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mercredi 30 juin 2021

Loi Molac. Un cas d'école de la farz bretonne

Paul Molac, député exLREM de la 4ème circonscription du Morbihan, nouveau conseiller régional auprès du socialiste Loïg Chesnais-Girard, a toutes les caractéristiques de l'opportuniste politicien. Avec la loi sur les langues "régionales" qui porte son nom, certainement voulait-il s'inscrire dans la mémoire de la République française qui fait de l'honneur un porte-étendard, une valeur ultime de l'asservissement à l'Etat-nation. Dans le cas de Paul Molac, ça a sérieusement foiré. 

Déjà, il commet une erreur historique pour la Bretagne en intitulant sa loi de loi "relative à la protection des langues régionales". Le breton comme le gallo, ne sont pas des langues régionales, ceux sont des langues minorisées. Le siècle de la grande lessiveuse républicaine n'avait comme objectif que de se débarrasser de langues parlées par des conservateurs du règne de Dieu et de paysans en sabots. Le traumatisme a été profond pour les générations concernées et a rendu muettes les suivantes. Après tout, il est dans son rôle Le Molac. Il est député de la République française. Il courtise les hautes fonctions représentatives de l'Etat pour lequel il est le vassal. Le Molac ne commet donc pas une erreur politique en nommant ces langues de "régionales" puisque c'est un député de la République française et qu'il sait très bien ce qu'il indique en les nommant langues "régionales", langues attachées à une région et non à un pays ou une nation.

Il présente ensuite sa loi à l'Assemblée nationale le 08 avril 2021. Celle-ci obtient les suffrages de ses collègues présents. Sauf que ça ne fait pas l'affaire des députés Lrem absents ni de l'exécutif et notamment du ministre de l'éducation nationale, Jean-Michel Blanquer. Dans un élan autoritaire et jacobin, les parlementaires réfractaires de Lrem sonnent le tocsin de l'anti-constitutionnalité en se référant à l'article 2 de la Constitution française qui dit que "la langue de la République est le français" (d'ailleurs cet article ne précise pas que seule la langue française doit être parlée et écrite et qu'il a été rédigé pour freiner les assauts anglophones crées par ces mêmes français qui chérissent tant leur langue). Suite à un cafouillage lamentable des députés, le Conseil constitutionnel est saisi. Que n'ont-ils pas fait ! Non seulement ils n'ont pas eu gain de cause sur le principe de leur saisine mais ils ont donné la possibilité à cette haute institution française de censurer le système immersif appliqué notamment dans les écoles du réseau Diwan. 

Tollé général dans la Province bretonne ! Comment peut-on s'en prendre à un des symboles de résistance des bretonnants face au déclin des locuteurs natifs ? Tout le Landerneau linguistique s'indigne, se rebiffe et se rassemble à Guingamp dans une manifestation qui ne concerne qu'une infime partie des provinciaux bretons. Ce "Landerneau linguistique" obtient à contre-courant de Blanquer, le soutien du premier ministre Jean Castex et du président de leur République Emmanuel Macron, qui réagissent en leur faveur, à la veille, c'est vrai, d'élections locales incertaines pour les Marcheurs. 

Au final, cette loi Molac n'est qu'une farce bretonne. Le Molac a joué au pyromane avec cette loi. S'il croyait encore au rôle du parlementaire, il n'a fait que relever la fragilité du peu d'acquis obtenu par les militants bretons et des parents-bénévoles en 45 ans de confrontations avec l'Etat français. Aujourd'hui Paul Molac essaye d'éteindre l'incendie en proposant une modification de la Constitution française (dont il connait déjà l'issue), histoire de se dédouaner et de faire oublier sa faute. C'est véritablement une farz bretonne à laquelle nous avons assistée. La loi Molac restera tristement célèbre pour la Bretagne qui n'en demandait pas tant.

3 commentaires:

  1. Très bon article qui mériterait une large diffusion. Je partage totalement votre point de vue. J’ai eu la même réaction suite à la décision du Con Con.
    Quand je vois les commentaires sur les réseaux sociaux, je me dis que les Bretons sont quand même de grands naïfs.

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  2. E‌t encore soyons heureux qu'il ait plu sans cela ils auraient repeint l'herbe en vert.... (réaction par courriel)

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  3. D'accord à 100 % avec ce commentaire. Jean Hascoet

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