Scribes d'humeur, partiellement publiés dans la revue d'avril 2016 d'Eau et rivières de Bretagne. Rubrique : l'écho des marais
Abattus
Abattus
Adopté
en Assemblée nationale, le projet d’instaurer une taxe de 5 % sur le chiffre
d’affaires des gros abattoirs ne passe pas auprès des intéressés et de la FRSEA
(Le Télégramme, 04/12/15). Le gouvernement se dit également défavorable.
« Cette taxe est dangereuse (…) car elle renchérit le coût des viandes
françaises » prétexte le syndicat. A quand une taxe indirecte sur le
revenu des producteurs après les
dégradations de biens publics ?
Dindons
Des
anciens cadres d’une coopérative morbihanaise comparaissaient en décembre pour
abus de confiance et escroqueries (Ouest France, 10/12/15). Entre livraison
d’œufs à un pays sous embargo en passant par une facturation virtuelle, le
salaire du cadre a triplé sans en
référer au conseil d’administration. Dans le même temps, des éleveurs devaient
attendre quinze semaines avant d’être payés. Qui étaient les dindons de la
farce ?
Desserte
rurale
L’aéroport
de NDDL « présentera l’avantage de pouvoir fermer des petits aéroports
qui existent dans le Grand Ouest » a déclaré Manuel Valls sur Europe 1
(Ouest France, 12/12/15). Ce à quoi lui répond Gérard Lahellec de la région
Bretagne : « Tous les aéroports sont dans le giron du conseil
régional. Ils ne sont pas générateurs de coût pour l’Etat ». Avec des
projets pharaoniques tel que NDDL, autant se débarrasser de structures qui
aménagent le territoire et font la lie de la desserte rurale.
Stupéfiante
Un
maraicher bio de la région de Rostrenen a été condamné à deux ans de prison
avec sursis, épinglé par la gendarmerie en 2014 pour culture de cannabis (Ouest
France 16/12/15). Avec une serre consacrée à la seule culture du stupéfiant, le
juge le soupçonne d’alimenter les free party de la région. L’inculpé se défend
en évoquant une consommation quotidienne. « La dernière récolte avait été
exceptionnel » s’est félicité le producteur. Comme quoi la filière bio est
stupéfiante dans ses rendements.
Chasser
les chasseurs
A
Ouessant, un groupe de chasseurs du continent débarque pour le week-end pour
traquer les lapins qui pullulent sur l’île (Ouest France, 18/12/15). Un loisir
qui n’est pas du goût de tout le monde : « Avec leurs chiens, ils
viennent autour des maisons. Ils s’en fichent ! ». « Les gens
n’osent pas se plaindre ». A défaut de vouloir s’exprimer publiquement, les
opposants peuvent rêver secrètement que « ce matin, un lapin a tué un
chasseur, c’était un lapin qui, c’était un lapin qui avait un fusil ».
Comblé
La
commune de Saint Ségal a entrepris des travaux de remblai pour combler et
élargir un chemin situé sur une zone humide près du canal de Nantes à Brest
(Ouest France, 22/12/15). Sauf que ce nouvel aménagement aurait dû être déclaré
et compensé. « Je n’ai pas vu passer ce dossier au Sage » avance Jacques
Primet d’Eau et rivières de Bretagne. Le maire, aux abonnés absents, doit être
comblé par la publicité faite autour de ce petit coin de paradis.
Sur
la paille
A
cause d’encombrements sur le marché, de prix qui s’effondrent et de délais
d’abattage rallongés, un éleveur de porc industriel de Neuillac jette l’éponge
(Ouest France, 24/12/15). « Il y a trop de porc sur le marché, plus
personne n’en veut » a-t-il déclaré, « Je ne veux plus engraisser ce
système ». Ses bâtiments payés il ne sera pas sur la paille. Quoique la
production sur aire paillée lui aurait permis de privilégier un cochon de
qualité et d’éviter d’être pris pour une saucisse.
Restitution
Air
Breizh, qui analyse la qualité de l’air en Bretagne, a relevé un taux de
particules fines anormalement élevé sur la région brestoise en décembre dernier
(Le Télégramme). Entrainées par les vents du sud, ces poussières, supposées
toxiques, proviendraient d’Afrique. C’est une mauvaise réponse au changement
climatique que renvoie le continent africain en restituant à l’Europe sa
pollution atmosphérique. Les pays pauvres ne respectent décidément pas les
dispositions prises par les plus riches lors de la COP21.
Pacification ?
En
raison d’un climat anormalement doux, les légumiers du Léon, ont vu leur
production de chou fleur arrivée prématurément sur le marché (Ouest France, 20/12/15).
Les invendus ont été déversés sur les axes routiers et devant la gendarmerie de
Plouzévédé (29). « Aucune dégradation du bâtiment n’est à constater »
annonce le journal. C’est vrai qu’habituellement, des bâtiments publics sont
saccagés. Qu’est ce qui a bien pu retenir les agriculteurs pour ne pas passer à
l’acte ?
Procéduriers
Des
fédérations de la FNSEA de l’Ouest ont saisi le Conseil d’Etat pour demander
l’annulation du 4e Plan d’action destiné à prévenir la pollution des
eaux par les nitrates (Ouest France, 22/01/16). La Haute Juridiction n’a retenu
aucun de leurs arguments, au motif que ce plan a été rendu obsolète par un
nouveau programme régional, présenté en 2014.
Souvent accusés d’être procéduriers par la FNSEA, les associations
environnementales ont trouvé leur maître.
C’est
laid !
Les
manifestations d’exaspération des producteurs en Bretagne prennent différentes
formes d’actions, parfois inattendues, comme celle d’avoir immobilisé un camion
de lait dans la campagne de Locoal-Mendon (Le Télégramme, 27/01/16). Les pneus
du véhicule ont été dégonflés et la citerne était taguée de plusieurs
revendications comme « Du prix pour notre lait ». En attendant les exploitants
agricoles, d’où étaient issus le lait, vont en payer le prix fort.
Un
ticket
Alors
que des agriculteurs avaient bloqué son magasin, un propriétaire d’une grande
surface de Lanester a fait imprimer sur les tickets de caisse un message à
destination de Jean-Yves Le Drian, nouveau président de la région Bretagne (Ouest
France, 11/02/16). « Quelles solutions pour l’avenir de
l’agriculteur ? » pouvaient lire les clients. Pierre Ollivier, le
propriétaire, justifie son action par un soutien indéfectible aux agriculteurs,
à qui il avait distribué de la nourriture. Avoir un ticket avec les
agriculteurs a un coût, celui du courage.
Crise
agricool !
Entre
les manifestations dans les villes, les blocages routiers, les entrepôts de la
grande distribution ciblés et leur relation compliquée avec les représentants
de l’Etat, les producteurs de l’agriculture conventionnelle en Bretagne sont passés
de la crise agricole à la crise de nerfs (Le Télégramme, 29/01/16). Afin
d’éviter l’escalade et prévenir du pire, la MSA devrait proposer des cours de
yoga à ses cotisants afin de promouvoir la position du lotus devant les
préfectures.
Crise
de foi
Les
évêques de l’Ouest de la France ne se sont pas fait prier pour soutenir les
agriculteurs dans la difficulté (Le Télégramme, 11/02/16). Extraits :
« Nous sommes convaincus que les hommes ont la mission de faire fructifier
la création de manière raisonnable et audacieuse ». Si Dieu a crée ce
monde à son image et selon sa propre volonté, il faut s’interroger alors sur le
pourquoi des crises des vocations et de l’agriculture. Dieu serait-il plutôt
anarchiste et pro bio ?
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