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Courriel de Didier, 13 juillet
Bonjour Bénédicte,
Depuis 15 jours maintenant
j'ai tenté de comprendre ce qui m'arrive après tes nouvelles dispositions (le
mot reniement était trop fort). Tout bien réfléchi je pense que plus qu'un choc
émotionnel, je subis un choc psychologique car tes choix ont été violents. En
effet, mentalement, je mettais préparer à vivre une nouvelle situation, qui
demande à s'adapter à des conditions de vie quelque peu spartiates,
certainement inconfortables, mais qui intrinsèquement m'emmener au-delà de ce
que je vis aujourd’hui, faire corps avec mes aspirations les plus profondes et
me retrouver en accord avec moi-même, accepter des épreuves que l'on assumera
pour tendre vers plus de connaissance de soi et me rapprocher de mon bien être.
C'est tout cela qui est remis en cause pour l'instant. Conséquences : de
fortes perturbations se sont formées dans mon espace. Car aujourd'hui c'est
compliqué : je ne suis pas en phase avec les enfants, et pas disponible complètement,
j'ai donc demandé à Cathy de récupérer les enfants lundi. Fin juillet j'espère
que j'irais mieux pour eux. C'est la première fois que ça arrive. Et tout
s'enchaîne, réparation voiture, rappel impayés d’impôts (?), situation bancaire
dans l'orange, troubles physiques qui me pèsent (talon d'Achille douloureux, ce
qui me rend d'autant moins disponible pour les enfants car je suis plutôt du
genre joueur, je ne peux plus me défouler par le sport,...).
Tu écris qu'il ne faut pas
de long discours mais écrire pour moi est une thérapie. Tu es partisane de
quoi d'ailleurs ? Je le répète mais tu n'as pas vu que je voulais te
laisser du temps pour te remettre de ta séparation avec l’affreux. Je ne
comprends pas ton silence (plus de like sur FB par exemple pourquoi ? Ça n'a
pas de sens...). Il me martyrise et m'affaiblit et donc me rend plus
vulnérable, plus fragile, conditions idéales à des agissements
absurdes. Nous ne sommes pas capables d'échanger en nous créant des règles
d'usage comme juste utiliser les mails pour évoquer uniquement le quotidien ? Crois
moi le mail est un bon moyen aussi de se protéger, en plus de la distance. Par
contre prendre du recul c'est compréhensible surtout que tu devais assurer
plein de choses en même temps, mais tu agis comme si j'étais le seul à avoir
montré de l'amour pour l'autre. A l'inverse, je ne me serais pas permis d'agir
comme ça. Tu ne pourras jamais effacer ce qui s'est passé entre nous.
T'entendre parler, entendre ta voix, a été des moments de douceur et
d'intensité inégalés, inhabituels. Et puis ce qui suit après n'est qu'un
enchaînement d’errance de ma part.
Maintenant je vais faire
comme d'habitude, me soigner par mon engagement avec dédé l'Abeillaud, faire ce
que j'ai annoncé pour nettoyer la bande côtière, tenter de me rendre disponible
pour toi comme pour les autres (par exemple j'avais prévu de laver la vaisselle
aux dépendances, ce sera fait avant ton arrivée en Bretagne).
Je ne suis pas en colère
je ne l'ai jamais été, sinon je ne pourrais pas écrire tout ce qui me lie à
toi. S'abandonner à la vie n'est pas une vue d'esprit, c'est LA réalité, en
tout cas c'est la mienne, et stp cesse de croire que je serai d'une autre
valeur que la tienne, je n'ai pas encore réussi à me séparer complètement du
poids du passé et j'ai encore mes fragilités faute de mieux être.
Je t'embrasse
affectueusement.
Courriel Didier, 15 juillet
Bonjour,
Hier soir j'ai oublié de
te signaler que je ne pourrai pas remettre les clefs à ta voisine aujourd'hui
car j'ai prévu une grosse fête samedi prochain. Les invitations sont lancées je
ne peux plus annuler. Je te rends aussi le livre sur le taoïsme. Il est dédié
aux esclaves et aux dominéEs. Il te convient mieux. Je m'aperçois au final que
tu es dans l'immobilisme ce qui jusqu'à présent ne t'a pas réussi, affectivement. Je t'avais demandé de ne pas être admirative concernant mes
engagements, il y a maintenant une bonne raison à cela : comme beaucoup
d'autres tu n'es pas faite pour t'extirper de ton malentendu. Je ne veux plus
de ton soutien. Le pire est que tu ne donnes pas de sens à tout ça et que tu te
réfugies dans ce que tu crois être des acquis. Mais peut-être que tu as raison
la condition humaine est subordonnée à l'obéissance et l'inconsistance. Et
regarde où on en est aujourd'hui...On ne naît pas courageux, on le
devient.
L'illusion est faite de
supercherie, la liberté de rêves. Tu as été une illusion, tu es corrompue par
ce système et ce n'est pas parce que j'étais séduit par tes pratiques
respectueuses de l'environnement que cela fait de toi une exception. Il te
manque l'élan à t'extirper de ce que tu nommeras la raison. Cette raison qui
dictée par notre pseudo conscience collective fait le jeu des plus puissants, "merci mon bon maître" comme le chantait Jacques Brel. Mais encore une fois,
difficile de débattre là-dessus tant que le mental est aliéné par la contrainte.
Je te remercie en tout cas. Tu as été une belle leçon de souffrance et de
résignation, on n'a pas le droit de jouer avec les sentiments, bravo ! Là aussi
tu t'en es bien sortie, Un inconnu pour toi ».D'après le Bouddha "Tout est dukkha" - tout est souffrance. Pour soigner la sienne, Didier entreprend une nouvelle déambulation atypique dans quelques villes du Finistère au cœur du mois de Juillet. Il s'assigne comme mission la distribution de quelques 200 tracts sur l'écocide chimique toujours en cours au Viêt-Nam, sujet magistralement traité par André Bouny qu'il a accueilli en mai pour la projection de son documentaire (www.agent-orange-vietnam.org et http://ddlabeillaud.blogspot.fr/2014/07/viet-nam-et-largent-orange-de-monsanto.html). La situation est si épouvantable qu'il faut éviter de tomber dans les abîmes de la compassion et se soustraire à l'élan de pitié que pourraient caractériser nos premières émotions. La foi de Didier réside donc dans un déguisement d'abeille et la joie que peut susciter l'apparition d'un insecte XXL pour faire passer une information qui met en péril la Vie et le Vivant."L'espoir est une trahison. L'histoire est une leçon"" Les tornades passent, le décor est ravagé mais le roseau ne se brise pas"
La suite ici "L'Abeillaud complètement à la rue..."
http://ddlabeillaud.blogspot.com/2014/07/labeillaud-completement-la-rue.html
cliché H Joel |
J’ai besoin de prendre du recul et d’être seule
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