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dimanche 24 novembre 2019

A mon ami, Pêr Folgalvez

Le premier mot qui me vient à l'esprit pour définir, mon ami Pierre Folgalvez, décédé depuis plus de 10 ans, dans le courant humide d'un mois de novembre comme celui-là, est le mot : probité. Non pas parce que Pierre, après des siècles de combats contre l'oppresseur fasciste et pour la justice des Peuples, observait à la lettre le respect de règles très conformistes, trop "centralisées", mais bien parce qu'il tentait d'en démonter le mécanisme diabolique par une moralité politique d'une rareté exceptionnelle. Mais être doté d'une moralité exceptionnelle ne fait pas de vous un être doté de suffrage. Au contraire, comme il l'écrivait à juste titre en 2005 sur le conformisme établi à propos d'une affaire qui nous intéressait à l'époque : ".... Sans doute Derrien (ndlr : moi :) !) n'avait pas compris que seule est valable la thèse des "leaders" (ndlr : à l'Union démocratique bretonne), bien qu'elle ne soit pas forcément explicitée." Et à force de taper sur les "leaders", ils vous condamnent à l'arbitraire et finissent par vous traiter d'hérétique !


Pourquoi d'ailleurs me rappeler aujourd'hui aux bons souvenirs de cette amitié inoxydable, née dans les confins des années 90, dans l'inconfort d'une terre léonarde, déchirée par le productivisme agricole ? Peut-être est-ce le moment pour moi de renouer avec une certaine chaleur humaine. Peut-être aussi que mes visites, chez Pierre, près de la Penzé, îlot préservé au sein d'ornières labourées, me ramène à mon propre isolement politique actuel face à de nouveaux "leaders" locaux, qui s'émeuvent tout d'un coup, sur l'état de santé de la Planète, alors que ceux sont, ceux-là mêmes, qui ont laissé propager l'épidémie socialo-communiste ? Ces charlatans qui prodiguaient des bons soins à l'économie libérale en nous faisant avaler un élixir social frauduleux. Ayant asséché leur zone de confort, ils se trouvent de nouvelles vertus (en voilà), dans la "transition écologique".

En plus d'être munis d'une amitié durable et sans failles, nous avions en commun avec Pierre, le fait de déplorer, inlassablement, les alliances fortuites ou opportunistes de l'UDB avec les socialistes de Bretagne. Il va s'en dire que nous n'étions pas nombreux à l'UDB à regretter la collusion des "leaders" de cette période. Pierre serait content aujourd'hui de se rendre compte que l'histoire politique nous donnait déjà raison face aux "leaders" du mouvement. Pour ma part je me sens orphelin de sa présence quand je suis de nouveau réduit à affronter des "leaders", cette fois-ci "écologiquement improvisés".

Je pense que, à travers de nombreux entretiens en tête à tête, étant de mon côté un jeunot qui découvrait l'existence de la supercherie "France", Pierre m'a insufflé une part de lui-même, une part de philosophie politique, une part de l'histoire de Bretagne. Je ne l'ai jamais regardé comme un père que je n'ai pas eu. Encore moi comme un "guide politique". Je crois même que ça ne lui aurait pas plu. J'aimais tout simplement écouter les pages d'Histoire dont il avait été l'acteur. J'avais une infime reconnaissance pour cet homme qui avait fait la grande Histoire des hommes d'exception, que ce soit du côté de Morlaix, Paris, d'Alger ou Barcelone.

Il n'a jamais renoncé à remettre en question son engagement politique, et celui des autres, parce que la morale le lui demandait, comme en témoignent les extraits d'un de ses courriers que je vous livre ainsi :
"Je suis, moi, plutôt fier d'avoir contribué à créer, avec Prenant par exemple et quelques autres, la première "Opposition communiste" qui en 1956 dénonçait le stalinisme."
"N'est-il pas vrai aussi que des militants bretons pensent être meilleurs que les Bretons qui ne militent pas, ceux-là sont, tout à la fois, prétentieux, sectaires et imbéciles. Je préfère quant à moi, "la preuve" que j'administre pour fonder l'existence du peuple breton : C'est qu'il y a en son sein le même pourcentage de cons qu'ailleurs. Pas plus, pas moins !". (Si seulement il pouvait constater dans quelle abîme de médiocrité nous sommes tombés !).
"J'ai développé à l'UDB, depuis de longues années, l'idée que le centralisme démocratique s'est mué dans le parti en une démocratie centralisée. Ce qui ne me semble ni différent ni "intelligent." 

L'âge a commandé à Pierre de partir dans une année quelconque pour un homme qui ne l'était pas. C'est bien surement la seule fois où il aura dû abdiquer !
Ne m'en veux pas Pierre; je ne t'ai pas oublié mais déjà que c'est difficile de vivre avec les vivants, alors tu penses bien qu'avec les morts....


"D'am mignon Pierre Folgalvez, mab Yvonne, ar rezistant, ar c'homunour, an tisavour, an aljeriad, ar barselonad, ar breizhad, ar gwaz hag o zad, hag ar rezistant c'hoazh. Pep tra hag unan war un dro.
Tremenet eo d'an 11 a viz Du, devezh ma vez ar c'horfoù hag an anaon o tiboaniañ.

A mon ami Pierre Folgalvez, le fils d'Yvonne, le résistant, le communiste, l'architecte, l'algérien, le barcelonais, le breton, l'époux et leur père, et puis encore le résistant. Le tout et l'unique à la fois. 
Décédé le 11 novembre, jour de délivrance pour les corps et les âmes en souffrance.

David Derrien, éditeur. Le livre "1977-2007. Diwan, hiziv"

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