"Un site pollué est un
site qui, du fait d’anciens dépôts de déchets ou d’infiltrations de substances
polluantes, présente une pollution susceptible de provoquer une nuisance ou un
risque pérenne pour les personnes ou l’environnement " (Ministère
de l’Environnement, 1996).
Après avoir été
introduit, au début des années 60 sur la commune de Plougastel-Daoulas, le film
plastique à usage agricole, dit de paillage, présente aujourd’hui toutes les
caractéristiques d’une pollution généralisée. C’est à des fins de productivité
accrue de l’activité de maraîchage en pleine terre et d’amélioration des
conditions de travail que son usage a explosé, couvrant jusqu’à 600 ha de terres agricoles rien
que pour la culture de fraises1.
En l’état actuel
des connaissances, c’est-à-dire, réduites au néant, il apparaît difficile de
quantifier les volumes de film plastique accordés à l’exploitation de cultures
de maraîchage sur la commune pendant plus de 40 ans. A défaut d’une filière de
recyclage de déchets agricoles, organisée et réglementée, les résidus de bâches
avaient comme destinée finale soit l’abandon sur site ou le brûlage partiel. Les nouvelles techniques culturales
hors sol et sous serres (jardins suspendus), adoptées par les producteurs, ont
donné un coup d’arrêt à son emploi en pleine terre et stoppé ces phénomènes directs
de rejets et de brûlage dans le milieu naturel. Toutefois, il convient de
s’attarder sur les conséquences et l’impact environnemental de cet héritage
agro-industriel spécifique à la commune de Plougastel-Daoulas.
Selon nos premières observations, le
phénomène de délitement de la matière plastique se caractérise par un
éparpillement généralisé à l’ensemble du territoire de la commune (voir annexes).
Ce phénomène de désagrégation s’explique à la fois par des raisons purement
météorologiques (UV, hygrométrie) ou par une altération mécanique (matériel de
travaux agricoles). Le plastique devenant volatil il rejoint potentiellement le
milieu maritime, avec la complicité des cours d’eau. Il participe ainsi à la
pollution en mer et de facto peut se retrouver dans la chaîne alimentaire. il
est en effet probable que l’impact des rejets de plastique sur le front de mer
a des incidences sur les zones conchylicoles et sur l’activité de loisir de la
pêche à pied, par une contamination du règne animal maritime, qui reste
néanmoins non évaluée, notamment sur la place des pesticides et la dégradation
du polyéthylène, composé pétrochimique du plastique agricole.
Lorsque les déchets plastiques sont
restés compacts ils viennent s’immiscer dans le cycle naturel évolutif de
l’écosystème local (système racinaire, essor végétatif). Ils se banalisent dans
les aspects paysagers de la commune (fonds d’estuaire, chemins pédestres, talus
ou murets, arbres,…). Dès lors, notre première réaction a été de nous retourner
vers des interlocuteurs capables d’apporter des éléments de réponse, en
l’occurrence l’Ademe, la
Chambre d’agriculture du Finistère et les industriels, sur
les aspects de gestion du passé des déchets agricoles et sur la réflexion de
l’extraction et de recyclage de la matière collectée. Autant dire d’emblée que
notre démarche a buté sur le silence des derniers cités, et l’absence d’un plan
de gestion pour les autres. Si aujourd’hui les professionnels du monde agricole
ont répondu à leurs obligations de recyclage des bâches via le dispositif Adivalor, la question du passif ne
rentre pas dans leur champs d’intervention considérant à fortiori que :
- toute question de
financement pour mener à bien des opérations de collecte doit faire l’objet
d’une ponction sur des fonds publics,
- la souillure avant
la récupération en aval doit être prise en compte, nécessitant un processus de
lavage adapté, condition sine qua non de réutilisation de la matière,
- l’état avancé de délitement
des déchets complique cette collecte, d’autant qu’elle ne pourra pas être
valorisée par une transformation ultérieure2.
A contrario, l’Ademe, elle, considère que ce sont ces mêmes
professionnels qui devraient s’attacher à régler l’historique et que l’agence
ne peut pas intervenir, faute de décisions des représentants de l’Etat.
Nous définissant comme association
de protection de l’environnement nous considérons que ces attitudes ne sont pas
adaptées à la problématique soulevée, et qu’au regard de la calamité écologique
que représente cette invasion polluante, il convient de prendre des mesures à
la hauteur des enjeux de respect de l’environnement. D’ailleurs la méthodologie
avancée dans le cadre de la gestion du passé, définie au sein des grands principes
des démarches de gestion (extraits des textes du 11 avril 2011, mis à jour en
mai 2014) reconnaît que « la maîtrise des sources de pollution est
fondamentale car elle participe à la démarche globale d’amélioration continue
des milieux » que « lorsque une pollution est identifiée la priorité
consiste à extraire les pollutions » qu’un plan de gestion intégrant les
obligations de « nettoyage des milieux pollués » doit être mis en
place pour « traiter les sources et dépolluer les milieux ». Au
préalable une « évaluation quantitative des risques sanitaires doit être
réalisée pour valider l’adéquation de nettoyage au regard des usages
constatés ».
Nous vous demandons donc, Monsieur
le Préfet, de prendre les mesures de diagnostic adéquat, en lien avec les services
concernés, pour classer la commune de
Plougastel-Daoulas comme site pollué. Seule cette reconnaissance en site
sensible permettra d’enclencher la mise en place d’actions de dépollution et donner
accès à des financements publics (à ne pas écarter non plus de nos réflexions
la notion de « pollueur-payeur », à condition de bien identifier la
responsabilité initiale).
Nous restons à votre entière
disposition pour une rencontre avec les services attachés à votre tutelle.
Veuillez agréer, Monsieur le Préfet, l’expression de mes salutations bretonnes.
Par délégation
David DERRIEN
06 71 88 76 14
aquoicaserre@gmail.com
Copie à : mairie, AE2D, Eau et rivières de Bretagne
1- Dans une moindre
proportion il convient de rajouter la culture d’échalotes, également
consommatrice de bâches agricoles.
2- Le recul de l’activité agricole a généré un développement
des friches. Ajoutée à l’aspect bocager du territoire et à un parcellaire
émietté, dans beaucoup de cas de figure, l’intervention mécanique paraîtrait exclus
du fait d’une inaccessibilité aux sites de pollution.
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