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vendredi 29 octobre 2021

"Demeter" j'ai gouté, c'est délétère


Septembre 2020, Plougastel-Daoulas, récit inspiré de faits réels.

"Allo ! David ? C'est Vincent Esnault,
- Ah ! Salut Vincent, comment vas-tu ?"
Vincent Esnault est l'un des rares adhérents d'EELV, élu à Fouesnant, que j'apprécie pour son engagement sincère, ses actions concrètes et son franc-parler. Avec "A quoi ça serre" nous l'avions invité en 2018 pour qu'il évoque la loi Littoral lors d'une soirée-débat en compagnie d'un avocat spécialisé sur le sujet.
"Dis moi, j'ai mon collègue de Plougastel qui m'a parlé d'un truc qui se passait avec des extensions de serres et l'effacement de parcelles par un remblai et j'ai vu la publication de ta photo (ci-dessous). Est-ce que tu sais de quoi il s'agit ?
- Oui, je suppose que ton ami a évoqué la situation des extensions de serres de la famille Le Bot à Breilez,
- Je suis à Plougastel la semaine prochaine, tu pourrais me montrer ?
- Oui bien-sur. On confirme ton passage ?
- D'accord, bye !
- A bientôt."
Chantier du remblai. L'arbre a fini par être abattu

Quelques jours plus tard, nous finalisons le rendez-vous sur les réseaux sociaux, en mode public. Echanges : 

Comme convenu nous nous retrouvons sur le parking, je convie pour l'occasion un autre adhérent d"A quoi ça serre". Avec Franck O. nous expliquons à Vincent le cas des serres "Le Bot". Ces serristes, producteurs industriels de fraises en hors-sol, sont l'exemple même d'une dérive litigieuse, en amassant des terres excavées probablement polluées, provenant du site de la nouvelle école publique "Mona Ozouf". Une terre qui aurait dû être entreposée sur un site spécifique, mais qu'"on" a préféré acheminer sur une parcelle par un ballet incessant de camions-bennes dans des ruelles de villages, dont les largeurs sont inadaptées au gabarit des engins. Ces manœuvres sont donc faites en toute illégalité, à la convenance des serristes. L'opacité reste une règle dans des chantiers municipaux à Plougastel. C'est ce que l'on pourrait qualifier de "petits arrangements entre amis". 
Je propose de servir de chauffeur dans une AX qui ne passe pas inaperçu. Comme la fourgonnette de la gendarmerie que je finis par distinguer dans le rétro. Je comprends quand je tourne à droite dans la ruelle qui descend au village de breilez, que la gendarmerie nous piste. J'en informe mes passagers quelque peu sidérés. Nous avions en effet prévu qu'une visite de terrain, sans pénétrer sur les parcelles visées, sachant que le chantier en cours est visible de la route et plus particulièrement d'un sentier communal que les serristes avaient tout de même tenté d'effacer en le privatisant. 
Je me gare sur le bas côté à l'entrée du site. Les gendarmes font de même. Je sors : "Bonjour, c'est pour quoi ? demandais-je peu crédule,
"Vous savez pour quoi, me répond un gendarme passablement agacé,
- Ah non je ne vois pas pour quoi". Ce que l'on finit par voir par contre c'est l'attroupement qui vient de se former autour de nous : les 3 gendarmes et la famille Le Bot, dont le patriarcat et les fils qui sortent soudainement de nulle part.
S'en suit une série d'échanges infructueux, de propos grotesques et d'attitudes nerveuses. Mes camarades préfèrent vainement discuter avec les serristes pendant que je m'exerce à freiner l'ardeur des assauts du père Le Bot. "Moi aussi je vais venir prendre des photos chez toi ! Oh ben t'as qu'à venir j'habite dans un immeuble". "Garde la distance physique, t'approche pas de moi Le Bot !" (mesures sanitaires obligent). Ce n'est pas la première fois que j'ai affaire à ce genre d'énergumènes, je finis par me lasser. Un gendarme s'approche avec un carnet : "Votre identité s'il vous plait ? Vous la connaissez déjà". "Pourquoi êtes-vous ici ? Je me promène." Fermer le ban. Ils ne peuvent rien entreprendre, nous sommes restés sur la voie publique, sachant que la loi ne condamne pas l'accès à une parcelle qualifiée de privée.
Le retour jusqu'au parking du Super _ nous permet de faire le point. Déjà on relève que mes publications sont épiées, puis que nous avons été suivis à partir de notre point de départ. Inquiétant tout de même que des gendarmes se mobilisent activement dans ce cas de figure (et sur ordre de qui ?)  alors que lorsqu'il s'agit d'enquêter suite à ma plainte pour détérioration volontaire de matériel professionnel, la plainte est archivée et que dans certaines situations dénoncées par "A quoi ça serre", les gendarmes semblent décidés à faire le strict minimum.
Par contre quand il s'agit d'appliquer à la lettre voire à la marge comme cette fois-ci (ce qui nous interroge donc sur les abus de pouvoir et sur leur volonté d'intimidations) le dispositif de la cellule "Demeter" conventionnée entre la Fnsea et l'Etat, est exécuté avec zèle. Car en effet à aucun moment les agriculteurs se sont retrouvés dans une situation d'insécurité manifeste. Je peux donc conclure à un abus de pouvoir qui en dit long sur l'ambiance délétère, dégradée à cause de ce type d'agissements préoccupants et qui piétinent notre droit à l'information citoyenne. En fin de compte je reste sidéré de voir la gendarmerie, et par voie de conséquence l'Etat français, protéger de probables pollueurs et nous faire passer pour de véritables délinquants.

de g. à d., Vincent Esnault et David Derrien

Les opposants à l’agriculture intensive dans le viseur de la cellule Demeter

1 commentaire:

  1. Tout ce qu'il faut pour réconcilier avec les institutions républicaines... Vivement l'état de droit (appliqué par tous ) !

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