Melitta leporina |
A la différence de sa congénère à miel, la sauvage est nommée ainsi car elle ne soucie guère de son sort social ni de son rang au sein des siens. Certainement peu seule ni isolée elle chasse solitaire l'abondance des poussières florales. Elle en abuse même. Au point où sa quête se transformerait en perte sèche si, in fine, la récolte avait de la valeur capitalisable. En tout et pour tout, elle s’octroie à peine 10 % du pollen collecté. Sa tentative du magot s'éparpille d'une étamine à un autre pistil, faisant d'elle, et malgré elle, une remarquable pollinisatrice au point où la sauvage supplante la domestique qui affectionne davantage le nectar. Là où une armée d'ouvrières s'avérerait nécessaire pour polliniser un hectare de pommiers ou d'amandiers, quelques centaines d'abeilles maçonnes femelles de l'espèce Osmia Cortuna suffisent. Mieux. En leur présence l'assurance d'un haut niveau de production fruitière affole les pesées.
Osmia cortuna femelle |
Selon la saisonnalité elle pare son corps de métiers : maçonne, cotonnière, tapissière, charpentière...Elle extrait, découpe, broie, façonne une constellation de trous dans l'argile, dans du bois ou aux creux des dunes. Rien n'est conçu dans la précipitation au regard de l'empressement de la vie à la soustraire de l'ouvrage. Car son existence dans les fleurs se limite à quelques semaines, voire à quelques jours pour les mâles. Serait-ce alors sa rareté qui infléchirait l'obsession catégorielle à la traiter comme une latine castafiore à trop saupoudrer sa tête de pollen ? Melitta leporina, Megaliche parietina, Heriades truncorum, Osmia Cortuna. Des origines connexes et plus fallacieuses déchanteront les plus dévoués observateurs quant au maintien des populations.
En effet, à l'instar de la vedette apis meliffera, l'abeille sauvage connaît sans coup férir le déclin. L'agriculture intensive (monoculture), l'utilisation d'insecticides, le changement climatique et l’éradication des ressources alimentaires en sont la cause. L'Institut de recherche de l'agriculture biologique avance qu'en Europe centrale entre 25 et 68 % de l'ensemble des espèces* d'abeilles sauvages sont menacées. Une autre Institution est au chevet de l'abeille solitaire, l'Union Internationale pour la conservation de la nature : "Les abeilles jouent un rôle essentiel dans le maintien des écosystèmes et de la pollinisation des cultures. L'UICN appelle à des investissements urgents dans de nouvelles recherches sur les moyens d'inverser le déclin". Le commissaire de l'environnement de l'UE a qualifié les résultats de l'étude de l'UICN de "très inquiétants".
Inquiétant. Le mot est fidèle à sa réputation dans le cas des abeilles comme il peut l'être face à la multitude de déserteurs qui se parjurent dans la connivence des murs feutrés et les couloirs aphones de forteresses "cinq étoiles". L'état d'urgence est décrété. Ce petit monde est à protéger.
Informations complémentaires sur :
*750 espèces rien qu'en Europe
Abeille solitaire mâle |
Inquiétant. Le mot est fidèle à sa réputation dans le cas des abeilles comme il peut l'être face à la multitude de déserteurs qui se parjurent dans la connivence des murs feutrés et les couloirs aphones de forteresses "cinq étoiles". L'état d'urgence est décrété. Ce petit monde est à protéger.
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