le ciel, ce matin-là, se barbouillait d’un bleu indéfini, à mesure que le soleil s’extirpait des ténèbres, crispé sur l’horizon. Antoine Gilbert sentit une boule se tapir dans sa gorge en s’attardant sur les vécus de ses parents, de ses grands-parents, et à tous les Gilbert avant eux qui avaient soulagé par leur travail cette terre. Il se demanda, au point de le tracasser, si partir serait pareille à une infliction qu’il ferait subir à leurs existences ou, au contraire, une tentative hasardeuse de poursuivre leur héritage ailleurs. Il inspira profondément, cherchant à déjouer ces ressentiments. Il n’avait pas le choix, il fallait être robuste pour sa famille, pour Jeanne et les enfants. La charrette était enfin complète. Antoine Gilbert aida son épouse à monter, suivie des enfants qui s’installèrent tant bien que mal sur les ballots. Puis il se retourna une dernière fois vers la maison, vers les champs qui s’étendaient à perte de vue, convoités par la seule lumière pâlotte et blafarde du matin déshabillé avec paresse de la brume collante. Une prière muette s’échappa des lèvres de Jeanne Gilbert. Après un claquement de langue, Antoine Gilbert fit avancer les chevaux. La charrette se mit en branle, titubant sur le chemin qui les emportait loin du village. A les écouter, le bruit âpre des roues sur les cailloux résonnait tel un piteux orchestre. À mesure qu'ils s'éloignaient, le village de Saint-Paul-d’Espis devint indéfinissable, jusqu'à ne plus être qu'une croûte sur son monticule. Le cœur engourdi mais empli d’une détermination indéfectible, Antoine Gilbert ne déviait plus les yeux du chemin qui se perdait maintenant devant eux, un chemin long de jours et de nuits avant d’atteindre Marseille. Leur avenir, imprévisible et pourtant si prometteur, séjournait à Gastu sur une concession de plus de
Après une traversée périlleuse due à une sérieuse tempête, le port de Philippeville qui se soumettait enfin à leur vision, scintillait dans la lumière éclatante du soleil méridional prétendu enlaçant. Après des instants éprouvés par le voyage, la famille Gilbert surprit la périphérie littorale d’un pays qu’on leur avait tant rabâché la beauté. Antoine Gilbert, le regard figé sur cette côte qui se détachait à mesure qu’ils approchaient de leur destination, ressentait un mélange complexe de soulagement et d’appréhension. Derrière lui, Jeanne Gilbert serrait la main de leur plus jeune fille, tentant de combattre son inquiétude par un sourire arrangeant. Pour les enfants, ce nouvel environnement était source d’excitation, une aventure que leurs jeunes esprits associaient avant tout à des histoires de pirates et de trésors perdus. Autour d’eux, le tintamarre du bateau qui accostait, se mêlait aux vociférations des marins, aux raillements des mouettes, et à l’agitation des passagers impatients de poser pied à terre soulagés à l’idée de se désamarrer définitivement de cette embarcation. Mais à peine accédèrent-ils au sol algérien que l’atmosphère s’imposa à eux avec une rudesse inattendue. Le port grouillait d’une activité incessante de dockers outragés par une chaleur qui déferlait sur leur peau particulièrement badigeonnée, tandis que les colons, fraîchement soulagés de leur ballonnement, tentaient de se repérer au milieu de cette effervescence chaotique. La langue arabe, impénétrable, mélangée au français parfois criard des officiers coloniaux, qui supervisaient le débarquement des nouveaux venus, bruissait de tous côtés. Pour les Gilbert, ce premier contact avec l'Algérie fut un choc culturel. Rien ne ressemblait à ce qu’ils avaient auguré. A part Michel Gary qui les accueillit comme indiqué à l’entrée du port. Il arborait un large sourire, comme pour dissimuler la tension palpable des quais. « Bienvenue en Algérie ! » S’écria-t-il en les rejoignant, bras béants, trop peut-être au goût d'Antoine Gilbert. Son enthousiasme sonnait curieusement creux à ses oreilles. Les promesses d’une vie prospère qu'il avait tant accommodée, s’effilochaient déjà face à la dureté du climat et à l'agitation désordonnée qui les enserraient. « Alors ? Et ce voyage ? Vous n’avez pas été trop secoués au moins ? Michel Gary était à son aise, étrangement accoutré selon les premières observations d’Antoine Gilbert, détail qui ne l’avaient pourtant pas alerté lors de leur entrevue à Saint-Jean-d’Aspis,
- Compliqué, lui rétorqua évasif et avare de mots le cultivateur, tout absorbé à l’ambiance grouillante des quais,
- Bien. Suivez-moi, nous allons nous éloigner du port. Nous allons pouvoir continuer à discuter à notre aise dans un troquet tout proche. Nous viendrons récupérer les chevaux et vos affaires quand la douane aura fait son travail. J’ai fait le nécessaire pour les formalités. »
Pour Karine
samedi 5 octobre 2024
Extrait du manuscrit "La petite algérienne"
Documentaire écrit
Récit inspiré de faits réels
Reconstitution historique
Au fil des années, l’Algérie Berbère, puis l’Algérie conquise, devient l’Algérie française. La IIIème République n’est pas que colonisatrice, elle est aussi dogmatique. Son régime prétendu démocratique doit s’exporter, être un modèle de laïcité, même dans les oueds les plus reculés dans l’intention politique de garantir à une nouvelle bourgeoisie, la prospérité qu’elle mérite. Les Français s’entichent de ce pays qui ne ressemble en rien à une ancienne province comme la Bretagne ou la Bourgogne. L’affection est telle que l’on pourrait comparer l’Algérie à une maîtresse qu’il faut tout à la fois escorter par le bras tant elle est ravissante et l’amignoter pour jouir de ses ressources, comparable à que ce que véhicule Huguette Pignol dans l’outrecuidance de sa jeunesse. Si Huguette Pignol naît à Constantine en 1908, son état civil mentionne une identité complètement française comme le rappellent les noms que portent ses descendants nés en France. Pourtant, de ce côté de la Méditerranée, cette généalogie métropolitaine peut sembler lointaine et ne rien signifier pour cette fillette de colons. Beaucoup de ces premiers migrants du sud de la France ont rejoint l’Algérie pour échapper à des conditions de vie modestes et sûrement sur le fil du rasoir à cause des crises agricoles, dans une ruralité qui tarde au 19ème siècle à sortir de la glaise, grouillante de nouveaux nés qui sont autant de bouches à nourrir. Quelle aubaine alors de voir les promesses offertes par ces nouveaux territoires conquis, des terres fertiles à perte de vue et des ressources naturelles qui restent à exploiter. Cette nouvelle ascension sociale, inaccessible en France, à moins de choir comme ouvrier ou ménagère dans une grande ville, accompagne l’expansionnisme français jusqu’au fin fond du désert, soutenue en cela par la fortification des villes arabes, car les résistances sont toujours coriaces. On s’enrichit souvent et pour les plus fervents nouveaux propriétaires terriens, le sentiment d’allégresse patriotique doit écraser tout ce qui faisait l’histoire des peuples de ces contrées poussiéreuses et indigentes. Si les aïeuls d’Huguette Pignol vivaient dans la pauvreté et la promiscuité, en Algérie ce ne sera pas leur cas. Là-bas, et même si on étouffe à cause du sable, si le soleil d’été est harassant, on portera la cravate et les femmes sentiront la fleur d’oranger. S’en est bientôt fini pour les membres de la famille d’Antoine Gilbert de tremper l’écueil dans le peu de soupe qui sent le chou. En Algérie, ne seront pas eux les culs-terreux, se persuade-t-il.
Depuis plusieurs jours,
Michel Gary arpente les routes du Quercy dans le bassin aquitain. Après être parvenu
par le nord à Montesquieu, il emprunte maintenant la route de La Barguelonne
pour descendre plus au sud. Sa prochaine destination est le petit village de
Saint-Paul-d’Espis, niché au fin fond du Tarn-et-Garonne, où il espère,
étranger à tout remord, harponner un pigeon qu’il pourra plumer, enfin, pas
complètement, car il ne faudrait pas trop éveiller les soupçons sur ses activités
illicites. Michel Gary, de sa véritable identité Raymond Bourdieu, est un
escroc et il est plutôt doué dans ce qu’il manigance et s’il fallait en douter,
son casier judiciaire vierge plaiderait pour lui, après plus de 10 ans employés
à des transactions frauduleuses. Michel Gary, puisqu’il se présente à partir de cet
état civil, est une espèce de financier au multiple facette fallacieuse et tant
que cela peut gonfler sa bourse. Faux titres de propriétés, placements maquillés,
Michel Gary ne s’attarde pas sur du petit larcin, il excelle dans de sournois rôles
de banquier, de spéculateur ou de libre-échangiste. En l’occurrence, en cette
période de l’année, il a endossé le rôle d’agent fiscal de l’Etat pour dénicher
des volontaires voulant migrer vers l’Algérie. Muni d’une carte administrative
contrefaite, il se faufile dans les mairies puis les fermes du canton pour engourdir
ceux qui auraient opter pour un aller sans retour vers un territoire lointain,
inconnu de la plupart des agriculteurs du Tarn-et-Garonne, afin d’acquérir des
terres dont on admire la fertilité des sols et l’abondance des récoltes.
D’allure plutôt avenante, assez rond sur pied, atteint d’une légère calvitie
qu’une fine moustache compense, valorisant une dentition parfaite, correctement
vêtu sans être extravagant, Michel Gary, aux premiers abords, sait
emberlificoter ses proies. Pourtant si ces pauvres hères n’étaient pas tant
aveuglés par ses billevesées, à l’évidence ils auraient pu souligner cette
légère grimace de la lèvre supérieure identique à un flehmen que l’on observe chez
les herbivores, signe chez lui d’une grande corruption intérieure. Cela
aurait-il suffit à éveiller chez eux le moindre soupçon ? Il eut fallu
avant tout être fin connaisseur en filouterie pour décrypter cette contorsion
de la lippe. La fin de l’été 1872 s’avère particulièrement brûlante et pénible
et c’est souvent que Michel Gary s’éponge le front avec un mouchoir détrempé,
l’agaçant outre mesure. « Allez ! Maintiens l’allure, bougre
d’animal ! » S’emporte Michel Gary. Dans sa minuscule carriole qu’il
mène au petit trot, se fichant éperdument, comme l’âne qui la tracte, des
paysages qu’il traverse, il peste régulièrement face aux derniers refus qu’il
vient de subir, « Je ne comprends pas, mon offre était quand même alléchante ! Une
concession à
jeudi 26 septembre 2024
Extrait de "La petite algérienne"
Documentaire écrit
Récit inspiré de faits réels
Reconstitution historique
Août 1945. retour de Guy Mingam de son emprisonnement dans un Oflag.
Huguette Mingam en 1945 |
Les retrouvailles des époux ont lieu à la gare Montparnasse. Huguette Mingam patiente depuis plus d’1 h en arpentant fébrile le grand hall, là où s’enchevêtrent des inconnus, la plupart Bretons en partance vers leurs familles, tout au plus bariolés de soldats frénétiques à l’idée d’une permission prolongée, qui chavirent vers une destination lointaine et désirée, où indistinctement se dispersent et se mélangent les brides de conversations que Huguette Mingam confond avec un bourdonnement incessant. Elle détient deux billets retour pour la gare de La Rochelle qu’elle serre fortement dans les mains de crainte qu’ils s’envolent peut-être. Plus certainement, elle s’accroche à ces deux ridicules petits bouts de papier pour être certaine qu’elle ne se trompe pas, les choses sont bien réelles pourtant. Le train est prévu au départ quai 2 dans un peu moins d’1h30, ce qui devrait suffire. Pendant qu’elle attend son mari, elle se questionne longuement, taraudée par tant d’années de séparation : « A quoi va-t-il ressembler, et moi est-ce que je vais le reconnaître ? Serais-je encore assez belle à ses yeux ? ». Huguette Mingam s’est apprêtée du mieux qu’elle pouvait, en tout cas en fonction de ce que sa garde robe dégarnie lui exhibait de plus habile pour plaire à Guy Mingam. Elle exagéra le détail jusqu’à tracer un trait au crayon sur l’arrière de ses bas résilles. La seule fantaisie visible qu’elle s’autorisa, en d’autres lieux on aurait pu l’allier à de la coquetterie, est ce foulard léger en soie, souvenir d’Algérie, qu’elle noua autour du cou. Mais même avec très peu, il ne doit en aucun cas être rongé par la déception dès qu’il l’apercevra. Elle détient peu d’informations quant à l’arrivée de l’ex-prisonnier, tout juste une heure approximative et que c’est une jeep américaine qui le déposera. De taille plutôt moyenne, elle doit parfois se mettre sur la pointe des pieds pour s’extraire de ces toisons, de ces casques et de ces chapeaux qui lui entravent la vue. Enfin, sans le discerner vraiment, ne serait-ce que parce qu’elle s’est égarée dans de nombreuses minutes épépinées, elle distingue un véhicule militaire, correspondant au modèle américain annoncé, débouler à vive allure et venir stationner devant la gare. Le passager qui s’en extrait est bien son homme, la taille de l’individu ne fait plus aucun doute maintenant sur l’identité de celui qu’elle chérit. A son approche, Huguette Mingam ne peut contenir le chagrin qui l’a dérange depuis un moment. A son allure, elle se doute que l’état d’affaiblissement dans lequel il patauge et son amaigrissement visible au flottement de la chemise, signalent un bilan de santé général équivalent à une sorte d’abrutissement. Pourtant le large sourire arboré, qui s’élargirait au-delà du faciès s’il le pouvait, focalise toute son attention. La décence de leur milieu veut que leur étreinte soit brève et discrète mais elle est d’une telle intensité que l’ensemble des muscles de leurs corps se raidit à tel point que Huguette Mingam est saisie d’une crampe fugace dans le pied gauche puisqu’elle doit se redresser pour l’agripper par le cou. Guy Mingam n’a pas de mots pour décrire ce qu’il ressent à revisiter cette femme récompensée à ses yeux par une beauté sans pareille. « Ses traits sont tirés, son regard un peu effacé, mais cela ne nuit en rien à sa beauté naturelle. Ses lèvres sont tièdes, c’est agréable», se dit-il. Après cet instant savouré par le couple, Guy Mingam finit par parcourir la foule à la recherche de quelques visages connus en tout cas qui se rapprochent des souvenirs qu’il en a, les enfants ont grandi : « Tu es venue toute seule ? Yves et Anne-Marie ne sont pas avec toi ? Huguette Mingam est presque soulagée que ce soit lui qui brise le silence. Le prétexte des enfants est une raison bien accommodante,
- Non, comme tu le vois. J’ai demandé à Mme Mérand de les garder le temps qu’il faudra. J’ai préféré venir seule pour que nous soyons plus à notre aise pour échanger tous les deux. Notre départ pour La Rochelle approche, si tu le souhaites nous pouvons déjà nous asseoir dans le compartiment, j’ai réservé nos places,
- Oui je veux bien Huguette. Je me sens quelque peu harassé. Et pourquoi la gare de La Rochelle ?
- Oh… Et bien la gare de La Roche-sur-Yon a été bombardée avec le départ des Allemands, donc pas de liaisons possibles pour l’instant. A La Rochelle un véhicule de l’armée doit passer nous prendre,
- Très bien alors, regagnons le train si tu veux bien. Je pense que nous aurons beaucoup de choses à nous raconter. » Tout en regagnant le quai 2, Huguette s’est accrochée au bras de son époux. Le pas défaillant de son mari lui permet de prolonger son étreinte et profiter pleinement de cet instant.
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L'association de protection de l'environnement "A quoi ça serre" (AQCS) de Plougastel-Daoulas prévoyait un programme compl...
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Récit en cours de rédaction. Quand des Français étaient antisémites 1 an après le retrait dans la débandade des troupes Allemandes et de le...
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Rédacteur : Franck Oppermann, porte parole. Lorsqu'il y a un an, David Derrien, a impulsé la création du Collectif « A quoi ça ...
Rencontre avec des citoyens garants du droit à Plougastel
A mon initiative, Bernard MAHEO (Anticor) et André LE CAM (ADCCP) ont accepté mon invitation afin de faire le point sur le rôle de citoyens ...