Exemple d'une initiative bretonne du secteur de l’Economie sociale et
solidaire
Le transport mod-all
D’après de récentes données, le trafic automobile est
responsable de 94 % des émissions de CO2 en France, dont 27 % affectées aux
poids lourds. Les répercussions de ces gaz toxiques commencent à être révélées
notamment par des études sur la santé ou en lien avec les réchauffements
climatiques.
L'Ile de Sein et la montée des eaux |
Par ailleurs, de nombreux scientifiques font observer que
les réserves naturelles exploitées pour les énergies fossiles ont atteint leurs
sommets (pic du pétrole) et commenceraient à décliner.
Devant ces constats, de nombreuses initiatives sont
entreprises pour favoriser d’autres alternatives au tout pétrole, et notamment dans le secteur du transport. Certes,
ces initiatives s’apparentent à de l’expérimentation ou font appel à des modes
de transport aujourd’hui désuet (cabotage avec de vieux gréements). Ce serait
sans compter sur l’engagement des porteurs de ces projets d’aller au-delà de ces
apparences.
Le biche, opération de transport à la voile , nov 2013 |
D’une part, La Bretagne présente la particularité
géographique d’être baignée par la mer sur 3 côtés, avec à sa disposition de
nombreux petits ports encore en état. La Bretagne dispose également d’un
vivier de performance dans bien des domaines liés à la mer (recherche,
technologie, formation,…). Pour autant la filière pour accéder aux devoirs de
vigilance environnementale reste à monter. Les
investissements sont fléchés par l’Ademe (voir son plan à manifestation
d’intérêt – Navires du futur) ou par l’Europe via des fonds européens (Fonds européen
de développement régional, Feder) qui restent à préciser dans la mise en
application en Bretagne autour des projets de transition écologique. De même
que pour le Pôle de compétitivité « Pôle Mer Bretagne » les
enjeux, en termes de « navires du futur », sont ciblés mais semblent
être voués à un développement lié à la plaisance, la pêche,… à défaut d’avoir
des projets d’envergure autour du fret
local de marchandises.
Ces dispositifs souffrent malgré tout d’un handicap majeur qui est de s’adresser à la macro-économie rendant complexe l’accès à ces financements à des porteurs de projet en cours de montage de filière.
Le territoire breton comporte d’autre part, un maillage
exceptionnel de plus de 1000
km de voies vertes. Le canal de Nantes à Brest est une
voie d’acheminement et de halage opérationnelle et entretenue. Relier
l’ensemble de ces voies de dessertes favorise la création et le développement
du transport que l’on appelle multimodal.
Qu’est ce que le « transport multimodal » ?
Il s’agit de l’acheminement de marchandises par au moins
deux modes de transport successifs. Une partie du trajet peut ainsi être
réalisée par la route, l’autre par voir maritime, fluviale ou par le rail.
(D’après la définition du Ministère de l’écologie, du développement durable et
de l’énergie, mise à jour en Mars 2011). Cette définition peut être élargie.
Qu’est ce que le « transport Mod-all » ?
Livraison de la Biocoop de Plougastel, nov 2013 |
Il s’agit de mettre en application
les principes de transition par l'adoption de méthodes de transports doux,
mais aussi de s'engager vers la généralisation de mouvements vertueux à partir d'axes
de dessertes différents de la route (maritime, voie verte, rail, fluviale)
en s'appuyant sur l'innovation technologique qui permet de se détourner
des énergies grises (vélique, électrique, solaire, traction animale,…). Les
modes de transport doux sont légions et complémentaires. Complémentaires car
l’acheminement d’une marchandise (ou d’une personne, ou d’un service ou de la
culture et de l’art,…) ne se limite pas à un mode transport vertueux puis
utiliser un autre moyen qui le serait moins. L’ensemble des déplacements repose
sur un seul objectif de cohérence. L’expérience passée par l’organisation de
transport à la voile limitait le trafic à une bande côtière ; livrer de la marchandise en Bretagne
intérieure obligeait à louer les services d’un transporteur routier avec en
corollaire une incidence sur l’objectif de réduction des émissions de CO2.
Grâce à cette complémentarité les principes de cohérences défendus par transport mod-all permettront de ne pas s’éloigner de cet
objectif.
Pour prouver que des acteurs bretons sont déjà attentifs à
ces dispositifs, un projet de transport multimodal, à l’initiative, une
nouvelle fois, d’Ingalañ Bro Brest, et
de transport Mod-all de David Derrien
(dit dédé l’Abeillaud), est en cours pour Mai 2014.
Les Bretons qui voient loin dans la voie verte, savent que la
région Bretagne est l’échelon pertinent pour porter les principes de
transition. Elle doit comme nous tous prendre ses responsabilités et intervenir
pour s’assurer de la pérennité de ces engagements qui ont du sens. Pour autant c’est l’ensemble des économies
vertueuses qui doit se mobiliser pour
assurer la rentabilité de ces orientations, afin de garantir des emplois
« verts » et un juste partage des richesses dans un dispositif
égalitaire (1 homme = 1 voix). C’est cela l’Économie sociale, solidaire et
écologique. C’est cela la voie de l’avenir.
La transition est en marche vers un changement de paradigme.
Elle est un bien nécessaire. Elle ne se fera pas dans le chaos, ni dans
l’illusion, mais dans la régularité, à la seule condition de l’accompagner
efficacement et durablement.
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