Après plus de 5 ans d'une longue bataille juridique, la Commission européenne a finalement donné gain de cause à la coopérative finistérienne, Saveol, pour le lancement de sa nouvelle gamme de tomates bio, hors-sol. Un aboutissement, somme toute mérité, au regard des enjeux économiques sur de nouveaux marchés porteurs.
Le nouveau président de Saveol, Martin Mangetoux, ne cachait pas sa satisfaction à l'annonce de cette décision. "C'est le fruit d'un long processus de fond. Nous avions déjà présenté des garanties de sécurité avec notre gamme de tomates "sans pesticides". Ce qui nous a permis de franchir cette nouvelle étape vers l'accessibilité du bio pour tous. Les instances européennes n'ont fait que répondre à la demande du consommateur". Le succès de la production de la tomate "sans pesticides" avait posé les bases des premières recherches vers de nouveaux équipements technologiques hors normes, comme l'usine de compostage de la zone industrielle du Costour à Guipavas.
Le compost naturel
Ce chantier, voulu par l'équipe dirigeante de l'époque, et à sa tête l'ancien président, Pierre-Yves Jestin, garantissait aux producteurs engagés dans la démarche "sans pesticides" de valoriser la production importante de photosynthèse (tige, feuille, racine). "Il faut reconnaître que ce compost naturel nous a libéré de contraintes liées à l'utilisation d'un substrat compliqué à recycler, reconnaît Martin Mangetoux, cette unité de recyclage de la matière organique nous a garanti cette évolution vers le bio".
"Partager le gâteau"
Non sans mal d'ailleurs, à voir le nombre de détracteurs, regroupés au sein de l'association "Bioterre". "C'est la bio qu'on enterre avec cette décision", fustigeait son représentant, Antony Verger. "Un fruit ou un légume doit être produit, en lien avec la terre. La production bio hors-sol et confinée est artificielle. Cette décision de la commission européenne ne va évidemment pas dans le bon sens", dénonçait-t-il également, en précisant toutefois que d'autres recours seraient déposés. Martin Mangetoux, pourtant attaqué, parfois même violemment par des "intégristes écolo" comme il les appelle, comprend cette opposition. "Pendant longtemps la bio a été réservée à des petits producteurs. Je peux comprendre que ce soit difficile de partager le gâteau. Maintenant l'Europe a fait un choix, ils doivent le respecter".
La "Rondelette"
La Rondelette bio, en essai dans les serres de Plougastel-Daoulas |
Côté chiffre, Saveol prévoit de lancer sa première gamme de tomate bio, la "Rondelette", dès l'hiver prochain. Avec près d'une vingtaine d'adhérents engagé sur un cahier des charges plus strict, près de 80 ha de serres seront consacrés à sa production. Saveol pourra déjà fournir le nouveau réseau des magasins spécialisés bio de Leclerc en Bretagne, en plus du réseau classique de la Grande distribution.
Démocratisation
"On vient de franchir un grand pas vers la démocratisation du bio pour tous, explique Martin Mangetoux. Nous les industriels, nous sommes devenus le relais indispensable d'une société en mal de confiance, surtout dans l'alimentation", concluait-il avec le sourire. Effectivement, à voir le nombre de politiques assiégés le stand de Saveol, lors du dernier salon de l'Agriculture, les industriels de l'agro-alimentaire sont devenus incontournables pour "garantir une assise de paix sociale", selon les élus bretons venus à Paris et, avec à la tête de la délégation, le maire de la commune de Plougastel-Daoulas, Dominique Cap.
Frédéric Lanfre
j aime beaucoup le Nota Bene. Il reste que cette autorisation est une preuve supplémentaire de la soumission de nos jolis labellistes aux intérêts industriels. A voir par la suite si les distributeurs honnêtes, différents de la grande distri standard, joueront le jeu
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