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jeudi 16 juin 2022

L'abstention est aussi un acte politique

Alors que certains voudraient renouveler le bail pour une 6ème République, la forme actuelle de la démocratie représentative en France ne fonctionne plus, dès lors que la majorité des électeurs boude les urnes, en s'abstenant majoritairement de voter lors des échéances électorales. Nonobstant la posture anarchiste du refus du vote aux élections générales, des socialistes-libertaires ont trouvé dans le municipalisme libertaire de Murray Bookchin, un tremplin vers plus de démocratie directe, quand ils apportent leurs concours et leurs suffrages à des élections locales. Par contre, ne pas voter pour les élections présidentielles, et les législatives qui suivent, voire pour des européennes, relève également d'un geste politique, un acte tout aussi réfléchi que contestataire. 

L'Assemblée nationale française en 2018

A chaque élection qui passe, le taux de participation s'effrite jusqu'à enregistrer à chaque échéance qui passe un rejet encore plus massif. Désintérêt, désengagement, dégoût, les causes de ce désamour pour la République française sont certainement multiples et à chercher dans une forme d'individualisme, et si elle est exacerbée, n'en est pas moins favorisée par notre mode de vie, jusqu'à devenir une marque indélébile pour les moins de 35 ans.  Les commentateurs s'étranglent ensuite dans l'affrontement civique entre le droit et le devoir, et c'est souvent que l'on entend dire que les abstentionnistes manquent de discernement en rejetant leur devoir quand la rumeur prétend que "des générations avant nous se sont battues pour obtenir le droit de vote". Le suffrage universel masculin a été rétabli au cœur de la IIème République, après la révolution de 1848 et ne sera plus remis en cause. Ce n'est pas un soulèvement populaire qu'on aurait tenté de punir par la force et le bain de sang qui en est à l'origine mais un changement de régime qui n'a pas fait plus de 300 victimes. Dès lors, cet argument fallacieux ne tient plus. Et jusqu'à preuve du contraire son application ne l'a pas rendu obligatoire. Alors pourquoi nous faire croire que c'est un devoir ? On peut donc à contrario se poser légitimement la question de savoir si c'est un droit puisque le vote ne représenterait plus un devoir.  D'ailleurs ce droit, par qui a-t-il été attribué ? 

Les anarchistes français l'avaient bien compris dès l'époque de la IIIème République. Le vote n'a été généralisé que pour mieux légitimer le maintien et le développement d'une caste s'orientant toujours plus vers les intérêts du capitalisme, tout en favorisant l'expression d'un conservatisme congestionnant. En exemptant les deux guerres qui ont balafré le 20ème siècle européen, éloignant l'exercice démocratique du peuple, le régime parlementaire, paraplégique du pouvoir présidentiel, s'est exclut de lui-même du rôle qui lui était confié : une contre-mesure à l insatiable ingérence du pouvoir détenu par la monarchie républicaine. Pire, en 100 ans il a fini par embrasser les sourires des lobbyistes de l'agriculture et de l'armement, de pratiquer le sexisme jusqu'au despotisme, de s'octroyer des avantages illicites, de se noyer dans un naufrage d'amendements, d'enfiler pour les députés des commissions relayées par le cirque médiatique, de s'étrangler dans le mensonge fiscal, d'être une caisse enregistreuse du desiderata présidentiel ou une caisse en espèce sonnante et trébuchante pour assurer le maintien des finances des partis, de brandir l'article 2 pour mieux étouffer les langues minorisées. Les quelques réfractaires font malheureusement piètre figure et ce n'est pas Isabelle Attard, ex-députée d'EELV devenue Anarchiste, qui le démentira.

En réalité, les députés, tout comme les sénateurs, ne parviennent plus à secourir une République qui s'échoue, tout en ayant au préalable confisqué la parole publique qui revenait de droit au Peuple. En échange, les politiques n'ont plus que le fantasme comme recette miracle, et à force de fantasmes, les électeurs les plus aguerris à dénoncer l'égarement d'un système, ont fini par s'écarter des urnes. Pourquoi ? Parce que dire que Mélenchon serait 1er ministre relève du fantasme. Parler d'une retraite à 60 ans relève du fantasme. Prétendre que la voiture électrique est écologique reste un fantasme,.... C'est induire les gens en erreur. C'est le doute qui s'immisce dans les consciences politiques.

La corrosion démocratique a attaqué toute la sphère politique et quand on gratte la partie nécrosée, on s'aperçoit que les premiers à détourner ou à ignorer la loi sont les élus eux-mêmes, ne s'embarrassant pas de complicités avec la justice ou avec les forces de l'ordre. En vérité, il y a de quoi être dégoûtés. Alors à choisir, personnellement, je préfère me rendre en utopie plutôt que de me réfugier dans des fantasmes. 

1 commentaire:

  1. Salut Dédé et bon week-end à toi aussi, et vive l'abstention ;)
    I. Attard

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