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dimanche 8 mars 2020

Le syndrome de Charlie

Qu'est ce que le "syndrome de Charlie", selon moi ? Le syndrome de Charlie est le fait que les outrageux deviennent outragés. Et si je prends pour exemple les événements douloureux et dramatiques des attentats d'il y a 5 ans contre l'équipe rédactionnelle du journal satirique, c'est bien parce qu'ils sont symptomatiques d'une société qui possède des droits mais qui sont constamment bafoués par l'absence d'une condamnation systématique des attaques injustifiées, commises sur des personnalités qui dénoncent les abus de quelque nature que ce soit et sous la forme qu'ils souhaitent les diffuser. 
Avant les crimes de 2015, les numéros de "Charlie" s'écoulaient à 30 000 exemplaires. Ce n'est pas une injure de soulever que la lecture du journal restait confidentielle. Malgré tout, "Charlie" représente à lui seul ce que le droit permet d'accomplir : droit aux blasphèmes, droit à la liberté d'opinions et d'expressions. Ce droit doit protéger un individu sans qu'il soit inquiété. D'ailleurs le droit prévoit, a contrario, de donner la possibilité à une personne de réagir, ou  à un groupe de personnes, si elle se sent contestée dans sa représentativité ou son action, par une plainte en diffamation ou dénonciation calomnieuse, et dans le seul cas où elle pense que le droit à l'expression sortirait de ce cadre légal. Il convient ensuite à la Justice de se prononcer.
Avec "Charlie" nous sommes bien sur une inversion du droit. Des individus armés ont décidé de passer à l'action criminelle pour la simple raison qu'ils considéraient que "Charlie" avait outragé leur religion et leurs représentants, et se sont attribués un "droit à tuer" au nom d'un dieu dont on ignore l'existence. Or, une doctrine religieuse dans son expression la plus liberticide ne peut pas supplanter les droits acquis pour exprimer ce qui semble être une aberration, qui devient même une menace pour le droit Humain et donc le droit à vivre, sans dangers ni menaces. Cela est, au final, un outrage au droit inné d'exister.
Certains vont s'écrier en disant que le parallèle avec ce que je vis à Plougastel est démesuré. Ils auront raison. Dans la mesure où nous n'avons pas atteint le stade critique de l'ignominie absolue des Indiens d'Amazonie à défendre leur territoire de la déforestation ! Mais ce syndrome de Charlie existe à Plougastel ! Le fait d'être régulièrement invectivé, menacé, même frappé, ne m'empêche absolument pas de dormir. Toutefois, je ressens chez certains individus l'envie d'en découdre et de formaliser leur haine par un passage à tabac (les plus lâches se contenteront de mauvais jeux de mots comme "on n'a qu'à lui couper la tête" entendus chez les proches de Dominique Cap, le maire sortant, ou détérioreront du matériel professionnel dans une indifférence quasi générale). 
Qui sont ces individus ? Constituant un groupe représentant une corporation ou leur soutien, dont on ignore d'ailleurs le pourquoi de leur mécontentement, ils se donnent un droit à polluer ou à empoisonner, à l'inverse des règles environnementales établies, le plus souvent au su et au vu de la population, des acteurs locaux qui ne "dénoncent pas les collègues", des élus et des médias locaux. En définitif ils outragent la nature dans laquelle ils vivent. Nous sommes bien dans un "syndrome de Charlie" quand des personnes, réunies dans une association de la commune, signalent leurs outrages. L'inversion du droit leur étant acquise par le peu de mobilisation (habitants, élus, acteurs locaux, rédactions de la presse quotidienne régionale), c'est votre serviteur qui devient l'homme à décapiter. 
J'avais déjà saisi qu'à Plougastel, en dehors des invectives publiques ("connard" vient en tête suivi de près par "emmerdeur") que la banalisation du passage à l'acte était un droit acquis par une poignée de combattants de l'ombre. J'avais aussi admis que je ne pouvais pas compter sur les journaux locaux pour relayer des propos de retrait de mes droits à l'expression ou de mon droit inné à vivre, tenus par des soutiens à des candidats aux élections municipales. Je tolère décidément moins qu'un de mes enfants soit le témoin de ce droit à m'injurier devant lui, permis par la complicité indécente de tout ce panel d'hypocrites. 
En effet, tout récemment, nous avons franchi une nouvelle étape. Mon fils de 10 ans a été choqué d'entendre dans la bouche d'un récidiviste que j'étais un "connard" et un "enculé", pour la simple raison que je ne suis pas considéré comme "un vrai défenseur de l'environnement". Toutefois, cette nouvelle attaque verbale se fait bien uniquement dans le cadre précis que je suis identifié comme un "emmerdeur d'écolo" et non pas parce que je me serais pris, pour une raison indéterminée, à cet individu (de mémoire, je ne crois pas avoir dénigré le travail de ce monsieur, encore moins proféré des menaces contre sa famille).
Ce nouveau stade de décrépitude du droit à l'expression d'opinions est encore une fois sali par les outrageux. De par ma liberté à user de ce droit, je m'expose déjà à la désapprobation de personnes visées par mes quolibets qui, dans leur bon droit, peuvent faire appel à la loi (dépôt de plainte pour diffamation par exemple). J'accepte pleinement cette règle, même si dans le fond, je ne changerai pas d'avis sur les personnes contestées dans leur action publique. Mais je n'accepterai jamais qu'un enfant, quel qu’il soit, puisse subir la bêtise des outrageux. 



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