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dimanche 10 avril 2022

L'hypocrisie du discours atomique en France

 La guerre en Ukraine a replacé au devant de la scène médiatique le péril nucléaire qu'il soit civil ou militaire, une terreur planant au-dessus des pays européens, et peut-être même au-delà du continent, selon le bon vouloir de Vladimir Poutine. En France, les partisans du nucléaire s'indignent de l'agression russe tout en soutenant leur gouvernement qui ne souhaite pas s'engager militairement en Ukraine. Pourtant qu'est ce qui l'en empêche si ce n'est l'arsenal nucléaire russe ? Avec le nucléaire, nous sommes loin d'une neutralité avancée par ces souteneurs surtout quand le dictateur russe brandit la menace sérieuse de l'emploi de la bombe atomique.

Dessin de Marcel de la gare


La plus emblématique de ces menaces s'est focalisée sur des centrales nucléaires ukrainiennes principalement autour de celle dramatiquement célèbre de Tchernobyl. Après la stupéfaction des premiers jours suite à l'assaut de l'armée russe sur le site de Tchernobyl et son occupation par ses soldats, l'incertitude se focalisant sur un fonctionnement interrompu des interventions de maintenance, on apprenait que ces derniers, ignorants tout de l'accident de 1986, avaient été en partie violemment contaminés par des radiations.  Est-ce alors sensé d'exposer les générations à venir en cas de récidive accidentelle, et de contingenter leur ignorance au risque auquel elles seraient confrontées ? Avec cette intrusion par ces soldats dans une zone hautement contaminante et donc avec un risque létal élevé (pas plus de 35 ans après la dispersion de la radioactivité !),  l'insécurité autour de l'atome est constante et le propos dans cet article n'aborde pour l'instant que le nucléaire civil. 

Plus que de s'être séparée de son arsenal nucléaire au début des années 90, Kiev a décidé d'abandonner la dissuasion nucléaire face à un voisin slave bien moins transigeant sur la question du désarmement nucléaire. Au contraire même quand on récapitule le gigantisme du stock des ogives et leur puissance éradicatrice de toute vie sur Terre, sachant qu'un ou deux de ces missiles suffiraient à terrasser l'existant et inscrire dans l'Humanité un ahurissement et un hébétement sans précédent aliénants toute forme de résurgence sociétale post-atomique. Au contraire de la France qui déploierait ses missiles uniquement dans le cadre de la dissuasion puisque agressée, la Russie ne s'embarrasse pas avec de telles préconisations militaires envers un adversaire. L'emploi de bombes atomiques par les russes s'exerce même dans le cas d'un conflit dit "conventionnel". 

Dessin de Marcel de la gare

Dans ce contexte, la co-belligérance est secouée par Vladimir Poutine comme un chiffon rouge, une limite à ne pas franchir pour des pays européens en quête plutôt de stabilité économique et de maintien de leur industrie dépendante d'énergie fossile ou...plus anonymement du nucléaire français qui envoie de l'uranium à retraiter en Russie. Car la filière du nucléaire civil en France a encore besoin du concours des russes pour des opérations d'enrichissement de l'uranium. Est-ce que l'on a évoqué une seule fois en France l'arrêt de l'expédition de ces convois vers la Russie depuis le début du conflit en Ukraine ? A part Greenpeace, rien ! Orano (ex-Areva) explique dans un article de Libération du 04 mars 2022 : "Qu'aucun transport vers la Russie n'est prévu dans les prochaines semaines". Sous-entendu que l'acheminement des déchets nucléaires est à court terme une option encore envisagée.

Les crimes de guerre sont dans toutes les bouches et l'on bannit (presque) l'économie russe des réseaux d'échanges internationaux. Si Poutine n'est pas emporté par une maladie, il sera un président tyrannique encore pour longtemps et ne se soumettra pas à une comparution devant la cour pénale internationale. La filière nucléaire française ne devrait pas lui en tenir rigueur à la fin du conflit ukrainien, ni ceux et celles d'ailleurs favorables au maintien de cette énergie.

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