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jeudi 4 mai 2017

Défection pour une déjection démocratique

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Mes derniers positionnements sur le second tour des élections présidentielles méritent peut-être quelques précisions sur mon histoire sociale qui ressemble de près à tout ce "petit peuple laborieux" et oubliés qui votera massivement pour Marine Le Pen.
Je suis affilié à des générations de travailleurs/petits paysans côtiers du Léon. Les plus proches de mes ancêtres santécois ont basculé dans le communisme au coeur d'un pays de culs bénis. Je ne connais pas leurs motivations. Ce que je sais c'est que leur lutte sociale se concrétisait bruyamment et principalement dans des altercations alcoolisées avec les culs serrés de la commune. Ma mère a baigné dans cette ambiance généreuse et, à son tour, a fréquenté des communistes de sa génération (je pense notamment au célèbre peintre navigateur Yvon Le Corre qui recherchait chez ma mère bien autre chose qu'un échange politique). Mais très vite le rôle de mère a supplanté celui de militante politique. 
D'aussi loin que je me souvienne mon père a toujours été sympathisant socialiste. Je comprends davantage les positions de mon père qui s'apparentaient plus à de l'intérêt particulier tout en affirmant faire déjà assez pour l'intérêt général. Chez nous, les Enarques et les hauts fonctionnaires, on ne les côtoies pas. Chez nous, si on fréquente un notable c'est parce que ma mère est femme de ménage. Chez nous quand on croise le patron c'est sur un chantier. 
Coincés dans des HLM ruraux, ces habitants ne connaissent pas l'ascenseur social. Les financiers publics préfèrent installer des escaliers. De toute façon les ouvriers connaissent la pénibilité au travail, un effort supplémentaire ne leur coûtera rien. L'effort social justement est une notion viscéralement présente dans cette classe inférieure. Je n'ai jamais entendu dans la bouche de mes parents les mots de progrès ou d'ascenseur social. Seuls les combats d'autrefois, assurent à la famille des prestations sociales. Moi, je sens déjà la discrimination sociale dans les regards et dans les attitudes élargissant la fissure des classes sociales. 
Comme tout bon parent, mon père aimerait sortir de l'ornière sociale son fils aîné (moi ) et le doter d'un bagage intellectuel. Le dico qu'il m'offre à l'âge de 9 ans m'aidera à plonger dans l'apnée de lectures abondantes, m'expulsera du socialisme français pour m'orienter vers le choix d'une vie : La Bretagne. Mes oncles et tantes aussi, de plus en plus, s'éloignent du socialisme devenu libéral et j'entends dans leurs propos revenir plus souvent le nom de Jean-Marie Le Pen. 
Pour sortir de week-end ennuyeux, les voyages dans les livres sont des lignes régulières. Ils m’emmèneront dans d'autres espaces, à la rencontre d'autres personnages. Est-ce à dire que c'est Kafka, Maupassant, Zola, Grall, Robin, ou Dostoievski qui m'ont sauvé de la noyade sociale et m'ont désorienté du dépit facile et de plus en plus prégnant de faire du FN un allié nationaliste, un ami blanc et un parent protecteur ? Certainement. 
En tout cas ce long apprentissage social, intellectuel et politique (oscillant entre l'autonomie, le vivre ensemble, l'anticapitalisme et l'autogestion) m'a aidé dans mes réflexions d'aujourd'hui sans renier d'où je viens et certainement pas ce que je suis devenu notamment sur mes engagements contre le Front National : il est certes agaçant de se faire rappeler à l'ordre par les biens pensants (flirtant avec la manœuvre politicienne) quand  après les élections on se comptera encore sur les doigts pour se mobiliser contre le FN dans des rassemblements. On s'en prendra encore plein la gueule parce que trop extrême, trop anti faf, trop hors système. On se fera menacer et insulter pendant que tous ceux qui ont voté pour Macron et qui nous rappellent à l'ordre, retourneront dans leurs pantoufles en continuant à nous accuser d'être des agités : quand on veut évacuer les eaux usées et alerter sur leurs désagréments sanitaires, il faut le faire tout au long de l'année et pas uniquement pendant un temps électoral.
Je ne rejoindrai donc pas les bataillons des déshérités du peuple qui croient trouver la sécurité dans les bras de Marine Le Pen. C'est une chance. Je ne rejoindrai pas non plus le cortège des déshérités de gauche pour voter Emmanuel Macron. C'est mon choix social car il n'y a aucune moralité dans leur marqueur politique et économique.
Merci à tous ces écrivains, à tous ces résistants et militants libres de m'avoir sorti partiellement des griffes de l'ignorance.

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