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lundi 11 novembre 2013

La tomate est rouge de colère

C'est un véritable front hétéroclite qui attendait samedi dernier au lieu-dit du cosquer à Plougastel, le rassemblement qui faisait suite à l'appel diffusé dans la presse. 


De gré ou de force le personnel employé par les serristes incriminés s'est joint au comité d'accueil hostile à toute condamnation des abus constatés, afin de faciliter l'extension de serres à Beauvoir (voir aussi l'article "A beauvoir un remblai qu'est pas beau à voir"). On avait dans ce groupe à la fois, des serristes, le représentant de la société de chasses, la famille, des salarié(e)s d'origines étrangères ou pas. Ces derniers, pour ma part, ont été instrumentalisés pour considérer la propriétaire de beauvoir comme une emmerdeuse et votre dédé l'Abeillaud, dont la gifle, administrée par une tapette à mouches par le propriétaire des serres, bien sous tous rapports, m'a ramené à ma condition pitoyable d'insecte indésirable.
Ce qui frappe dans un premier temps c'est le parallèle à faire avec la manifestation des bonnets rouges de Quimper : patron-salarié, pour certains main dans la main. D'ailleurs une des salariés arborait fièrement un bonnet rouge avec une pancarte à notre attention "re 'zo re", salariée qui ne se contenterait pas de travailler dans ces serres et aurait à priori des liens avec une des membres de la famille du cosquer. 
Habituellement le conflit social se focalise sur le respect du cadre du travail et le maintien de l'emploi face au patronat, qui  cherche à maintenir ou améliorer ses privilèges. Ici l'adhésion des salarié(e)s aux méthodes déployées par les employeurs pour réduire à néant toutes revendications sociales, pour s'abroger des règles fixées, est symptomatique d'une population prête à tout pour conserver son emploi, même si ce dernier est stigmatisant pour la condition humaine et donc la leur:
pénibilité liée à la chaleur, gestes répétitives (tendinites), accélération des cadences avec pointeuse (2T de tomates cueillies/pers/jour), salaire minimum de longue durée, pression psychique sur le personnel, poussée à la concurrence entre salariées, absence de la constitution de groupe d'intérêts sociaux, accentuation des embauches d'étrangers plus corvéables (10 % de la main d’œuvre dans le grand ouest) avec pour conséquence une pression accrue sur le reste du personnel,..."laissez tranquille mon patron" aurait-on pu lire aussi sur les pancartes.
Des patrons qui ont bien compris que leur intérêt réside dans la fuite en avant. La course à l'agrandissement des serres est peut-être plus qu'une course à la rentabilité. C'est davantage la nécessité de ne pas disparaître. D'ailleurs, ce phénomène d'agrandissement est connu, pour ceux qui sont en capacité d'investissement, dans d'autres domaines agricoles (cochon, lait,...),  au détriment d'une agriculture paysanne, de l'environnement, d'une production de qualité et du respect des uns et des autres. 
On dit que la direction de Saveol est sceptique sur les perspectives de maintien d'une activité de production industrielle telle qu'on la connait aujourd’hui et qu'elle s'essoufflerait dans une dizaine d'années, face à la concurrence de la tomate marocaine ou espagnole. Signe des temps ? Un serriste, face à l'incertitude des prix sur le marché de la tomate, ferait l'impasse sur l'achat de plants en prévision d'une vente déficitaire.
Si les pronostics de Saveol sont exacts, où seront alors ces employeurs le jour où il faudra prendre en charge et soutenir des personnes jetées à la rue ? Ce sont ceux-là mêmes qui poussent les gens à la confusion et à la colère qui les chasseront sans ménagement en cas de crise; ce que traverse l'entreprise Gad, ou la société Doux n'est pas réservé à ces seuls secteurs d'activité agro-industrielle en Bretagne. Il y aura de la casse, c'est sur, mais une casse sociale, car les serres, elles, resteront figées dans le paysage d'une friche industrielle. Pendant ce temps, les élu(e)s ferment les yeux, détournent le regard, laissent faire et depuis bien trop longtemps. Les candidats de la gauche aux municipales de 2014 à Plougastel sont silencieux et absents. Mais c'est vrai que s'attaquer à la justice sociale et aux respects de l'environnement à Plougastel-Daoulas sont suicidaires politiquement.





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