Il y a des Temps Modernes où tout est avalé, confus et recraché. Il y a des Temps Modernes où le verbe choir se conjugue bien avec les chairs tombées et désossées sans aucune autre alliance que l'inexistence. Au milieu de tout ce fatras bruyant il devient riche de trouver une escapade en urgence, un ilot plutôt terrestre. Car à force de désillusion de désenchantement d'écœurement de désaveu de dégoût, il convient de se reposer sur ce qu'il reste à supposer avoir du sens. Et puis, étonnement on découvre qu'il existe, étouffant sous des pensées toujours plus lourdes.
Le combat est rude avec soi-même, toujours, dans la solitude d'un arbre, avec les autres, souvent en meute, à maintenir un semblant de nature sauvage (même si elle ne l'a pas toujours été) sur un park enclavé par le désordre des destructeurs. Car oui, ils ont voulu faire tomber les arbres à lindouar, déraciner l'œuvre de la nature et l'ouvrage de l'homme, mêlés dans les souches plus vieilles que les saisons. Malgré tout, in extremis, ils ont failli à leur propre calamité et ont retiré les tractopelles face à la serpe et la houe.
En 7 ans de biodiversité, le champ de bataille s'est transformé en refuge pour vieux pommiers, en jeune sureau curieux de sève. Le poirier sauvage fricote comme jamais avec un frêne voisin de longue haleine. S'en suit une série de chênes résistants en avant de frêles noisetiers coincés sous l'ombre d'un hêtre robuste. Et puis encore un frêne solidement ancré dans la bienveillance des fougères. Que dire de l'Erable dont les teintes estivales donnent des envies d'automne ? Ne rien dire justement, contempler la vigueur des feuilles, en attendant que le soulagement vienne. Ne pas oublier le temps d'un printemps, le temps d'un instant, l'odeur suave des arbustes mal taillés que sont devenus, et mal venus peut-être, les lauriers-palme.
Il y a les Temps Modernes et ce que l'on laisse à la vie, le temps de la notre, un automne un pommier, en passant.
Jeune sureau qui croît en lui sous l'égide d'un vieux pommier |
Ar Wezenn Awalou
Que de vie à Lindouar!
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